AUX ORIGINES DE L’ENGAGEMENT – Les militants mutualistes témoignent

AUX ORIGINES DE L'ENGAGEMENT - Les militants mutualistes témoignent © Getty Images / ISTOCKPHOTO
AUX ORIGINES DE L'ENGAGEMENT - Les militants mutualistes témoignent © Getty Images / ISTOCKPHOTO

Pourquoi a-t-on un jour envie de s’engager ? Pour quelles causes ? A travers quelles actions ? La rédaction deViva est allée poser la question aux militants mutualistes. Au sein du plus ancien mouvement social français, ils combattent quotidiennement pour l’accès aux soins et le droit à la santé pour tous. Pierre, Argentine, Annaël, Martine et Michel ont bien voulu nous raconter leur histoire.

Ils sont âgés de 29 à 70 ans et viennent de toute la France. L’origine de leur engagement est à chaque fois différente, mais tous sont animés par la même conviction. Eric Chenut, président de la Fédération nationale de la Mutualité Française (FNMF), a également tenu à apporter son témoignage en marge du congrès de son mouvement qui se tient du 7 au 9 septembre à Marseille. Un événement dont le thème est justement celui de l’engagement. L’intégralité de ces entretiens est à écouter en podcasts.

Eric Chenut, président de la Mutualité Française © FNMF/H. THOUROUDE

« Acteurs du mouvement social, les militants mutualistes ont la capacité d’agir concrètement sur leur environnement », Eric Chenut, président de la Mutualité Française

Pour évoquer son parcours et les rencontres qui l’ont amené à s’engager, au moment de ses études, il nous a reçus au siège parisien de la Mutualité Française. En marge du congrès de son mouvement qui se tient du 7 au 9 septembre 2022 à Marseille. Un événement dont le thème est justement celui de l’engagement.

Pourriez-vous nous rappeler les fondements du mouvement mutualiste ?

Eric Chenut : La mutualité ce n’est pas juste un guichet payeur… C’est une idée. Celle de ne jamais être contraint, en cas d’accident de la vie ou de pépin de santé, à devoir renoncer à son projet de vie personnel ou familial. Parmi les moyens mis en œuvre, les centres de santé mutualistes apportent par exemple des réponses utiles et concrètes.

Qu’est-ce qu’être militant mutualiste ?

Eric Chenut : Pour moi, être militant mutualiste, c’est avoir la capacité d’agir concrètement sur la santé, sur son environnement personnel, professionnel, familial… C’est une intention vis-à-vis des autres. Et la possibilité de faire ensemble, en premier lieu à l’échelle locale. Notamment pour faire connaître tous les services de soins et d’accompagnements mutualistes qui existent dans ce secteur, et pouvoir ainsi orienter vers ces dispositifs ceux qui en ont besoin.

De quelle manière le mouvement existe-t-il au sein de la société ?

Eric Chenut : Nous sommes acteurs du mouvement social. Nous interagissons avec les militants, les élus ou les salariés. Aujourd’hui, alors que la société s’avère particulièrement fracturée et fragmentée, il est essentiel de montrer que le mutualisme représente une solution.

Quelles sont les raisons, les motivations, qui amènent les militants à s’engager ?

Eric Chenut : Je crois que chaque militant a sa propre motivation. L’entrée en mutualité se fait d’ailleurs souvent par capillarité. Il s’agit rarement d’un militantisme premier. Ce sont généralement des gens qui avaient déjà un engagement syndical, associatif, politique… J’ai moi-même d’abord été un étudiant syndiqué avant de m’engager en mutualité.

Comment avez-vous découvert le mutualisme ?

Eric Chenut : Un peu par hasard, à l’occasion de mes études, lors d’une action de prévention sur le sida qui était organisée par des mutualistes. J’ai donné un coup de main sur une autre opération de prévention, puis une autre encore… Les hommes et les femmes que j’ai rencontrés à ce moment-là m’ont donné envie de m’intéresser à la chose publique et m’ont fait grandir. Très rapidement, le mutualisme est devenu mon engagement principal, tout simplement parce que j’avais la sensation de m’y réaliser et d’être vraiment en capacité d’agir. Et le bonheur de faire aboutir un combat est bien plus grand lorsque l’on a lutté collectivement.


