Le Sénat s’est prononcé, mercredi 1er février, pour l’inscription dans la Constitution d’une « liberté d’avorter ». Un véritable revirement après un rejet à l’automne dernier.
C’est une porte que le Sénat laisse ouverte quant à l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. La vénérable institution s’est prononcée pour l’inscription dans la Constitution de la « liberté de la femme » de recourir à l’interruption volontaire de grossesse.
La « liberté de la femme » de recourir à l’IVG
Le Sénat a voté, par 166 voix contre 152, pour inscrire dans la Constitution la « liberté de la femme » de recourir à l’IVG. On le voit, le texte voté ce 1er février abandonne la notion de « droit à l’IVG » chère à la gauche. Car l’ancien texte « ne proposait qu’une solution illusoire aux difficultés concrètes d’accès à l’IVG ». La gauche a tout de même qualifié d’« historique » le vote du Sénat. C’est le sénateur républicain Philippe Bas, un proche de Simone Veil, qui a porté et réécrit l’amendement. Préférant le terme de « liberté » plutôt que de « droit ». Un premier pas vers la constitutionnalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Le débat fut passionné au sein de la chambre haute (à majorité de droite), avec l’irruption de militantes féministes criant « protégez l’IVG » lors de l’intervention du sénateur d’extrême droite Stéphane Ravier.
A droite, les sénateurs dénoncent le caractère « superfétatoire » de l’amendement. « Le droit à l’IVG n’est pas menacé dans son existence même en France par aucune formation politique », estiment-ils. « La Constitution n’est pas faite pour adresser des messages symboliques au monde entier. »
Et après ?
Le texte devra passer une nouvelle fois à l’Assemblée. Les députés auront à se prononcer sur cette formulation, « la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse ». Si l’Assemblée vote contre, la proposition de loi sera enterrée. Si elle vote pour, Emmanuel Macron soumettra le texte à référendum. On ne peut pas faire adopter une telle proposition de loi constitutionnelle par le Parlement réuni en Congrès. Autre possibilité pour inscrire l’IVG dans la Constitution : passer par un projet de loi. A la différence d’une proposition de loi issue du Parlement, explique le Conseil constitutionnel, le projet émane directement du gouvernement et peut être adopté par le Congrès, sans référendum.