La kinésiologie, une psychanalyse du corps ?

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En prévention ou en soutien, les médecines alternatives se développent. Parmi elles, la kinésiologie. 

Allongé sur une table de massage, vous confiez votre bras à la thérapeute. Celle-ci donne de petites impulsions sur votre poignet destinées à tester la réaction musculaire. A voix basse, si basse que votre cerveau ne peut l’entendre, la praticienne énonce des phrases. Ce que le mental n’entend pas, le corps, lui, va le capter et réagir. Si la tension musculaire se relâche brutalement, c’est qu’il y a un problème autour du sujet nommé. Il peut s’agir d’une période d’âge du patient, sa petite enfance, son adolescence ou un contexte plus récent, l’évocation d’un membre de la famille, d’une situation professionnelle. Pour les kinésiologues, le corps a une mémoire, en particulier des événements stressants, et celle-ci peut même se transmettre à travers les générations. Les secrets de famille pourraient donc même venir se nicher au cœur de nos muscles les plus profonds ? C’est certain, estiment les les kinésiologues. En bref, ce que la psychanalyse est pour le mental, la kinésiologie pourrait bien l’être pour le corps. « Lorqu’une des propositions que je formule à voix basse fait écho au corps du patient, à un stress, le muscle lâche immédiatement, explique Véronique Arnaudon, kinésiologue à Paris. On sait alors qu’il s’agit  de faire travailler le patient autour de cette question, avec des techniques proches de l’Emdr (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) », une discipline liée à l’hypnose, aujourd’hui très largement utilisée dans le cadre des états de stress post-traumatiques. 

Inspirée de la médecine chinoise

La kinésiologie qui, étymologiquement, signifie étude du mouvement, du grec kinésis « mouvement », est née au XXe siècle aux Etats-Unis. Cette nouvelle science est le fruit de recherches croisées sur la physiologie à l’occidentale et sur l’énergétique chinoise. C’est le Dr George Goodheart, chiropracteur à Detroit, qui, en 1960,  découvre une relation directe entre la faiblesse musculaire et l’état de stress.  Il met alors au point un test musculaire qualitatif (le test musculaire kinésiologique) qui sert de feed back pour évaluer l’intégrité énergétique des différents systèmes. Cela le conduit à s’intéresser aux méridiens, clés de la médecine chinoise depuis plus de trois millénaires.

Selon cette technique, le bien-être physique et moral de chaque individu repose sur une circulation constante et régulière de l’énergie vitale dans l’organisme. Une trop forte accumulation d’énergie dans un organe ou une partie du corps est tout aussi dommageable à l’organisme qu’un niveau trop faible d’énergie. Les blocages d’énergie provoqués par des stress se trouvent à l’origine non seulement de troubles organiques mais de perturbations cognitives et comportementales. La kinésiologie représente une approche de l’être humain très semblable à celle de l’énergétique chinoise.

Le stress, facteur de déséquilibre

La kinésiologie reconnaît au stress une importance capitale. Quand l’être humain y est soumis, des blocages se forment, l’énergie ne circule plus librement dans son corps. La kinésiologie permet d’identifier et de réduire les tensions infligées par le stress et, par des exercices appropriés, de réactiver la libre circulation de l’énergie dans le corps. Tous les kinésiologues ont recours au test musculaire pour aider le consultant à définir les facteurs qui perturbent son énergie vitale et l’empêchent d’utiliser l’ensemble de son potentiel. La kinésiologie a été introduite en France assez tardivement, au début des années 1980, par quelques pionniers. L’intérêt est immédiat : des écoles se créent et les praticiens se multiplient… Pour le meilleur et… le pire. Aussi, en 1992, des professionnels décident-ils de se regrouper pour organiser cette toute nouvelle profession dans le respect de la législation française : la Fédération française de kinésiologie était née.

Comme dans toutes les pratiques de médecine dites alternatives, il est nécessaire de bien choisir son thérapeute. Véronique Arnaudon est formelle : « Si un praticien vous dit d’arrêter votre traitement médical, et plus encore si vous avez une maladie grave, prenez vos jambes à votre cou et fuyez. La kinésiologie est une médecine préventive et d’accompagnement et de soutien pour des malades suivis médicalement. En aucun cas, elle ne substitue à un traitement. »

La Fédération de kinésiologie a d’ailleurs organisé la formation et défini le cursus de base nécessaire pour devenir kinésiologue. Un minimum de 500 heures de formation est exigé. Par ailleurs, dans un souci de clarification, la fédération dresse la liste des praticiens professionnels qu’elle reconnaît dans toute la France et met cette liste à la disposition du public.

En 2000, face à la multiplication des kinésiologues, elle définit un code de déontologie qui précise clairement les valeurs de la profession et prend le nom de Fédération française de la kinésiologie spécialisée, puis, en 2015, Fédération française de kinésiologie.

Pratiquée dans 80 pays

La kinésiologie est actuellement reconnue et pratiquée, sous ses différentes branches, dans plus de quatre-vingts pays. Les pays leaders restent les grands pays anglo-saxons : les Etats-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, le Canada et l’Angleterre.  En Europe, elle est reconnue dans de nombreux pays :

  • au Royaume-Uni où elle est d’un usage courant ;

  • en Allemagne où les heilpraktiker l’utilisent pour ses effets positifs dans le cadre de la prévention ;

  • en Suisse, où on en reconnaît l’intérêt, les assurances complémentaires acceptent de rembourser les séances de kinésiologie ;

  • en Espagne, où la kinésiologie, enseignée en français, fait l’objet d’un diplôme estampillé par l’université de Madrid.

     www.federation-kinesiologie.fr