« J’ai découvert un autre rapport de force », Pierre, 32 ans, militant mutualiste

Dans le cadre de notre série de podcasts sur les origines de l’engagement, nous sommes partis à la rencontre de militants mutualistes. Voici le portrait sonore de Pierre. Pour décrire son engagement, le jeune homme de 32 ans nous a donné rendez-vous au cœur d’une cité ouvrière à Bourg-en-Bresse, dans l’Ain.

Au milieu des immeubles alignés et des jardins partagés se trouve un terrain de boules lyonnaises où viennent jouer les anciens cheminots et ouvriers retraités, tous encore militants mutualistes. Pierre vient régulièrement échanger avec eux.

Continuer à faire vivre le passé ouvrier de la mutualité

« Dans de nombreux territoires, comme ici dans l’Ain, l’histoire ouvrière est intimement liée à celle de la mutualité. Beaucoup de mutuelles ont été créées par des ouvriers, pour des ouvriers, parce qu’ils ne pouvaient pas survivre sans ce complément à la Sécurité sociale.

Je suis particulièrement attaché à ce passé du fait de mon histoire familiale. Mes deux grands-mères étaient en effet ouvrières, et elles me gardaient très souvent lorsque j’étais petit. C’est donc une fierté pour moi de continuer à faire vivre cette histoire ouvrière, empreinte de force et de dignité. Grâce aux actions mutualistes que nous menons par le biais des rencontres et des événements organisés avec les militants.

Par exemple, nous avons mené une opération avec le Secours populaire et le club de rugby de Bourg-en- Bresse en invitant chaque spectateur à apporter un jouet pour un enfant avant d’assister au match. »

Le jeune homme de 32 ans nous a donné rendez-vous au cœur d’une cité ouvrière située derrière la gare de Bourg-en-Bresse, dans l’Ain. Au milieu des immeubles alignés et des jardins partagés se trouve un terrain de boules lyonnaises où viennent jouer les anciens cheminots et ouvriers retraités, tous encore militants mutualistes. Pierre vient régulièrement échanger avec eux. © Vincent Poillet

En manif’ à 13 ans

« J’ai ressenti très tôt le besoin de m’engager. La première fois où je suis allé manifester de ma propre initiative, c’était à l’âge de 13 ans après l’arrivée de l’extrême droite au second tour de la présidentielle de 2002. En entrant à l’université, je me suis inscrit dans un syndicat étudiant par le biais duquel j’ai découvert le travail des mutuelles en faveur de la santé des jeunes.

Mon engagement a alors beaucoup évolué. En tant que syndicaliste, je voulais en découdre avec les pouvoirs publics, que ce soit le bazar pour faire plier le gouvernement dans ses projets de réformes. Depuis mon entrée en mutualité, je me suis rendu compte que le rapport de force pouvait aussi passer par des actions plus institutionnelles, en travaillant les dossiers, en réalisant des enquêtes… Tout en continuant à agir concrètement. »

« Bugne à bugne »

« Aujourd’hui, je suis militant mutualiste et je m’occupe aussi des actions solidaires au sein d’une mutuelle. Je porte des projets très concrets et ancrés localement, comme la mise en place de paniers alimentaires provenant de la région et proposés à tarifs mutualistes. Pendant le premier confinement, j’ai également parcouru des kilomètres en camion pour distribuer des produits d’hygiène.

Pour moi, l’engagement ce n’est pas juste un idéal. Mais c’est d’arriver, pierre par pierre, “ bugne à bugne ”, à faire bouger les choses pour que notre société progresse. »


« Je fais vivre ma fibre sociale », Argentine, 66 ans, militante mutualiste

Dans le cadre de notre série de podcasts sur les origines de l’engagement, nous sommes partis à la rencontre de militants mutualistes. Voici le portrait sonore d’Argentine. Nous l’avons rencontrée dans la crèche du nouveau port de Bastia. L’établissement mutualiste est l’une des nombreuses concrétisations de son combat militant, initié il y a maintenant vingt-cinq ans.

Dès son entrée dans la crèche , le visage d’Argentine s’illumine. Assise en tailleur au milieu du petit groupe d’enfants, elle reprend avec eux les comptines entonnées par les puéricultrices.

Réponses et ressources humaines

« Le métier que j’aurais vraiment voulu exercer, c’est celui d’assistante sociale. Pendant mes études, j’ai eu l’occasion de suivre l’une d’elles à plusieurs reprises et c’était vraiment passionnant. Mais je n’ai finalement pas poursuivi cette voie.

