Le Comité médical pour les exilés (Comede) alerte, dans une étude parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, sur les troubles psychiques des migrants, un véritable enjeu de santé publique.
La violence, la vulnérabilité sociale et les troubles psychiques chez les migrants sont des enjeux de santé publique, souligne une étude du Comede, [fn]Hébergé au sein de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, en banlieue parisienne, voilà près de quarante ans que le Comede vient en aide aux personnes exilées, en leur proposant des soins et un accompagnement dans leurs démarches administratives. [/fn] publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.
De graves troubles psychiques chez les migrants
Sur les 16 095 personnes reçues entre 2007 et 2016 pour un bilan de santé, 16,6 % affichaient des troubles psychiques graves : syndromes psychotraumatiques, traumas complexes, mais aussi phénomènes anxieux et psychoses. Des pathologies lourdes qui se manifestent par des troubles du sommeil, de la mémoire et de la concentration, des idées suicidaires, et qui nécessitent souvent plusieurs mois de suivi thérapeutique.
Les troubles psychiques graves constituent « la première maladie qui affecte les exilés passés par le Comede, bien loin devant le Vih et la tuberculose », d’après le Comede. Et de poursuivre : « Chez les exilés récemment arrivés en France, les psychotraumatismes résultent en premier lieu des causes ayant provoqué leur départ, ainsi que des conséquences immédiates de l’exil. »
Sur les 5 000 personnes reçues en consultation médicale au Comede entre 2012 et 2016, originaires pour la grande majorité d’Afrique et d’Asie du Sud, 14 % ont été victimes de torture et 13 % de violences liées au genre et à l’orientation sexuelle (viols, mariages forcés, excisions…).
Ces violences entraînent des difficultés à s’insérer socialement. Le Comede remarque que 81 % étaient dépourvus de protection maladie, 38 % ne pouvaient pas communiquer en français, 23 % ne pouvaient pas manger à leur faim. S’ajoutent à ce tableau des difficultés administratives, voire le rejet de la demande d’asile qui peut être lui-même la conséquence de ces troubles psychiques. Les exilés se retrouvent alors dans un cercle vicieux.
Le cri d’alarme du Comede
Arnaud Veïsse, du Comede, demande expressément que soit amélioré l’accueil des exilés en France, et plus spécifiquement l’accès à la santé mentale et à l’interprétariat.
« Souvent, les structures de santé publique nous renvoient des patients en disant qu’elles ne sont pas spécialisées dans le soin aux exilés. En réalité, elles manquent de temps et de moyens. »