La députée et l’eurodéputée écologistes Laurence Abeille et Michèle Rivasi ont organisé pour la première fois à l’Assemblée nationale un colloque sur les impacts sanitaires des ondes électromagnétiques. Un appel y a été présenté à l’initiative de parlementaires et de médecins, afin que le ministère de la Santé reconnaisse enfin cette maladie.
Face au déploiement actuel des objets connectés, les expérimentations de la 5 G pour le téléphone mobile et la présence toujours plus importante de la wifi dans les lieux publics, nous sommes plus que jamais entourés d’un « brouillard d’ondes ». Parallèlement, le nombres de spersonnes victimes d’électro-hypersensibilité ne cesse de croître. Ces ondes pourraient aussi être responsables de la montée des cas d’autisme, de maladie d’Alzheimer et d’Avc chez les moins de vingt ans.
Pour Michèle Rivasi, députée européenne : « Le ministère de la Santé ne peut plus nier ce problème majeur de santé publique ; c’est un scandale sanitaire similaire à celui de l’amiante ou du tabac qui est en train de se produire mais la différence, c’est que nous sommes tous exposés aux ondes, donc notre santé à tous est affectée de façon plus ou moins grave par les ondes… Pour certains, la goutte de trop a déjà eu lieu. Le phénomène de l’électro-hypersensibilité (Ehs) est grandissant et doit être reconnu. »
L’Ehs, qui est concerné ?
Si nous sommes tous sensibles aux ondes magnétiques, les personnes Ehs, sont des personnes qui ont développé un syndrome d’intolérance aux champs magnétiques. On estime aujourd’hui à 5 % en Europe les personnes qui en sont victimes. 2 malades sur 3 seraient des femmes d’un âge moyen de 47 ans.
Quel processus ?
Selon Pierre Le Ruz, docteur en physiologie, l’hypothalamus en contact avec des champs magnétiques polarisés reçoit une stimulation qui signale un danger. Celui-ci subit un stress et déclenche un état d’alerte. Par des magnéto-récepteurs, le cerveau est informé qu’il se passe quelque chose d’anormal dans l’environnement. L’hypothalamus réagit par une réponse neuro-endocrino-immunitaire en sécrétant un certain nombre d’hormones d’alarme — la sérotononine, la mélatonine —, en multipliant des leucocytes face aux agresseurs…
En fonction de la génétique propre à chacun, chez la plupart des personnes, l’organisme se défend dans un premier temps contre cette agression, puis s’adapte. Pour d’autres, en revanche, l’adaptation biologique n’est pas possible, l’organisme s’épuise en tentant de résister et le syndrome d’intolérance au champ électromagnétique apparaît. L’Ehs est donc une maladie de l’adaption à l’environnement.
D’où viennent les ondes électromagnétiques ?
– Des antennes-relais
– De l’utilisation des téléphones portables et sans fil
– Des micro-ondes
– De grandes craintes pèsent sur les nouveaux compteurs électriques connectés Linky mis en place par ERDF
Ehs, quels symptômes ?
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Douleur et chaleur dans l’oreille à l’utilisation d’un téléphone
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Troubles visuels, vision floue
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Vertiges, malaises
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Lésions cutanées avec sensation de brûlures
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Troubles musculaires et articulaires
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Troubles cognitifs
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Insomnie, fatigue chronique et éventuellement tendance dépressive.
Les conséquences ?
Pour certaines personnes, elles peuvent être dramatiques humainement et socialement :
– Obligation de quitter son emploi, de déménager
Comment se protéger ?
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Eteindre son téléphone portable et sa wifi lorsqu’on ne les utilise pas
- Limiter leur utilisation pour les enfants et les femmes enceintes
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Limiter ses conversations téléphoniques à deux ou trois minutes
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Utiliser des oreillettes
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Utiliser des rideaux occultants. Les ondes pénètrent par les fenêtres.
Esh, Msc même combat
Les scientifiques se sont rendu compte que les personnes atteintes d’Ehs étaient aussi victimes d’une autre pathologie, l’hypersensibilité chimique, le Mcs (Multiple Chimical Sensitivity). Il s’agit d’une maladie caractérisée par une sensibilité exacerbée aux produits chimiques. Elle apparaît suite à une exposition à des produits courants tels que les pesticides, les produits d’entretien, les matériaux de construction, les moquettes, les peintures, les désodorisants, l’essence, les cosmétiques, ainsi qu’un ensemble très diversifié de composants chimiques présents dans notre environnement.
Pour Dominique Belpomme, professeur de cancérologie à l’université Paris-Descartes, ces nouvelles maladies touchent le système limbique et le thalamus, le centre des émotions, de la mémoire et du sommeil et représentent un véritable drame en matière de santé publique.
Cette maladie est-elle reconnue ?
Le Mcs est reconnu par l’Organisation mondiale de la santé (Oms). En 2009, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, reconnaissait l’existence des Ehs, tous en restant très vague sur les causes. Aujourd’hui l’Ehs peut parfois être reconnu comme handicap et permet de toucher l’Aah. Ainsi, fin août dernier, un tribunal a reconnu un handicap à 85 % à une femme souffrant d’electro-hypersensibilité. Mais beaucoup reste à faire pour sa reconnaissance, en particulier en raison de la méconnaissance de la pathologie par un grand nombre de médecins.
Lancement d’un appel
Lors du colloque, les députés, avec 50 médecins et professionnels de santé démunis face à la montée du nombre de malades, ont lancé un appel. Ils demandent la reconnaissance de l’électro-hypersensibilité comme handicap, d’abaisser l’exposition générale de la population pour prévenir de nouvelles maladies liées aux ondes et en particulier chez les enfants, réduire leur exposition à la wifi et aux tablettes dans les établissements scolaires, et créer des zones blanches (territoires sans ondes) pour que les malades puissent souffler et bénéficier d’un sevrage électromagnétique complet.
André Vander Vorst, docteur en sciences appliquées, en témoigne : « En Belgique, la loi ne permet pas de wifi publics générant plus de 3 volts par mètre. En Francec la loi permet d’aller jusqu’à 82 volts par mètres, près de trente fois plus. »