L’état psychologique des Français se dégrade. En effet, avec 23,4 milliards d’euros, la santé mentale représente le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie. A quelques semaines de l’élection présidentielle, la santé mentale était l’un des enjeux majeurs d’un colloque proposé par la Croix-Rouge. Organisées le 10 mars 2022, ces rencontres avaient comme thème la préparation de la population aux crises et aux catastrophes.
« En 2021, un tiers des personnes interrogées dans une enquête de santé publique France ont pu présenter un état anxieux. La question du bien-être psychologique est un enjeu majeur pour notre société. » Lors des rencontres dédiées à la préparation de la population aux crises et aux catastrophes organisées par la Croix-Rouge, son directeur général insistait sur la dégradation de l’état psychique des Français. Experts internationaux et acteurs de terrain étaient réunis pour participer à ce colloque, le 10 mars 2022. Devant eux, Jean-Christophe Combe a exhorté les pouvoirs publics à aller plus loin dans la prise en charge de ce problème. En effet, l’association humanitaire préconise le déploiement d’un plan quinquennal pour la santé mentale et le bien-être psychologique.
Une priorité nationale
Pour le président de la Croix-Rouge, Philippe Da Costa, l’urgence est de développer une politique de prévention et de recherche dans ce domaine. « Ce devrait être une priorité nationale ». En effet, selon un récent sondage Ifop/Aesio, près de 75 % des personnes interrogées considèrent que le bien-être mental est un enjeu majeur. Car chaque année, un Français sur cinq est confronté à un trouble psychique. Près de 9 000 suicides se produisent annuellement, et 200 000 tentatives sont commises…
Des inégalités révélées
Avec 23,4 milliards d’euros, la santé mentale est le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie. La pandémie aura révélé l’ampleur des difficultés psychiques et psychologiques des Français. Selon la directrice déléguée de la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM), Marguerite Cazeneuve, « la crise sanitaire a mis en lumière des inégalités en santé, qui sont aussi vraies pour la santé mentale ».
Mettre fin au tabou
Pour le président de la Croix-Rouge, rompre avec le tabou qui entoure ces affections s’avère primordial. Selon l’enquête réalisée par l’Ifop, 78 % des sondés estiment que les personnes en souffrance psychique sont stigmatisées. Libérer la parole est l’un des enjeux cruciaux de ce problème de santé publique. A cet effet, une campagne de sensibilisation a été lancée au plus fort de la crise du Covid. Avec ce slogan : « En parler, c’est déjà se soigner ». Santé publique France et le ministère des Solidarités sont à l’origine de cette communication.
La directrice déléguée santé de la Fédération nationale de la Mutualité Française (FNMF) était également présente lors de ces échanges. Laure-Marie Issanchou a notamment rappelé les préconisations de la FNMF sur le développement d’une « culture de santé mentale ». Pour lutter contre l’interdit encore majoritaire autour de cette problématique sanitaire.
L’engagement mutualiste sur les questions de santé mentale
Des lieux d’échanges et de prévention sont aujourd’hui possibles. Et les relations de proximité nouées entre les mutuelles et leurs adhérents permettent notamment d’évoquer ces sujets de santé mentale. Laure-Marie Issanchou a ainsi témoigné de l’engagement mutualiste sur ces questions. Et de l’importance des actions de prévention menées par ses acteurs. Pour elle, il est également essentiel de favoriser les synergies entre toutes les parties impliquées. L’Assurance maladie, les pouvoirs publics, les collectivités locales doivent dialoguer avec les personnes concernées. « L’enjeu est aussi de travailler sur le développement des compétences psychosociales. En formant plus de professionnels. »
Manon Gauthier-Faure