Médicaments, comment faire face aux pénuries ?

Plus de 3 700 ruptures ou risques de ruptures de médicaments ont été signalés en France en 2022, contre près de 800 en 2018, selon l’ANSM. ©123RF

Depuis une dizaine d’années, hiver comme été, les ruptures de médicaments essentiels s’aggravent et constituent un véritable problème de santé publique en France. Pour y remédier, la relocalisation d’une partie de la production semble indispensable.

Catégories concernées

Selon l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), plus de 3 700 ruptures ou risques de ruptures de médicaments ont été signalés dans notre pays en 2022, contre près de 800 en 2018. Toutes les catégories sont concernées : les antibiotiques, les anti-infectieux, les anticancéreux, les traitements du système nerveux, ceux contre les maladies cardiovasculaires, mais aussi des produits courants comme le collyre. Dans la plupart des cas, trouver une alternative demeure très compliqué. Ce qui représente une perte de chance considérable pour les patients.

Les causes ?

Les origines de ces ruptures sont multiples. On peut tout d’abord citer les délocalisations massives de la production, justifiées par une meilleure rentabilité : 80 % des principes actifs pharmaceutiques sont aujourd’hui fabriqués en Chine et en Inde. A cela s’ajoutent les conflits mondiaux, l’augmentation des prix de l’aluminium, du carton et du verre.

Autre explication : le monopole grandissant des grands laboratoires pharmaceutiques, qui préfèrent fabriquer davantage de produits onéreux, bien plus rentables que certains médicaments essentiels.

Quelles solutions ?

Face à la pénurie, le retour d’une partie de la production sur le sol français devient incontournable. En juin dernier, lors d’une visite dans un laboratoire en Ardèche, le président Emmanuel Macron a annoncé un plan de relocalisation de la production d’une cinquantaine de médicaments essentiels. Une usine de fabrication de paracétamol doit ainsi voir le jour à Roussillon, en Isère, et être opérationnelle d’ici 2026.

De son côté, le ministère de la Santé propose d’augmenter de 10 % le prix de produits comme l’amoxicilline, un des antibiotiques les plus utilisés (notamment pour les enfants), en rupture depuis des mois. En échange, les industriels s’engageraient à disposer de stocks suffisants.

Le gouvernement a, en outre, confirmé, en septembre, son intention de rendre obligatoire la vente à l’unité de certains antibiotiques en tension. Déjà mis en œuvre dans d’autres pays comme aux Pays-Bas ou aux Etats-Unis, ce dispositif nécessiterait toutefois, pour la France, de revoir le mode de fabrication et de distribution (il faudrait, par exemple, indiquer la date de péremption sur tous les comprimés). Aussi, en attendant, le gouvernement appelle à une « sobriété médicaments » de la part des médecins et des patients, et demande aux pharmaciens de ne pas faire de « surstocks ».

GARE AUX CONTREFAÇONS SUR INTERNET
Méfiez-vous des pratiques dangereuses comme l’échange ou l’achat de médicaments sur les réseaux sociaux et sur le Web. Beaucoup de contrefaçons circulent. Il est donc fortement déconseillé de se procurer des produits de santé sur Internet.