Immigration : les Mutuelles de France demandent au président de ne pas promulguer la loi

Manifestation mutuelles de France @DR
Dans une tribune publiée le 7 janvier dans L’Humanité et Médiapart, deux cent une personnalités de tous bord appellent à manifester, le 21 janvier, contre la promulgation de la loi « immigration », dénonçant un « tournant dangereux de notre République ». @DR

Les militants mutualistes se mobilisent contre la loi immigration. Ils se joignent à « L’appel des 201 », et marcheront le dimanche 21 janvier pour porter haut les valeurs de la République.

La Fédération des Mutuelles de France (FMF) appelle les militantes et les militants à marcher le dimanche 21 janvier pour demander au président de la République de ne pas promulguer la loi immigration, « inutile et dangereuse », « dictée par les marchands de haine ».

L’ensemble des dispositions de ce texte honteux constituera une véritable usine à précarité à la fois économique et administrative. 

Les Mutuelles de France

La loi immigration, une loi contre les valeurs de la République

Elle a été votée par le Parlement le 19 décembre dernier, mais elle « contrevient à tous les principes qui fondent notre République et les droits fondamentaux de chacune et chacun, forgés par plus de deux siècles de luttes politiques et sociales », clament haut et fort les 201 signataires de tous bords et les militants mutualistes. « Elle ne répond à aucun besoin et ne fait que flatter les obsessions idéologiques de la droite et de l’extrême droite ».

Suspicion à l’égard des étrangers

Les militants mutualistes, comme les personnalités signataires de l’appel, jugent ce texte « honteux », et estiment qu’il constituera « une véritable usine à précarité à la fois économique et administrative ». Selon les Mutuelles de France, en jetant une suspicion généralisée sur les étrangers, « cette loi fera, assurément, l’inverse de ce que proclame son titre : “améliorer l’intégration”. Elle n’apporte aucun droit nouveau pour qui que ce soit et peut être vue comme un “ballon d’essai” : le recul des droits des étrangers précède toujours le recul des droits pour tous. »

TRIBUNE DE L’APPEL DES 201
Marchons pour la Liberté, l’égalité, la fraternité

Dans notre diversité d’idées, d’engagements, de professions, nous exprimons notre grande inquiétude après le vote de la loi dite « asile-immigration ». C’est un tournant dangereux dans l’histoire de notre République.
D’abord parce que cette loi ne répond pas aux causes de l’exil forcé d’hommes, de femmes, d’enfants fuyant les guerres ou le réchauffement climatique, ni aux défis de l’accueil dans la dignité, ni au défi de la définition d’une politique digne et humaine d’intégration.
Ensuite, parce qu’elle a été rédigée sous la dictée des marchands de haine qui rêvent d’imposer à la France leur projet de « préférence nationale ». Elle torpille les piliers porteurs de notre pacte républicain, hérité du Conseil national de la Résistance. Elle s’attaque ainsi au droit du sol autant qu’aux droits fondamentaux proclamés par la Constitution : au travail, à l’éducation, au logement, à la santé… Ce faisant, tous et toutes, Français autant qu’étrangers, nous nous trouvons menacés.
Victor Hugo écrivait : « Étouffez toutes les haines, éloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez invincibles. »
Soucieux de rassemblement et de solidarité plutôt que de division sans fin de notre société, nous demandons au Président de la République de ne pas promulguer cette loi. Le dimanche 21 janvier, nous appelons à manifester dans notre diversité notre attachement à la devise de la République : « Liberté, égalité, fraternité. »
La liste des signataires ici.

Loi immigration : les étapes
Le projet de loi avait été présenté au Conseil des ministres du 1er février 2023 par Gérald Darmanin, ministre de intérieur, par Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, et par Olivier Dussopt, ministre du Travail, du plein emploi et de l’Insertion. Il avait été adopté en première lecture, avec modifications, par le Sénat le 14 novembre 2023. Le 11 décembre 2023, l’Assemblée nationale l’avait rejeté en première lecture, après adoption d’une motion de rejet préalable du groupe écologiste. Le Sénat puis l’Assemblée nationale avaient définitivement voté le texte le 19 décembre, après accord trouvé en commission mixte paritaire le même jour.