Pesticides : du côté du mouvement social, la lutte s’organise

© Sebastien Ortola/REA

Campagnes d’information, interpellation des élus, recours juridiques… les actions menées par les organisations engagées contre les pesticides sont variées. Optimistes sur l’issue de ce combat, les responsables associatifs rappellent le rôle crucial de chaque citoyen dans cette résistance.

A la question de savoir quelle est la meilleure arme pour combattre les produits pesticides, les responsables d’associations répondent de façon unanime : l’information. Tous dénoncent les communications erronées de l’industrie agrochimique, reprises dans les médias, qui minimisent les effets de ces substances.

Secrets toxiques

Près de 80 organisations engagées dans cette lutte se sont ainsi associées dans une coalition, la campagne « Secrets toxiques », dont l’un des objectifs est justement d’informer le public.

« Le point de départ a été le résultat d’une étude menée notamment par le biologiste Gilles-Eric Séralini, qui dénonçait la présence de produits non déclarés dans des bidons de pesticides », explique Andy Battentier, directeur de la campagne. Avant de pouvoir être commercialisés, ces produits sont censés être testés, afin de déterminer s’il y a un risque pour l’environnement et pour la santé.

« Mais ils ne sont pas évalués dans leur entièreté, précise Gilles­ Eric Séralini. Seul le principe actif déclaré est étudié, alors que d’autres molécules sont présentes dans la bouteille et le mélange utilisés par les agriculteurs. Ces substances toxiques échappent totalement aux analyses. » « Comme il s’agit d’un sujet un peu technique, nous avons réalisé un film explicatif. Nous le diffusons partout en France, à l’occasion de projections suivies d’un débat », poursuit Andy Battentier.

Le drame de l’amiante comme précédent

Du côté des mutuelles, le combat s’organise. « En tant qu’acteurs de prévention, il nous paraît essentiel de participer à la dénonciation des ravages des pesticides sur la santé. De la même manière que le mouvement mutualiste s’était activement engagé dans la lutte contre l’amiante, nous avons à cœur de lutter contre cet autre scandale sanitaire », détaille Olivier Foucaut, administrateur délégué à la prévention et à la promotion de la santé de Mutuelle Entrain, qui a participé, avec la Mutuelle Familiale et Mutami, au comité de pilotage du colloque « Amiante et pesticides, drames d’hier et d’aujourd’hui, quelles solutions pour demain ? » organisé au Sénat le 5 février dernier.

Initié par une trentaine de mutuelles, dont la SMH, la 525e Mutuelle ou la Mutuelle de la Corse, ce colloque a rassemblé de nombreuses personnalités du mouvement social. En introduction, Eric Chenut, président de la Mutualité Française a exprimé son ambition de « pousser un certain nombre de réglementations dans le bon sens pour faire en sorte que les lobbys industriels ne gagnent pas ce combat-là ». Cette journée a été suivie de différents relais dans les médias, d’une lettre commune adressée au Premier ministre et de l’annonce d’un nouveau colloque, qui aura lieu prochainement, cette fois-ci à Bruxelles.

50 % DES FRANÇAIS EXPOSÉS AU LINDANE
Exemple de l’ imprégnation durable des pesticides dans l’environnement et dans les organismes, dont ceux des humains, une étude de Santé publique France parue en 2021 établissait que le lindane, un produit pourtant interdit depuis des décennies, était encore quantifié chez près de 50 % de la population.
« Cet insecticide a été utilisé jusque dans les années 1960, explique l’écotoxicologue Eric Vindimian. Son imprégnation dans les sols, l’eau et les sédiments font que la moitié de la population est toujours exposée aujourd’hui. Cela ne veut pas forcément dire que le niveau de concentration est toxique pour notre santé. Mais il n’en reste pas moins que ce produit est toujours présent dans notre organisme… »

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