Récemment élue à la présidence de Mutami, Sophie Elorri nous livre ses projets pour poursuivre l’engagement de la mutuelle dans la défense de l’accès aux soins pour tous, sans discrimination.
En tant que nouvelle présidente, quel sera l’axe de votre gouvernance ?
Sophie Elorri : Nous allons, bien évidemment, continuer notre travail et nos actions de prévention, de solidarité et de proximité. Mutami est une mutuelle engagée, nous sommes des militants de la Sécurité sociale, notre objectif est que tout le monde puisse se soigner dignement. Dans cette optique, nous reconduirons la campagne « Pas de taxe sur ma santé » qui invite nos adhérents à demander, via une carte pétition, au président de la République et aux parlementaires de supprimer les taxes imposées aux mutuelles.
L’idée est de faire pression sur le Parlement dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale présenté à l’automne. Parallèlement, nous allons poursuivre nos partenariats avec SOS Méditerranée et le Secours populaire avec lesquels nous partageons les mêmes valeurs de solidarité. Mutami a aussi un travail à mener sur le renouvellement des militants et sur la façon d’encourager l’engagement des jeunes et des femmes. Enfin, je ne m’interdis pas d’innover, comme de mettre en place un congé menstruel pour les salariées de la mutuelle atteintes d’endométriose, ou dans des actions ciblées sur la santé environnementale.
Mutami est très active dans la lutte contre les pesticides…
S. E. : Tout à fait. Avec d’autres mutuelles, nous avons participé à l’organisation du colloque « Amiante et pesticides : drames d’hier et d’aujourd’hui, quelles solutions pour demain ? », qui a eu lieu au Sénat en février, puis au Parlement européen en avril. Nous avons aussi signé plusieurs tribunes sur le sujet, dont deux parues dans Le Monde. La dénonciation du scandale sanitaire de l’amiante et la lutte pour l’indemnisation des victimes font partie des combats de longue date des mutualistes. Il était donc naturel de nous mobiliser contre les pesticides.
On sait aujourd’hui que ces produits sont à l’origine de maladies chroniques. Ils ont des conséquences néfastes sur la santé humaine et environnementale. Nous allons continuer à nous engager sur ces sujets en ouvrant la réflexion sur les alternatives qui peuvent exister, également pour les agriculteurs, premières victimes des pesticides, et sur l’intérêt de la prévention à travers l’importance d’une alimentation saine et biologique pour tous.
L’équilibre financier a-t-il été atteint cette année ?
S. E. : Non, comme pour la plupart des mutuelles. Il faut savoir que, en plus des taxes, nous devons faire face, depuis un certain temps, à des transferts de charges importants de la Sécurité sociale directement vers les complémentaires santé, et ceci sans aucune concertation. Cette année, ces transferts ont atteint 500 millions d’euros.
A cela s’ajoutent un contexte économique particulièrement difficile et l’absence de réponses à la hauteur des enjeux de la part des pouvoirs publics. Sans parler de la crise que nous traversons depuis la dissolution de l’Assemblée nationale et des incertitudes politiques qui en découlent.
Quel regard portez-vous sur cette crise politique ?
S. E. : La dissolution a conduit à une progression historique du nombre de députés du Rassemblement national. C’est assez inquiétant : la préférence nationale qu’ils prônent risque de conduire à un accès à la santé à deux vitesses. Il y a aussi les menaces sur l’aide médicale d’Etat, déjà fortement attaquée l’année dernière. Enfin, le RN souhaite baisser les cotisations qui financent les droits sociaux.
Même si le Nouveau Front populaire est arrivé en tête aux législatives, il n’y aura pas, avec la configuration actuelle de l’assemblée, d’amélioration à court terme concernant l’accès aux soins de la population. Nous allons donc poursuivre notre mobilisation et nous battre contre les inégalités de santé. Il faut qu’il y ait une prise de conscience collective sur l’intérêt de défendre une Sécurité sociale de haut niveau, où chacun reçoit en fonction de ses besoins et cotise selon ses moyens.