Yann Arthus-Bertrand : « Nous devons changer notre façon de vivre »

Yann Arthus-Bertrand, cinéaste, photographe et écologiste a créé, il y a dix ans la Fondation Goodplanet. Il répond à nos questions sur le « Bien manger ».

Qu’est-ce pour vous que le « bien-manger » ?

C’est déjà une prise de conscience individuelle et des gestes simples. Cuisiner les restes pour éviter le gaspillage, manger des fruits et légumes de saison… Ensuite, c’est une réflexion sur ce que l’on mange. Dans les supermarchés, il y a des rayons entiers de moutardes, des étalages immenses de viandes. A-t-on vraiment besoin de tant de choix ? Je suis devenu végétarien il y a dix ans, car nous mangeons trop de viande mais aussi parce que je combats la souffrance animale. Mais mon message n’est pas culpabilisateur. Il y a des gens très engagés, d’autres qui font ce qu’ils peuvent…

Vous dites que c’est le citoyen qui a la solution, pourquoi ?

Je pense que nous avons besoin d’une révolution pour changer notre façon de vivre, de consommer, qui crée un désastre écologique, et qu’elle passera par nous. Les politiques ont leur rôle, la somme de problèmes à résoudre dans une économie mondialisée est gigantesque. Le monde est complexe, entre crise migratoire et terrorisme. Les lobbies sont puissants et, en France, les mentalités sont difficiles à changer. Chez nous, par exemple, le repas végétarien dans les cantines vient à peine de voir le jour alors qu’au Royaume-Uni et en Allemagne, c’est une réalité depuis longtemps.

De quoi être plutôt pessimiste…

Non, car cela ne sert à rien. Je suis conscient du monde dans lequel je vis. Les mentalités changent, surtout chez les jeunes. Ils veulent donner du sens à leur vie et regarder l’avenir de la planète différemment. Je plaide pour plus de bienveillance et de gentillesse. Je sais que cela peut paraître un peu « nunuche » de dire cela quand on voit tant de souffrance autour de nous. Mais je suis un utopiste. Il ne faut pas attendre que les autres changent. Il faut commencer par soi-même. « Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde », disait Gandhi. Une révolution est nécessaire, qui doit être spirituelle, éthique et citoyenne.