Début janvier, le nouveau président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Arnaud Robinet, était invité par l’Association des journalistes de la presse sociale (Ajis) à rencontrer la presse. En tant que représentant des hôpitaux et des établissements médico-sociaux publics, le responsable de la FHF est notamment revenu sur le « plan santé » récemment annoncé par le chef de l’État. Il a également alerté, une nouvelle fois, sur l’aggravation de la crise du système de santé…
« Vu l’ampleur des annonces, il va falloir un calendrier précis concernant leur mise en œuvre. Et pour l’instant nous n’avons toujours aucune information à ce sujet. » Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Arnaud Robinet, réagit au « plan santé » annoncé par Emmanuel Macron lors de ces vœux aux soignants, le 6 janvier 2023.
« Nous attendons de voir la mise en place de ces annonces »
Fin de la tarification à l’acte (T2A), augmentation du nombre d’assistants médicaux, certaines des mesures affichées par le chef de l’État vont dans le sens de ce que réclamait la FHF, et les hôpitaux et établissements médico-sociaux publics qu’elle représente. Mais devant les médias réunis par l’Association des journalistes de la presse sociale (Ajis) en janvier, la FHF précise aujourd’hui « attendre de voir les actes et la mise en place de ces annonces ».
Aucun projet de loi, aucune réglementation
Face aux échéances annoncées par le président de la République pour la concrétisation de ces mesures, dès la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) et même avant l’été pour certaines d’entre elles, Arnaud Robinet semble dubitatif… « Si on parle de la suppression du tout T2A, il va falloir aller très loin dans la réorganisation du système de santé. Et peut-être même envisager un grand vecteur législatif ? » Mais pour l’instant, aucun projet de loi, ni de nouvelle réglementation n’a été proposé.
« Tout ce que la T2A ne finançait pas »
La FHF rappelle d’ailleurs qu’il faudra veiller à ce que le nouveau système de financement prenne en compte « tout ce que la T2A ne finançait pas. C’est-à-dire les coopérations médicales, l’éducation thérapeutique et les actions de préventions… C’est en ça que les réformes de financement sont vraiment nécessaires. »
Aggravation de la crise du système de soins
Après avoir réagi aux annonces présidentielles, