« La responsabilité morale d’accueillir, ou non, les personnes vulnérables repose sur les associations », déplore Daniel Goldberg, président de l’Uniopss

Daniel Goldberg, président de l’Uniopss. © Françoise Stijepovic
Daniel Goldberg, président de l’Uniopss. © Françoise Stijepovic

[ILS L’ONT DIT] Organisme de représentation des associations sanitaires et sociales, l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux) est dirigé par Daniel Goldberg. A l’occasion d’une conférence de presse le 21 septembre 2023, ce dernier est revenu sur les difficultés pesant sur ce secteur associatif non lucratif des solidarités et de la santé. Et en premier lieu sur l’obligation, pour les responsables associatifs, de devoir faire des choix dans l’accueil des personnes vulnérables.

« Le secteur associatif est en difficulté parce que nous subissons l’inflation, la concurrence non régulée avec des acteurs lucratifs, mais aussi le manque de moyens et la pénurie de professionnels…

Ethiquement, c’est très compliqué. Tous les acteurs de terrain, quel que soit le champ des solidarités et de la santé, doivent aujourd’hui choisir. Choisir d’accueillir ou de ne pas accueillir. De mal accueillir ou de bien accueillir. Aujourd’hui, ce sont les responsables des associations et les professionnels de ces associations qui sont en butte à ces difficultés budgétaires et à cette responsabilité morale. Beaucoup plus que les décideurs publics.

Fiers de prendre soin

En tant qu’union d’associations, nous voulons affirmer, au nom du secteur associatif non lucratif des solidarités et de la santé, que nous sommes fiers de prendre soin. Et nous revendiquons cette fierté car, en agissant auprès des personnes les plus vulnérables, nous avons le sentiment d’agir pour l’ensemble de la société.

Parce que nous serons tous vulnérables à un moment donné de notre vie. Et que cette question de vulnérabilité, provisoire où pérenne, c’est notre condition humaine qui la veut.

Aujourd’hui, nous voulons mettre en avant trois grandes priorités.

  • Les besoins des personnes accueillies et accompagnées, et de toutes celles qui devraient l’être.
  • Les nécessaires revalorisation, reconnaissance et amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels. Avec des taux d’encadrement décents leur permettant véritablement de pouvoir prendre soin.
  • Et la reconnaissance de l’existence de notre secteur non lucratif des solidarités avec une régulation par les pouvoirs publics.

Rapprocher les droits théoriques et effectifs

Car la situation des personnes, des professionnels et du secteur associatif sont intimement liées. Tous relèvent du droit effectif des personnes. Mais il existe une différence entre les droits théoriques proclamés, édités dans des schémas départementaux, nationaux avec plein de bonne volonté de la part de l’ensemble des acteurs. Et, de l’autre côté, des droits effectifs vécus sur le terrain par les personnes, par leurs aidants, par leurs proches…

Evidemment pour celles et ceux qui n’ont pas de réseau, pas de moyens financiers conséquents, qui vivent dans des quartiers où l’offre de services sociaux, médico-sociaux et sanitaires n’est pas suffisante, la question se pose de la validité de ces droits. Et cette question-là est aujourd’hui au cœur des tensions de la société française. »