Joël Vignaud appelle les adhérents à s'exprimer sur la Sécurité sociale

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La Mcrn s’inquiète pour l’avenir de la Sécurité sociale. Elle en débattra le 19 novembre prochain, à la salle de la manufacture de Nantes. Joël Vignaud,son président, appelle les adhérents à faire part, dès aujourd’hui, à la mutuelle de leurs réflexions.

Pourquoi la Mcrn prend elle l’initiative d’un débat public sur un sujet aussi global que la Sécurité sociale ? Et pourquoi demander à ses adhérents de s’en saisir dès à présent ?

Parce qu’il y a urgence à se poser à nouveau les bonnes questions, alors que des réformes sont en cours comme celle du « reste à charge zéro (Rac 0) », que les tarifs des mutuelles augmentent et que l’on nous parle aussi d’évolution de notre système de Sécurité sociale. Nos adhérents nous interrogent beaucoup. C’est le grand flou. Il se dit parfois n’importe quoi : par exemple, que le Rac 0 s’appliquerait à tout, alors qu’il ne touche que trois prestations (optique, dentaire et audioprothèses). Ils ont besoin d’informations précises, et nous devons leur donner des armes pour faire face à tout cela. La Sécurité sociale continue d’être fragilisée. Un des exemples en est l’extension continue des exonérations de cotisations sociales sur les salaires. C’est pourtant sur elle que repose le financement de la Sécurité sociale. En plus, le budget de la Sécu risque d’être de plus en plus intégré à celui de l’Etat. Nous avons besoin de débattre de tous ces sujets et de le faire avec nos partenaires, la Fédération des mutuelles de France et d’autres, dans le cadre du mois de l’économie sociale et solidaire. Car pour nous, la Sécurité sociale est en train de disparaître.

N’est-ce pas une vision un peu sombre de la situation ?

La Sécurité sociale rembourse de moins en moins. Pour un domaine où la Sécurité sociale se met à mieux rembourser (l’audioprothèse) combien de charges continuent d’être transférées vers les mutuelles ? Il y a de plus en plus de dépassements d’honoraires, qui réduisent l’accès aux soins. Certains ne peuvent plus se les payer. Il est temps selon nous de prendre un peu de hauteur et de voir ensemble quelles solutions trouver pour continuer de garantir l’accès aux soins à tous. Le 19 novembre, nous aurons donc deux sous-débats : l’un sur l’avenir de la Sécurité sociale ; l’autre sur le renoncement aux soins.

S’agit-il d’imaginer comment demeurer une mutuelle avant tout « solidaire » ?

Oui. Il y a sans doute de nouvelles pistes à trouver pour nous adapter à la réalité en continuant à défendre le plus de solidarité possible en matière de santé. Nous continuerons de proposer un haut niveau de prestations pour une cotisation donnée grâce, en particulier, à des frais de gestion maîtrisés. Mais les adhérents et nos partenaires peuvent avoir d’autres suggestions à nous faire. Car peut-on vraiment imaginer une France sans Sécurité sociale ? Il n’est pas envisageable de laisser le financement de la santé au secteur privé. C’est la porte ouverte au renoncement aux soins. Ce serait l’accès à la santé en fonction des revenus. Nous ne dirons jamais assez que cette santé n’est pas une marchandise ! l

Hubert Heulot