La Cour suprême des Etats-Unis révoque le droit constitutionnel à l’avortement

Jeune femme manifestant pour le droit à l'avortement devant la cour suprême des Etats-Unis à Washington
Jeune femme manifestant pour le droit à l'avortement devant la Cour suprême des États-Unis à Washington.

 

C’est un véritable coup de tonnerre : la Cour suprême des Etats-Unis a révoqué, vendredi 24 juin, le droit constitutionnel à l’avortement, laissant chaque Etat libre de l’interdire ou de l’autoriser.

Un recul historique

Cette volte-face attendue, depuis que Donald Trump, ancien président, avait nommé trois juges très conservateurs, est néanmoins historique. La Cour suprême des Etats-Unis a enterré, vendredi 24 juin, un arrêt qui, depuis près d’un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter.

En conséquence, chaque état aura en son sein, le pouvoir de l’interdire ou de l’autoriser. Cette décision est un recul, puisqu’il renvoie les Américaines à la situation d’avant l’arrêt emblématique « Roe v. Wade » de 1973, quand chaque Etat était libre de les autoriser ou non.

La constitution n’interdit pas à chaque Etat de réglementer ou d’interdire l’avortement, mais rend ce pouvoir au peuple et à ses représentants élus.

La Cour suprême des États-Unis.

Beaucoup d’Américaines ont le sentiment que leurs filles et petites-filles ne bénéficieront pas des mêmes droits pour lesquels elles se sont battues.

La principale organisation de planning familial promet de continuer à lutter aux côté des Américaines. Et l’ancien président démocrate Barack Obama accuse la Cour suprême d’avoir « attaqué les libertés fondamentales de millions d’Américaines ».

La santé des femmes les plus précaires en danger

Depuis la décision de la Cour suprême, déjà 26 Etats, surtout dans le Sud et le centre, plus conservateurs et religieux, sur les 51, pourraient interdire l’IVG. Des cliniques sont déjà fermées.

Près de 50 % des femmes ayant recours à une interruption de grossesse vivent sous le seuil de pauvreté et les femmes noires et hispaniques sont surreprésentées (29 % et 25 % respectivement). La décision de la Cour suprême va donc les pénaliser davantage, soulignent les défenseurs du droit à l’avortement.

Plus de 93 0000 avortements ont été recensés en 2020 aux Etats-Unis, un rebond récent après trente ans de baisse continue. 

Institut Guttmacher, statistiques USA.

Après le droit à l’avortement, d’autres libertés devraient être remises en cause par la très austère Cour suprême : le droit à la contraception, au mariage homosexuel…

Alors que, dernièrement, la Cour suprême a consacré le droit de porter une arme en public, les Etats-Unis apparaissent comme une nation très fracturée.

A noter, en France : la cheffe de file des députés du groupe Renaissance (ex-LREM), Aurore Bergé, a annoncé le dépôt d’une proposition de loi pour inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution française.