Mediator : Servier reconnu coupable sur toute la ligne

Le laboratoire Servier a été condamné en appel à rembourser plus de 415 millions aux organismes de Sécurité sociale et aux mutuelles. ©REA

Dans l’affaire du Mediator, cet antidiabétique utilisé comme coupe-faim, le laboratoire pharmaceutique Servier a été reconnu coupable de tous les délits qui lui étaient reprochés, y compris celui d’escroquerie pour lequel il avait été relaxé en première instance.

En conclusion d’un procès en appel qui a duré six mois, le groupe pharmaceutique a été condamné, mercredi 20 décembre, à verser plus de 415 millions d’euros aux organismes de sécurité sociale et aux mutuelles et une amende de plus de 9 millions d’euros. Un soulagement et une victoire pour les 7 600 victimes, après plus de dix-sept années de bataille.

De son côté, le groupe pharmaceutique fait savoir qu’il conteste ce jugement et se pourvoit en cassation.

Le Mediator, c’est 145 millions de boîtes vendues entre 1976 et 2009

Agence nationale du médicament

Un coupe-faim accusé d’avoir créé de graves lésions cardiovasculaires

Le Mediator (benfluorex), commercialisé en 1976 par les laboratoires Servier est à l’origine, un antidiabétique. Utilisé à tort comme coupe-faim, il est tenu pour responsable de graves lésions cardiovasculaires chez des milliers de patients et de centaines de décès. Le Mediator, c’est 145 millions de boîtes vendues entre 1976 et 2009, selon l’Agence nationale du médicament. Il a été interdit et retiré du marché en 2009.

L’un des plus grands scandales sanitaires

C’est Irène Frachon, pneumologue et lanceuse d’alerte dans cette affaire qui avait révélé ce qui allait devenir l’un des plus grands scandales sanitaires de ces dernières années. Elle s’est battue au côté des victimes pendant 17 ans pour faire reconnaître leurs droits. Ce fut un parcours douloureux pour les plaignants dont certains n’ont pu continuer leur combat jusqu’au bout. Mais, cette fois, la justice a tranché.

« Du fait de ces nombreuses dissimulations, les responsables de la commercialisation du Mediator ont obtenu son inscription comme médicament du métabolisme et obtenu, en fraude, des conditions de remboursement propre à cette catégorie de médicament, puis des remboursements effectifs sur cette base jusqu’en 2009, caractérisant ainsi des manœuvres frauduleuses constitutives d’une escroquerie commise au préjudice des organismes de sécurité sociale », a déclaré la cour d’appel dans sa décision.

Environ 5 000 autres dossiers pour homicides ou blessures involontaires sont en attente d’instruction au parquet de Paris. Ce qui devrait aboutir à un second procès dans les prochaines années.