De l’amiante aux pesticides, les combats sanitaires de la mutuelle

Le colloque du 11 avril au Parlement européen de Bruxelles, avec, au centre, Jocelyne Le Roux, présidente de la mutuelle. © Delphine Delarue

Après sa participation à l’organisation d’un colloque au Sénat le 5 février, Mutami poursuit sa mobilisation contre les pesticides et l’amiante. La mutuelle a notamment été à l’initiative d’un second colloque sur la question, cette fois au Parlement européen de Bruxelles, le 11 avril.

Mutami a été fondée par des ouvriers, essentiellement issus de la métallurgie, nous rappelle Jocelyne Le Roux, présidente de la mutuelle. « Dans leurs usines, il y avait beaucoup d’amiante et les mutualistes se sont donc engagés pour dénoncer ce fléau. Nous avons actuellement des administrateurs de Mutami élus dans les conseils d’administration de l’Addeva (Association départementale des victimes de l’amiante) dans le Finistère et en Charente-Maritime. Il nous paraît aujourd’hui évident de devoir nous mobiliser contre un autre polluant chimique : les pesticides. »

Alerter, informer, sensibiliser : la présidente de Mutami détaille l’objectif des actions menées auprès du grand public. « Nous rappelons dès que possible à nos adhérents que les pesticides sont à l’origine de nombreux cancers et maladies. Aujourd’hui, les effets néfastes de ces poisons sur la santé sont encore trop peu mis en avant. » Pour réfléchir aux actions à mener, Mutami s’est rapprochée de plusieurs associations spécialisées, à l’image de la campagne Secrets toxiques qui réunit plus de 80 organisations parmi lesquelles plusieurs autres mutuelles. 

Santé environnementale

Dans cette coalition figure notamment Générations futures, une structure dédiée à la défense de l’environnement. « Les mutuelles s’investissent particulièrement sur cette question de la santé environnementale, s’enthousiasme Nadine ­Lauverjat, directrice générale déléguée de Générations futures. Elles expliquent ainsi à leurs adhérents ­comment éviter l’exposition à ces polluants, en consommant des produits bio. Et ces conseils, lorsqu’ils viennent des mutuelles, sont sûrement plus entendus que s’ils sont prodigués par d’autres acteurs. »

Mutami et les mutuelles mobilisées dans ce combat sanitaire ont aussi organisé plusieurs opérations de dénonciation auprès des pouvoirs publics. 

Coalition mutualiste

Un colloque s’est ainsi tenu au Sénat, le 5 février, puis un autre au Parlement européen de Bruxelles, le 11 avril, pour alerter sur les dangers de ces produits chimiques. Dans un communiqué de presse commun, adressé au Premier ministre, la coalition mutualiste a détaillé ses revendications.

« Face à l’augmentation inédite des maladies chroniques, telles que le cancer, en partie dues aux pesticides, nous prenons la responsabilité d’interpeller les pouvoirs publics en formulant des ­demandes pour la prévention et la réparation des préjudices de tous. » Doléances ensuite reprises par une tribune ­cosignée, parue dans le ­quotidien Le Monde, le 8 avril.

18 millions de citoyens

« Il y a un engagement fort de la part des mutuelles, insiste Nadine Lauverjat. Les deux colloques ont eu lieu dans des endroits emblématiques, où se prennent les décisions les plus importantes sur ces sujets. La législation sur les polluants chimiques se fait là-bas. Et compte tenu du nombre de personnes que ces mutuelles représentent, leurs voix doivent être entendues. » Aujourd’hui, 30 mutuelles belges et françaises sont engagées dans la lutte. Ensemble, elles défendent les intérêts de plus de 18 millions de personnes protégées, et donc d’autant de ­citoyens.