La pauvreté en France : un fléau persistant

Maisons détruites par le cyclone Chido à Mayotte, le jeudi 19 décembre 2024. La situation désastreuse que connaît l’île suite à la catastrophe démontre la fragilité extrême de ses habitants. © Sergey Ponomarev/The New York Times-Redux-REA
Maisons détruites par le cyclone Chido à Mayotte, le 19 décembre 2024. La situation désastreuse que connaît l’île suite à la catastrophe démontre la fragilité extrême de ses habitants. © Sergey Ponomarev/The New York Times-Redux-REA

L’Observatoire des inégalités vient de publier son quatrième rapport sur la pauvreté en France. Malgré son statut de septième puissance mondiale, notre pays comptabilise plus de 8 % de pauvres au sein de sa population. Cinq millions de personnes qui doivent par ailleurs survivre dans des conditions de plus en plus difficiles.

Pour la quatrième année, l’Observatoire des inégalités a diffusé son étude sur la précarité en France. En tant que structure indépendante, l’association réalise un document qui s’appuie sur les toutes dernières études sur le sujet. « La pauvreté n’explose pas. Mais elle gagne du terrain », constate la publication. En effet, « 5,1 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) en 2022 (dernière année disponible). Elles représentent 8,1 % de la population. »

Réalité sociologique

Par ailleurs, le rapport rappelle que la pauvreté n’est pas seulement un concept, mais une réalité sociologique répondant à des critères précis. « Etre pauvre, selon le seuil que nous utilisons, c’est vivre avec moins de la moitié du niveau de vie du Français du milieu. Celui qui se situe entre les 50 % les plus pauvres et les 50 % les plus riches. »

Seuil mensuel

Ainsi la structure indépendante indique que ce niveau de pauvreté, avec les prestations sociales, correspond à vivre avec :

–  1 000 euros par mois pour une personne seule ;

– 1 500 euros mensuels pour un couple sans enfant ;

– 2 500 euros par mois pour une famille avec deux enfants de plus de 14 ans.

Un état de santé aggravé

En plus de ne pas pouvoir subvenir à leurs besoins essentiels, ces personnes en situation de précarité ont également « un accès limité aux conditions de vie dignes », en ce qui concerne les transports, le chauffage, l’habitat… Et en premier lieu la santé. Les personnes en situation de précarité vivent en effet dans un environnement qui aggrave leurs conditions sanitaires. Mais se soigner est loin d’être une priorité lorsqu’il faut d’abord trouver de quoi se nourrir.

Une situation encore plus alarmante dans les DOM

Dans le document, un comparatif régional met en lumière les inégalités recensées partout sur le territoire. La situation est encore plus alarmante dans les départements d’outre-mer (DOM), où la pauvreté atteint des taux bien supérieurs à ceux observés en métropole. De cinq à dix fois plus élevés.

« Concrètement, parmi les plus pauvres, plus des trois quarts des Guyanais, par exemple, disent ne pas avoir les moyens de s’acheter des vêtements neufs, ou encore 55 % des Réunionnais ont des impayés d’emprunt, de factures d’électricité ou de gaz. »

L’exemple de Mayotte

A Mayotte, la situation désastreuse que connaît l’archipel suite au passage du cyclone Chido démontre la fragilité extrême de ses habitants. Environ 40 % de la population, selon les chiffres de 2017, tentaient en effet de survivre dans des bidonvilles. Or cet habitat précaire aurait été intégralement détruit, suite à la catastrophe du 14 décembre 2024.

Plus de 2 000 enfants à la rue

Le rapport de l’Observatoire des inégalités a été publié quelques mois seulement après l’appel commun lancé par l’Unicef France, l’agence des Nations unies dédiée aux droits de l’enfant, avec la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), réseau de lutte contre les exclusions. Ensemble, ils ont tenu à dénoncer la réalité du sans-abrisme pour les mineurs.

« Dans la nuit du 19 au 20 août, au moins 2 043 enfants – dont 467 de moins de trois ans – sont restés sans solution d’hébergement à la suite de la demande de leur famille au 115. Faute de places disponibles ou adaptées pour les accueillir. »

Non respect des engagements gouvernementaux

Les deux institutions rappellent que le nombre d’enfants à la rue a augmenté de 120 % par rapport à 2020. « Pour la sixième fois, nous publions ce baromètre et une fois de plus, nous dénonçons l’inadéquation et l’insuffisance des politiques publiques face à ce drame persistant. » L’Unicef et la FAS insistent sur les engagements qu’avaient pourtant pris le gouvernement en 2022, en proclamant une nation avec « zéro enfant à la rue ».