Pollution et cancer du poumon : un risque avéré

Gaz d'échappement de voitures
La pollution serait responsable du cancer du poumon 123RF©

Il existe bien un lien entre l’exposition aux particules fines et une forme de cancer du poumon chez les non-fumeurs. Une étude britannique le prouve. Les chercheurs ont compris comment la pollution de l’air déclenche la maladie dans le corps humain.

On le supposait depuis longtemps. Des scientifiques britanniques l’ont confirmé dans une étude présentée lors du Congrès européen du cancer qui s’est tenu à Paris. L’exposition aux particules issues des gaz d’échappement ou des incinérateurs de déchets peut entraîner une forme de cancer du poumon chez les non-fumeurs. Ils ont compris comment la pollution de l’air déclenche cette pathologie dans le corps humain.

Gènes responsables

La nouveauté dans cette recherche réside dans le fait que les chercheurs ont découvert que ce cancer du poumon chez les non-fumeurs se développe autour de deux gènes présents dans le corps humain, EGFR et KRAS. Mutation présente respectivement dans 18 et 33 % des cas.

Quand des cellules pulmonaires saines porteuses de ces mutations sont exposées aux polluants atmosphériques, les cancers se développent plus fréquemment et plus rapidement que si ces mêmes cellules ne sont pas exposées aux polluants.

Pr Charles Swanton de l’Institut Francis Crick (Londres), responsable de l’étude.

L’étude ne dit pas combien de temps il faut avoir été exposé à la pollution aux particules fines, ni dans quelle proportion. Mais en Asie, où ces cancers du poumon se développent fréquemment chez des non-fumeurs très exposés à la pollution, ils se déclenchent en général chez des patients qui ont un peu moins de 50 ans. A l’avenir, des médicaments pourraient bloquer le processus.

En France, 12 % des personnes atteintes d’un cancer du poumon sont non-fumeurs.

Congrès de la société de pneumologie (Lille), 2022.

Réduire la pollution

Il faut réduire la pollution aux particules fines, clament les scientifiques, à la lumière de cette découverte. Car l’incidence du cancer du poumon chez les non-fumeurs augmente partout dans le monde

Le cancer du poumon ferait actuellement environ 300 000 morts par an dans le monde.

OMS.

Il faudra toutefois trouver un moyen de cibler les individus les plus à risque. Un véritable défi.

Et de nombreuses questions restent à résoudre :

  • pourquoi des mutations apparaissent-elles, si elles ne sont pas dues à la pollution ?
  • Est-ce seulement lié au vieillissement, ou y a-t-il d’autres raisons ?
  • pourquoi tous les individus porteurs d’une mutation et exposés à la pollution ne tombent pas systématiquement malades ? Existe-t-il des facteurs protecteurs ?