« Préparons-nous aux changements du secteur ferroviaire » 

Changement secteur ferroviaire mutuelle
« Des discussions sont engagées par la direction de la SNCF avec les partenaires sociaux autour de la protection sociale des cheminots », précise Olivier Techec, président de Mutuelle Entrain. © Getty Images

Le système de protection sociale de la SNCF est en cours de mutation. Olivier Techec, président de Mutuelle Entrain, nous explique que la mutuelle doit être prête à répondre aux nouvelles exigences issues des discussions entre les partenaires sociaux et la direction de l’entreprise.

Comme toutes les mutuelles, Mutuelle Entrain fait partie de l’économie sociale. C’est à ce titre que vous choisissez vos partenaires financiers parmi les coopératives, elles aussi actrices de l’économie sociale ?  

Olivier Techec : Tout d’abord, sur un plan économique, la mutuelle remplit les obligations exigées par notre tutelle, que ce soit en matière de solvabilité, grâce à un niveau de réserve suffisant, ou encore de par sa politique de placement, qui limite les risques induits par les fluctuations boursières constatées ces dernières années. Le conseil d’administration a toujours choisi de répondre à l’obligation de diversifier nos réserves via des options prudentes, en privilégiant le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS, NDLR) chaque fois que possible.

Certaines entreprises de ce secteur nous sollicitent à travers la prise de titres participatifs qu’elles ont l’obligation de nous rembourser, à court ou moyen terme. Et de rémunérer, en contrepartie, à des niveaux souvent plus attractifs que ceux proposés par les banques. C’est donc avec des acteurs de l’ESS comme Scop-TI, des réseaux de soins mutualistes en optique, dentaire, audio et médecine pluridisciplinaire, ou encore avec la coopérative Railcoop, que ces placements ont été faits. Il ne s’agit pas de financements. Mais bien de placements rémunérés, qui, à terme, seront repris par Mutuelle Entrain

Olivier Techec, président de Mutuelle Entrain, rappelle que les organisations syndicales « n’ont pas réussi à stopper la charge du président Macron » sur le régime spécial des cheminots. Ce qui s’est traduit par la fin de l’embauche à statut.

©  Cyril Entzmann/Divergence

Vous avez décidé d’ouvrir votre mutuelle à de nouveaux acteurs ferroviaires. Pourquoi ? 

O. T. : Parce que, sur un plan plus stratégique, la situation reste toujours aussi complexe. Les organisations syndicales n’ont pas réussi à stopper la charge du président Macron sur le régime spécial des cheminots. Ce qui s’est traduit par la fin de l’embauche à statut. De fait, toutes les nouvelles arrivées bénéficient du contrat collectif obligatoire que ces mêmes partenaires sociaux ont choisi de confier en gestion à Malakoff Médéric plutôt qu’au mouvement mutualiste cheminot. La mutuelle déplore ces états de fait. Il n’en demeure pas moins qu’ils s’imposent à nous. C’est ce principe de réalité qui nous amène aujourd’hui à travailler avec les nouveaux acteurs ferroviaires qui deviennent incontournables. 

Certains, comme Railcoop, choisissent de ne pas s’engager dans la délégation de service public. Ils préfèrent investir les lignes délaissées par l’Etat et l’entreprise SNCF. Mais d’autres entrent sur le champ de la concurrence par la grande porte. C’est le cas en région Sud avec Transdev, qui a remporté le marché TER entre Nice et Marseille. Cela se traduit par de possibles transferts de personnels. Et par des salariés amenés à changer d’employeur et donc de complémentaire santé. D’autres régions souhaitent rediscuter au plus vite leurs conventions TER. Elles assument, pour la plupart, leur souhait de diversifier les opérateurs en faisant entrer des entreprises concurrentes à la SNCF. 

Quel est l’avenir de la protection sociale des cheminots ? 

O. T. : Des discussions sont engagées par la direction de la SNCF avec les partenaires sociaux autour de la protection sociale des cheminots. Après que des négociations se sont tenues au niveau de la branche ferroviaire, la SNCF entame désormais une réflexion en son sein. Avec l’intention de discuter du niveau de protection sociale susceptible d’être proposé à l’ensemble des salariés de l’entreprise. 

Nous ne savons pas sur quoi ces échanges menés avec les organisations syndicales vont aboutir. Mais il est certain que la mutuelle doit se préparer à toute éventualité. C’est allé très vite chez les fonctionnaires, avec la mise en place d’une solution collective obligatoire au caractère solidaire très marqué, soutenue par l’unanimité des organisations syndicales. Et c’est maintenant aux acteurs mutualistes du secteur de répondre aux exigences. Celles-ci ne manqueront pas de figurer dans le cahier des charges de l’appel d’offres à venir. Nous avons souhaité vérifier si ce principe de réalité, qui s’impose à Mutuelle Entrain, était partagé par d’autres acteurs mutualistes cheminots. Nous travaillons en ce sens. 

Il faut nous préparer ensemble aux changements à venir dans le secteur du transport ferroviaire. Si nous sommes tous attachés au système de protection sociale proposé par la SNCF, nous actons qu’il est en cours de mutation et que nous devons être prêts à répondre aux nouvelles exigences issues des échanges entre les partenaires sociaux, les organisations syndicales et la direction de la SNCF (ou la branche ferroviaire concernée selon le périmètre évoqué). 

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOIS FILLON