Handicap, première cause de discrimination en France

23 % des enfants en situation de handicap ne sont pas scolarisés, selon une étude récente de l'Unapei. ©123RF

De l’école à l’emploi, des transports au logement, toutes les dimensions de la vie d’une personne en situation de handicap demeurent jalonnées d’obstacles. La France cumule les (très) mauvais indicateurs et 12 millions de personnes subissent encore des discriminations.

En examinant l’ensemble des 226 000 signalements de discriminations reçus en une année, la Défenseure des droits, Claire Hédon, a identifié que le principal motif invoqué restait le handicap. En effet, une réclamation sur cinq est concernée, selon le rapport 2023 de l’autorité indépendante, dont la mission est de « porter la parole de celles et ceux qui éprouvent des difficultés à faire respecter leurs droits ».

Et concernant ces saisines, toutes les sphères de la société et les situations de la vie courante sont évoquées : l’école, l’emploi, le logement, les services publics… Aujourd’hui encore, « trop d’enfants rencontrent des difficultés pour accéder, comme les autres, à l’éducation », relève notamment le bilan, en pointant du doigt le manque criant d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) en classe.

Le droit à l’éducation entravé

« Ma scolarité a été complètement chaotique. J’ai dû arrêter l’école en CM2 », se souvient Charlotte. Handicapée de naissance, la jeune femme de 31 ans se déplace en fauteuil électrique. « Enfant, j’étais dans un centre de rééducation pour lequel l’éducation n’était pas une priorité. »

En france, 23 % des enfants en situation de handicap ne sont pas scolarisés

Charlotte explique aussi qu’elle ne bénéficiait d’aucune assistance particulière au sein de son établissement scolaire. Trente ans plus tard, l’accès à l’école reste très compliqué. Actuellement, 23 % des enfants en situation de handicap ne sont pas scolarisés, selon une étude récente de l’Union nationale des associations de parents de personnes handicapées mentales (Unapei).

Pourtant, dans son rapport, Claire Hédon rappelle que l’éducation est un droit fondamental. Mais, « au lieu de répondre aux besoins de l’enfant, le système scolaire lui demande de s’adapter ». « Comme je n’ai pas fait d’études, le monde du travail « ordinaire » m’a rapidement fait comprendre que je n’étais pas faite pour lui, déplore Charlotte. Je n’ai donc pas pu avoir de cursus professionnel normal, et je ne travaille pas. »

Seul un tiers d’actifs en situation de handicap

La situation de la jeune femme est loin d’être isolée. Les chiffres concernant l’emploi s’avèrent catastrophiques. Le taux d’activité des personnes en situation de handicap est extrêmement faible, et « il n’a pas évolué au cours de la dernière décennie », analyse l’association APF France handicap dans une de ses publications.

Au total, « 35,4 % de cette population disposait d’un emploi en 2017 et ce taux est de 36 % en 2020. A titre de comparaison, le taux d’emploi de l’ensemble de la population est de 65 %. » Et ce n’est pas tout : trouver un logement adapté relève également du parcours du combattant. 70 % des personnes en béquilles ou en fauteuil roulant ont été confrontées à des difficultés pour se loger, selon APF France handicap.

« Quand une agence vous appelle en disant qu’elle dispose d’un appartement qui pourrait convenir, il est très fréquent d’arriver sur place et de constater qu’il y a une marche en bas de l’immeuble, et qu’on ne peut donc même pas y accéder », confie Charlotte. Originaire d’Orléans, elle a dû changer de ville et s’installer à Rennes pour trouver un endroit où habiter seule. « Au-delà du logement, il fallait aussi que le quartier soit accessible en transports. »

L’accessibilité de la voirie, un problème crucial pour les handicapés

Selon une enquête menée par l’Ifop pour APF France handicap, 74 % des personnes en situation de handicap sont insatisfaites de l’accessibilité de la voirie. Pourtant, en 2005, la France s’était fixé une « obligation d’accessibilité », en particulier pour les transports, par l’intermédiaire d’une loi spécifique.

Mais près de vingt ans plus tard, l’objectif est très loin d’être atteint, surtout dans les établissements recevant du public comme les écoles, les commerces ou les lieux de soins. 52 % des personnes en situation de handicap ont ainsi des difficultés à accéder aux cabinets médicaux et paramédicaux.

ACCESSIBILITÉ POUR LES JO, VERS UN SCÉNARIO CATASTROPHE ?
Sur les 309 stations de métro parisiennes. 13, seulement, sont accessibles aux fauteuils roulants. Or, 350 000 personnes en situation de handicap sont attendues cet été lors des Jeux olympiques et paralympiques. Des milliers d’entre elles risquent de rencontrer de grandes difficultés pour se déplacer à Paris, mais également vers tous les sites où se tiendront les épreuves. Rappelons que, selon une récente enquête de l’lfop pour l’association APF France handicap, dans notre pays, 9 personnes atteintes de handicap sur 10 ont le plus grand mal à se déplacer au quotidien. A l’approche des JO, APF France handicap redoute un véritable « scénario catastrophe ».