Cela ne m’a pas empêchée, dans chacun des postes que j’ai occupés, de venir en aide aux salariés dans leurs démarches administratives, de les informer sur leurs droits ou leur donner des conseils. Il m’est arrivé d’être officiellement en charge des ressources humaines. Mais même sans ce titre, je répondais toujours aux questions dans l’intérêt de la personne. J’ai besoin de faire vivre cette fibre sociale. Et le mutualisme m’en donne l’opportunité depuis près de vingt-cinq ans. »

Dès son entrée dans la crèche du nouveau port de Bastia, le visage d’Argentine s’illumine. Assise en tailleur au milieu du petit groupe d’enfants, elle reprend avec eux les comptines entonnées par les puéricultrices. L’établissement mutualiste est l’une des nombreuses concrétisations de son combat militant, initié il y a maintenant vingt-cinq ans. © Philippe Marini

Apostrophée dans la rue

« C’est par une rencontre que j’ai découvert le mouvement mutualiste. Une relation de travail, qui m’a parlé de l’engagement des militants pour défendre l’accès de tous à la santé. Je me suis reconnue dans cette attention aux autres et dans les valeurs de ceux que j’ai pu rencontrer.

Aujourd’hui, je suis présidente de la Mutuelle de la Corse, et celui qui m’a initiée à la mutualité en est le directeur. Ce titre n’a rien changé à ma mentalité. Je continue d’aider tous ceux qui me le demandent. Dans la rue ou lors des événements publics, les gens m’apostrophent parce qu’ils ont une interrogation sur leurs remboursements de soins ou bien qu’ils n’arrivent pas à se connecter à leur compte Ameli. Nous prenons alors le temps de regarder ensemble. Apporter des réponses, quelles que soient les questions posées, est pour moi au cœur des valeurs mutualistes. »

Solidarités sur le territoire corse

« Sur le territoire corse, la mutualité apporte de véritables solutions de proximité, notamment à travers les établissements de santé et des services comme les crèches. Nous avons pu construire un nouvel Ehpad grâce à l’aide d’un particulier qui nous a cédé son terrain pour un euro symbolique dans la ville de Cargèse, l’un des plus beaux sites de Corse.

Et les solidarités nées sur l’île au moment du Covid, comme l’aide que nous avons pu apporter aux étudiants et à la collaboration avec les entreprises privées, perdurent encore. Tous les acteurs ont montré qu’ils voulaient que ces dispositifs solidaires puissent se maintenir dans la durée. »


« Mon credo, c’est la santé des jeunes », Annaël, 29 ans, militant mutualiste

Dans le cadre de notre série de podcasts sur les origines de l’engagement, nous sommes partis à la rencontre de militants mutualistes. Voici le portrait sonore d’Annaël. A 29 ans, la santé des jeunes est au cœur de son combat militant.

Le jeune homme nous a donné rendez-vous à la Maison des Initiatives Étudiantes, à Paris. Il consacre aujourd’hui sa journée à superviser bénévolement l’organisation de consultations psy proposées gratuitement aux jeunes, par l’association qu’il a cofondée pour faciliter l’accès aux soins des étudiants.

Débattre des questions de santé

« Au moment où la pandémie a éclaté, j’étais engagé en mutualité mais ma conviction militante s’est encore renforcée. Avec d’autres militants, nous avons alors fondé Reves jeunes, une association dédiée à l’accès aux soins. L’objectif de ce dispositif mutualiste est aussi de permettre aux étudiants d’avoir un espace pour débattre des questions de santé. Les jeunes n’ont en effet jamais cessé de s’intéresser à ces sujets, mais leurs idées ne sont pas suffisamment relayées ni considérées dans notre société.

A l’association Reves jeunes et dans le cadre de mes anciennes responsabilités au sein d’une mutuelle étudiante, j’ai pu observer toute la force de leur engagement. Une chose est sûre : pour lutter contre les discriminations quelles qu’elles soient, défendre les causes humanitaires, revendiquer ses droits, et notamment celui de pouvoir se soigner correctement, la jeunesse se mobilise. »

Annael Lombe de l’association Rêves Jeunes par ©Magali Delporte, rue Curial à Paris à côté des bureaux de l’association.

De bénéficiaires à bénévoles

« Je m’occupe notamment de l’organisation des consultations psy proposées par l’asso. Les jeunes sont suivis gratuitement par des psychologues et sans limite de temps. Je tiens à les accueillir avant, pour rassurer ceux que la démarche pourrait impressionner. Beaucoup de mon temps libre est consacré à faire le planning des séances, des réunions… Ces tâches peuvent paraître anodines, voire ingrates, mais elles sont indispensables au bon fonctionnement du dispositif.

