« Les déserts médicaux se sont aujourd’hui étendus à tout le territoire français »

« Les territoires sousdotés en médecins se sont étendus sur toute la France » © 123 RF
« Les territoires sousdotés en médecins se sont étendus sur toute la France » © 123 RF

Véronique Lucas Gabrielli et Guillaume Chevillard sont géographes à l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes), et ils étudient principalement l’organisation spatiale du système de soins français. Leurs travaux mettent en lumière la généralisation du phénomène de désertification médicale sur l’ensemble du territoire français. Selon les projections de la DREES, cette situation de baisse du nombre de médecins généralistes va continuer de s’aggraver jusqu’en 2030 minimum.

Que recouvre exactement le terme de désert médical, et sur quels territoires s’étend-il aujourd’hui ?

Véronique Lucas-Gabrielli et Guillaume Chevillard : Les termes de « déserts médicaux » ou de « territoires sous-dotées » sont employés par les pouvoirs publics pour caractériser les zones où les habitants rencontrent des difficultés pour accéder aux soins : impossibilité de s’inscrire auprès d’un médecin traitant, allongement des délais d’attente pour un rendez-vous… Aujourd’hui quasiment tous les types de territoires sont concernés par ce problème. Dans les grandes villes comme dans les espaces périurbains, les populations ont du mal à obtenir un rendez-vous avec un médecin traitant. La situation est toutefois toujours plus exacerbée dans les zones rurales reculées.

Comment la situation va-t-elle évoluer dans les prochaines années ?

V.L.G et G.C. : Ce contexte de diminution de l’offre de médecins généralistes va encore durer plusieurs années… Certaines zones partent de plus haut en termes de nombre de professionnels de santé, et seront ainsi peut-être moins touchées, comme les régions attractives et touristiques. Mais la logique de décrue est vraie pour bon nombre de territoires. Il y a tout notamment une explication démographique en raison des nombreux départs de médecins à la retraite d’une part et de l’augmentation et du vieillissement de la population d’autre part. La situation ne va pouvoir s’améliorer seulement à partir de 2030.

Véronique Lucas Gabrielli et Guillaume Chevillard sont géographes à l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes)

De quelle manière le nombre de médecins va-t-il pouvoir augmenter de nouveau à partir de 2030 ?

V.L.G et G.C. : A ce moment-là, leur nombre augmentera de nouveau sous l’effet de l’augmentation du nombre d’étudiants formés. En effet, le numerus clausus mis en place par les pouvoirs publics au début des années 1970, en tant que quota d’entrée aux études médicales a conduit à la raréfaction de l’offre de soins et à creuser les inégalités d’accès aux soins déjà existantes. Même s’il a été assoupli dans les années 2000, pour être finalement supprimé en 2019, il va falloir encore du temps pour remonter à des niveaux plus élevés.

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