Gagner la bataille des idées et lutter contre la déshumanisation

Il faut aussi parfois se battre contre des raccourcis idéologiques comme ceux qui veulent créer une opposition entre migrants et précaires. ©123 RF
Il faut aussi parfois se battre contre des raccourcis idéologiques comme ceux qui veulent créer une opposition entre migrants et précaires. ©123 RF

Lors du congrès de la Fédération des Mutuelles de France fin septembre à Marseille, les mutualistes se sont interrogés sur la nécessité de renouer des liens avec l’ensemble des acteurs du mouvement social. Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de la Cimade, a appelé à un réveil collectif.

Le mouvement mutualiste fait pleinement partie du mouvement social, c’est l’un des thèmes qui est le plus souvent revenu pendant le congrès de la Fédération des Mutuelles de France (FMF). Mais le constat a également été fait d’une nécessaire union entre tous les acteurs de ce mouvement, et du rôle que doivent tenir les mutualistes dans cette perspective.

Pour évoquer les pistes afin d’y parvenir, un atelier intitulé « Retisser les liens avec le mouvement social » s’est déroulé le 27 septembre, lors du congrès. Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de la Cimade, en était l’invitée, et une centaine de congressistes ont assisté à l’échange. « Il y a un enjeu de déshumanisation, et nous devons nous réveiller collectivement pour y faire face. »

Un combat qui résonne avec vos luttes et avec l’histoire du mouvement mutualiste 

Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de la Cimade

La jeune femme, qui fut députée socialiste de Paris entre 2012 et 2016 (elle est désormais membre de Génération.s), a également un parcours marqué par son engagement dans le mutualisme étudiant. Elle a ouvert son intervention en présentant les actions de la Cimade, qui lutte contre les préjugés envers les personnes migrantes et pour l’inconditionnalité de leurs droits. Un combat qui « résonne avec vos luttes et avec l’histoire du mouvement mutualiste », soulignait-elle.

Nécessaire réveil collectif

Les positions de la Cimade ne sont pas majoritaires dans la société, relevait-elle également avec lucidité. Au contraire, sur des questions de santé, telles que l’accès à l’aide médicale pour les migrants, l’hostilité à cette mesure, autrefois cantonnée à l’extrême droite, est désormais revendiquée par des politiques de tous bords, et elle trouve écho dans l’opinion publique. « Il y a un enjeu de déshumanisation, et nous devons nous réveiller collectivement pour y faire face », insistait-elle. 

Dans l’auditoire, la conscience de ce nécessaire réveil collectif était partagée. Avec en ligne de mire, l’objectif de gagner la bataille des idées. « On parle d’une seule et même cause : la défense de l’être humain et de sa dignité », lançait une intervenante dans la salle. « Il y a plusieurs façons de prendre part au mouvement social, poursuivait en écho un autre intervenant. L’important c’est comment on travaille pour sortir de l’entre-soi et aller vers les autres. » Des initiatives existent déjà, un adhérent de Solimut rappelait par exemple que sur le terrain de l’accès aux droits, la mutuelle travaille avec le Secours Populaire.

Se battre contre les raccourcis idéologiques

Mais il reste à faire pour avancer plus rapidement et aller encore plus loin. Il faut aussi parfois se battre contre des raccourcis idéologiques qui veulent créer une opposition entre migrants et précaires. La mobilisation commune contre la résurgence des mouvements d’extrême droite est en ce sens indispensable. La rencontre entre les différents acteurs de terrain l’est également.

Trouver le territoire propice pour la rencontre est aussi un enjeu. L’échelle du département est peut-être celle qui convient, ont noté des intervenants, citant des exemples de cohésions déjà à l’œuvre entre syndicats, mutualistes et associations. « Il faut qu’on ose dépasser nos limites, qu’on prenne des initiatives. Cet atelier nous permet de bouger, de rassembler encore plus large et de gagner ! », concluait une intervenante avec enthousiasme.