Ensemble, nous apportons de l’aide à ces étudiants qui connaissent des situations souvent extrêmement compliquées. Certains n’ont pas de domicile et dorment dans des parkings, d’autres viennent de traverser la Méditerranée en bateau et se démènent pour être régularisés. Beaucoup de jeunes arrivent à reculons, en se méfiant de l’utilité de venir consulter un psychologue. Mais, progressivement, au fil des séances, ils se sentent mieux. Et quelques-uns d’entre eux décident même de s’engager, à leur tour, dans notre association. »

Un avenir engagé

« Il y a deux choses qui font que je me lève chaque matin. D’une part ma volonté farouche de transformer cette société profondément injuste, dont la dureté m’est apparue dès l’enfance. J’ai grandi à Villeneuve- Saint-Georges, une ville de petite couronne parisienne plutôt pauvre, où les difficultés sont quotidiennes notamment vis-à-vis du service public et des institutions. Je l’ai vu dans ma propre famille. Et pour moi également, avec des contrôles de police anormalement récurrents.

Pour tout cela, ma deuxième motivation est de me rendre utile aux autres. De participer à des actions solidaires. Et la mutualité me permet aujourd’hui d’agir dans ce sens. Pour la suite, je ne sais pas encore de quoi mon avenir sera fait. Mais je suis convaincu qu’il sera engagé. »


« Je prends soin de ceux qui soignent », Martine, 50 ans, militante mutualiste

Dans le cadre de notre série de podcasts sur les origines de l’engagement, nous sommes partis à la rencontre de militants mutualistes. Voici le portrait sonore de Martine. Vêtue de son ancienne blouse d’aide-soignante, elle nous attend devant l’entrée d’un hôpital à Villiers-le-Bel, aujourd’hui à l’abandon.

L’ancienne aide-soignante s’est pourtant battue pour éviter la fermeture de cet établissement du Val-d’Oise, où elle a travaillé et milité pendant vingt-cinq ans.

Un combat sur les barricades

« Je n’étais pas revenue devant l’hôpital depuis sa fermeture définitive en 2021. J’y suis entrée il y a presque trente ans comme aide-soignante. Mes filles sont allées à la crèche ici. C’était un établissement très familial, qui employait plus de 750 personnes. Aujourd’hui, c’est un site à l’abandon.

Pourtant, avec mes collègues et d’autres militants syndicalistes et mutualistes nous avons tout fait pour éviter cela. Notre combat aura duré six ans. Nous avions formé des barricades devant l’entrée, avec des lits usagés devant lesquels nous organisions des conférences de presse pour dénoncer l’arrêt de cet hôpital public. L’annonce de la fermeture a été d’une extrême violence pour tous les salariés. Peu de temps après, nous avons eu l’immense douleur de perdre l’un de nos camarades qui s’est suicidé. »

Vêtue de son ancienne blouse blanche d’aide-soignante, Martine nous attend devant l’entrée d’un hôpital à Villiers-le-Bel, dans le Val-d’Oise. Le site de huit hectares est aujourd’hui à l’abandon. Elle s’est pourtant battue pour éviter la fermeture de cet établissement, où elle a travaillé et milité pendant vingt-cinq ans. © Magali Delporte

Sourires d’enfants

« Quand j’ai appris que l’établissement fermait, j’ai fait tout mon possible en tant que militante mutualiste et syndicaliste pour accompagner mes collègues. J’aidais ceux qui avaient trouvé un poste dans un autre établissement, en m’assurant que leurs droits étaient bien respectés. Et en demandant aux camarades présents sur les différents sites où ils allaient se rendre de leur réserver un accueil particulier.

Je m’occupais aussi de l’accès aux loisirs pour les gens en difficulté. Je me souviens notamment d’une collègue, mère célibataire, dont les enfants n’étaient pas allés en vacances depuis quatre ans. Lorsque je lui ai annoncé qu’ils allaient enfin pouvoir partir, elle m’a dit que le premier sourire de ses enfants sur la plage serait pour moi. Cette image m’a particulièrement émue. »

Le mutualisme comme trajectoire de vie

« Les événements liés à la fermeture de l’hôpital ont bien sûr encore attisé mon engagement syndicaliste et mutualiste. Mais j’ai commencé à militer dès mon arrivée dans l’établissement. Car très vite, je me suis rendu compte que les droits des soignants étaient bafoués. Les horaires décalés, le cumul des gardes et l’exigence de rentabilité les obligent à courir en permanence. Alors qu’ils avaient tous l’amour de la blouse-blanche, ils se voient devenir maltraitants malgré eux. J’ai eu envie de prendre soin d’eux, soin de ceux qui soignent.

