Sport sur ordonnance : pourquoi la prise en charge est essentielle ?

L’APA (activité physique adaptée) ne sera pas remboursée par l'Assurance maladie. ©123 RF
L’APA (activité physique adaptée) ne sera pas remboursée par l'Assurance maladie. ©123 RF

L’APA (activité physique adaptée) ne sera pas remboursée par l’Assurance maladie. Envisagée un temps lors du vote du budget de la Sécurité sociale pour 2024, la mesure n’a finalement pas été adoptée. Une aberration pour les 125 associations de patients qui mettent en avant les bienfaits avérés du « sport sur ordonnance ». Ensemble, ils ont dénoncé cette décision dans une tribune parue en novembre. Le point avec Francis D’Hulst, président de Cœur des mamans-Priorité Prévention, cosignataire du texte.

Qu’est-ce que l’activité physique adaptée, comment fonctionne-t-elle ?

Francis D’Hulst : Il s’agit d’activité physique sur prescription médicale pour permettre à des malades de retrouver de l’autonomie en pratiquant des exercices sportifs adaptés. C’est une forme de rééducation par le sport. C’est au professionnel de santé de fixer le nombre de séances. Il faut ensuite trouver un professeur agréé. Ce dispositif existe depuis 2016 pour les patients atteints de maladie chronique, d’affection longue durée ou en perte d’autonomie. Mais dans les faits, peu de personnes y ont recours. Ce n’est pas évident de trouver des coachs agréés, tous ne sont pas habilités à dispenser ces séances. De plus, cela coûte cher, environ 60 euros l’heure de cours.

On ne parle pas ici de confort ou de bien être. Mais de gens qui souffrent.

Francis D’Hulst, président de Cœur des mamans-Priorité Prévention

Quelles étaient vos attentes initiales vis-à-vis du gouvernement ?

Francis D’Hulst : Permettre le remboursement de l’APA par l’Assurance maladie. Un amendement le prévoyait pour les malades atteints de cancer et de diabète. Mais il a été retiré pour raisons budgétaires dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS). C’est intolérable. On ne parle pas ici de confort ou de bien être. Mais de gens qui souffrent.

Y compris pour les personnes atteints de pathologies cardiaques ?

Francis D’Hulst : Tout à fait. C’est essentiel dans le cadre de la remise en forme des malades qui ont subi une opération du cœur ou des traitements lourds. Tout ce qui peut permettre de récupérer en autonomie doit être mis en œuvre. De manière à éviter les drames, et les souffrances.

Parlez-nous de votre association, en quoi cette mesure serait impactante ?

Francis D’Hulst : Cœur des mamans lutte pour la prévention de la cardiomyopathie du péripartum. C’est une affection très rare et méconnue. On estime entre 200 et 300 le nombre de femmes touchées par cette maladie par an, sur 750 000 naissances environ. C’est une maladie particulièrement cruelle car elle touche des jeunes mères au moment le plus heureux de leur vie. Elle peut s’avérer mortelle si la maladie n’est pas détectée à temps. Le sport doit faire partie intégrante du parcours de soin. Le cœur est un muscle, il faut l’entretenir car il peut se détériorer très rapidement.

Quels sont les bénéfices de l’APA pour ces patientes ?

Francis D’Hulst : Les jeunes mères touchées par cette maladie ont une récupération à différents degrés. Certaines ont eu une opération du cœur, d’autres ont été transplantées, à plusieurs reprises parfois, beaucoup doivent garder un traitement à vie. Dans tous les cas, la rééducation passe par la pratique d’une activité physique : vélo, marche, gymnastique douce, musculation… afin de récupérer à la fois en motricité et en qualité de vie.

Suite au retrait du texte, d’autres pistes sont-elles envisagées ? 

Francis D’Hulst : Nous continuons d’aborder la question entre patients, associations et professionnels de santé. Les Journées européennes de la société française de cardiologie, qui se sont tenues en janvier au Palais des congrès à Paris, ont été l’occasion de revenir sur le sujet. La prise en charge de l’APA est une mesure qui serait profitable à tous. N’oublions pas qu’une personne en bonne santé coûte moins cher à la société qu’une personne malade.

Gabrielle Villa