Souffrance mentale des enfants : un enjeu de santé publique

Jeune garçon triste à la fenêtre
Santé mentale des enfants et des jeunes : une question de santé publique 123RF©

Parmi les enfants scolarisés de 6 à 11 ans, 13 % présentent au moins un trouble probable de santé mentale. C’est ce que nous apprend la première enquête nationale sur le sujet, réalisée par Santé publique France.

L’étude Enabee, menée il y a un an, livre des résultats alarmants sur la santé mentale des enfants en France. Peu après la pandémie de Covid-19, ces chiffres mettent en exergue la nécessité de développer un suivi de santé mentale chez les plus jeunes.

Souffrance psychologique des enfants : une réalité

Le chiffre à retenir de l’étude est le suivant : en France, 13 % des enfants de 6 à 11 ans présentent au moins un trouble probable de santé mentale. Certains peuvent en cumuler plusieurs. Des résultats proches de ceux enregistrés chez nos voisins européens.

Si on affine les résultats, on trouve :

  • 5,6 % des enfants présentent un trouble anxieux (anxiété de séparation, anxiété généralisée, phobies spécifiques) ou dépressif.
  • 6,6 % des enfants présentent un « trouble oppositionnel probable » (une humeur particulièrement colérique, un comportement querelleur ou provocateur).
  • 3,2 % présentent un trouble persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité (TDAH) probable.

Filles et garçons : des troubles différents

Il existe des spécificités de genre. Les troubles émotionnels probables sont plus fréquents chez les filles, les troubles du comportement plus fréquents chez les garçons. Pas de différences selon le niveau scolaire et le secteur de l’école (écoles publiques hors réseaux d’éducation prioritaire (REP) et écoles privées versus écoles publiques REP ou REP+).

Besoins criants de moyens

Les premiers résultats de cette enquête font apparaître un besoin criant de prévention, d’accompagnement et de suivi de ces enfants en souffrance psychologique. Le Covid et les confinements ont accentué la détresse des jeunes les plus fragiles. Et en France, on fait face à la pénurie de pédopsychiatres et de psychologues, malgré la mise en place du dispositif Mon Psy (mesure phare des Assises de la santé mentale, en 2021).

Les consultations en centre médico-psychologique sont saturées (il faut entre 6 et 18 mois pour obtenir un rendez-vous). Les services de pédopsychiatrie sont en crise. Sans parler de la situation de la médecine scolaire, de la PMI et de l’ensemble des acteurs du champ médicosocial qui est très altérée et ne permet plus d’assurer les missions de service public d’accueil et de suivi de l’ensemble des enfants et des familles.

L’étude « Enabee » a été menée en métropole du 2 mai au 31 juillet 2022 à l’aide de questionnaires spécifiques auprès de plus de 15 000 enfants. D’autres résultats sont attendus.