Depuis la fermeture, je continue à militer pour eux : je suis devenue présidente de la mutuelle complémentaire de la Ville de Paris, destinée notamment aux personnels de l’assistance publique. Ces fonctions me permettent de poursuivre le combat mutualiste pour l’accès aux soins et la défense des droits des soignants. »


« Je tente d’apporter des réponses, même si ces actions sont de la taille du colibri », Michel, 70 ans, militant mutualiste

Dans le cadre de notre série de podcasts sur les origines de l’engagement, nous sommes partis à la rencontre de militants mutualistes. Voici le portrait sonore de Michel. Nous l’avons rencontré dans la salle d’attente d’un centre de santé mutualiste, incarnation, pour lui, de la démarche solidaire du mutualisme.

Parler du militantisme à travers son expérience personnelle lui semblait pourtant déplacé. A ses yeux, les mouvements qu’il défend sont des œuvres communes dépassant les individualités. Michel a finalement accepté de se prêter à l’exercice.

Régler les problèmes collectivement

« Même après cinquante ans de militantisme, évoquer cette expérience d’un point de vue personnel est un exercice difficile pour moi. Je peux volontiers vous présenter les mouvements que j’ai défendus : la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne, NDLR), le syndicalisme, puis le mutualisme depuis maintenant près de trente ans. Mais il me semble presque incongru de parler de soi plutôt que des causes défendues…

Et cette puissance du collectif m’a d’ailleurs été révélée très tôt, lors de mon premier emploi comme menuisier. L’artisan chez lequel je travaillais ne respectait pas les droits de ses apprentis et, indigné par sa conduite, je suis allé le voir pour protester. Mais cet élan de courage n’a servi à rien puisque je me suis fait licencier sans aucun recours possible. Une fois le choc encaissé, je me suis dit que les problèmes devaient être réglés collectivement. D’où l’importance de s’engager dans des mouvements. »

Parler du militantisme à travers son expérience personnelle lui semblait déplacé. A ses yeux, les mouvements qu’il défend sont des œuvres communes dépassant les individualités. Mais dans la salle d’attente d’un centre de santé mutualiste, incarnation, pour lui, de la démarche solidaire du mutualisme, Michel a finalement accepté de se prêter à l’exercice. © LAHCÈNE ABIB

Le Mirail par conviction

« Mon père était infirmier et engagé politiquement et syndicalement. Il venait régulièrement en aide à nos voisins du Mirail, à Toulouse. Lorsque j’ai rencontré mon épouse, nous avons fait le choix de rester dans ce quartier populaire par conviction, pour participer à sa mixité sociale. L’humain a toujours été au centre de mes préoccupations. Et pour contribuer à répondre aux urgences sociales et sanitaires, je me suis engagé en mutualité.

Car il existe des solutions mutualistes, comme le centre dentaire dont je suis gestionnaire. Notre démarche militante repose notamment sur le tiers payant, qui permet aux patients de ne pas avancer de frais. Et sur les tarifs abordables affichés, qui participent à réguler l’offre dentaire aux alentours. »

Mouvement d’éducation

« Ce qui me rend le plus fier, c’est d’avoir tenté d’apporter des réponses, même si ces actions s’avèrent modestes, souvent de la taille du colibri. Par exemple, dès que j’en ai l’occasion, je me rends dans la salle d’attente du centre dentaire pour échanger avec les patients. Afin de les renseigner sur leurs droits et leurs démarches administratives, et de parler avec eux de notre système de santé… Pour moi, la mutualité est un véritable mouvement d’éducation. En tant que militant, nous avons une certaine expertise sur les questions de santé et de protection sociale qu’il me semble important de transmettre à mon tour. »


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Pourquoi a-t-on un jour envie de s’engager ? Pour quelles causes ? A travers quelles actions ? La rédaction de Viva est allée poser la question aux militants mutualistes. Une série à lire et à écouter en podcasts. Martine, Pierre, Argentine, Annaël et Michel ont bien voulu raconter leur histoire. Ils sont âgés de 29 à 70 ans et viennent de toute la France. L’origine de leur engagement est à chaque fois différente, mais tous sont animés par la même conviction.