Quand la santé devient un concept global

Quand la santé devient un concept global © 123 RF
La santé environnementale est une question centrale pour les années à venir. © 123 RF

Les explications éclairantes de Thierry Caquet, directeur scientifique environnement à l’Inrae, sur le concept de santé globale ont passionné les participants d’un des ateliers menés lors du congrès des Mutuelles de France, qui s’est tenu fin septembre à Marseille.

Quel est l’impact de l’environnement sur notre santé ? Comment est-ce mesurable ? Le dérèglement climatique, la pollution de l’air, des mers, des rivières, les produits toxiques dans l’alimentation ou dans l’agriculture, quel rôle ces éléments ont-ils sur la santé humaine ? Toutes ces questions pourraient se résumer en une seule : peut-on être en bonne santé sur une planète malade ? Pour en débattre, Thierry Caquet, directeur scientifique environnement à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’anvironnement (Inrae), était présent, le 27 septembre à Marseille, au congrès de la Fédération des Mutuelles de France (FMF).

En ouverture de l’atelier dont il était l’invité, Ludivine Maudet et Camille Court, tous deux administrateurs de la FMF, ont reconnu un certain retard des mutuelles sur le thème de l’écologie. Non pas qu’elles s’en désintéressent : les mutuelles y ont au contraire toujours été attentives. Mais dans une société rattrapée par cette question, devenue l’enjeu crucial du siècle, la réalité est aussi qu’il faut désormais agir à la mesure de l’urgence.

Prise de conscience du terrain

Et cette prise de conscience vient du terrain, des salariés des mutuelles, qui ont insisté pour que ce thème de l’environnement soit au programme des ateliers du congrès. Il s’agit même d’en faire une question centrale pour les années à venir. En ce sens, l’intervention de Thierry Caquet a fourni un support précieux. Pendant une trentaine de minutes, le chercheur a livré une mini-conférence, très précise et très accessible.

« La santé se construit, a-t-il posé en préambule. Elle dépend du genre, du milieu social, du travail, et des conditions environnementales d’un individu. » Ce qui implique que l’ensemble des expositions subies par une personne, depuis le stade d’embryon, a des conséquences sur son état de santé à l’instant T. Cela revient à considérer qu’il n’y a en fait qu’une seule santé, une santé globale. Ce principe a été défini en 2021 par un groupe d’experts pour l’approche « Une seule santé » (« One Health » en anglais), qui « reconnaît que la santé des humains, des animaux domestiques et sauvages, des plantes et de l’environnement en général, est étroitement liée et interdépendante. »

Encourager la consommation locale

Cette santé globale est celle que nous devons préserver, en ayant un comportement constamment conscient. En veillant à réduire nos déchets, en étant attentifs aux emballages que nous utilisons, en prenant soin de notre alimentation et en restant vigilants sur nos conditions de production. Quel peut alors être le rôle des mutuelles dans ce chantier ? Encourager la consommation locale, par exemple, comme c’est déjà le cas avec les offres de paniers bios.

Mais le message doit passer auprès de tous. « Souvent, notre difficulté est d’argumenter, notait une intervenante. Un tel atelier nous donne les bases scientifiques pour faire de la prévention. » Cependant, mener des actions de prévention ne sera pas suffisant si ce n’est qu’un simple accompagnement. « Il faut s’attaquer aux causes, et dénoncer les effets d’un produit », lançait un participant, en évoquant le glyphosate ou les pesticides, et en faisant le parallèle avec l’amiante : « Est-ce qu’il faudra attendre 90 ans pour supprimer ces poisons ? » La conscience de l’urgence est bien là. Désormais, il faut agir.