« La France a les moyens d’éradiquer la grande pauvreté »

Noam Leandri, président du collectif Alerte, qui fédère 34 fédérations et associations nationales de solidarité. ©Magali Delporte

Dans un contexte d’inflation et de crise sociale accrue, Noam Leandri, porte-parole du collectif Alerte, démontre qu’il est possible de sortir les plus précaires de la misère. Mais selon lui, il faudrait pour cela que l’Etat prenne ses responsabilités.

Vous êtes le président d’un collectif réunissant 34 associations. Quel est le but d’Alerte ?

Noam Leandri : Le collectif Alerte, qui réunit désormais une trentaine d’associations comme ATD Quart monde, Médecins du monde ou Emmaüs, est né en 1995. Depuis l’origine, son objectif est de permettre aux nombreuses associations agissant dans le champ des solidarités de pouvoir parler d’une seule voix sur un certain nombre de revendications communes. Et de peser ainsi plus fortement sur les pouvoirs publics. Trente ans plus tard, notre raison d’être reste la même.

De quelle manière agissez-vous concrètement ?

N. L. : Mon rôle, en tant que porte-parole, est d’être en relation directe avec le gouvernement et de donner régulièrement l’alerte sur la réalité de la pauvreté et de l’exclusion en France. Lors des présidentielle, nous avons travaillé à plusieurs propositions très concrètes, réunies dans un plaidoyer que je défends auprès des pouvoirs publics. Par le passé, notre collectif a inspiré un certain nombre de lois sociales, comme le plan pauvreté de 2014 qui a fortement revalorisé les minima sociaux.

Quel est aujourd’hui l’état de la pauvreté en France ?

N. L. : Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (l’Insee), il y a 9 millions de  pauvres en France. Et ce chiffre reste le même depuis vingt ans. Pourtant, à chaque quinquennat, une nouvelle stratégie pour combattre la pauvreté est mise en place. Mais aucune diminution n’a été constatée. Nous observons aussi un triplement du nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire.

Parallèlement, les demandes pour l’hébergement d’urgence explosent. En dix ans, nous sommes passés de 90 000 places à plus de 200 000 actuellement. Désormais, ce sont les associations qui prennent toutes ces personnes en charge. L’action des pouvoirs publics fait défaut. Pourtant, l’Etat a le devoir de faire respecter leurs droits fondamentaux, afin qu’elles puissent se nourrir, se loger, se soigner. Ces droits sont garantis dans notre Constitution.

Que pensez-vous du « plan pauvreté » présenté par la Première ministre fin septembre ?

N. L. : En 2018, Emmanuel Macron avait pris l’engagement « d’éradiquer la grande pauvreté à l’échelle d’une génération ». Mais le dernier Pacte des solidarités ne présente pas de stratégie pour y parvenir. Le gouvernement maintient sa stratégie de 2018 et pérennise les dispositifs existants. Cependant, on le voit, les mesures présentées visent uniquement à gérer l’urgence. En réalité, il n’y a aucune réponse structurelle pour diminuer le nombre de personnes souffrant de pauvreté.

Quelles solutions préconisez-vous ?

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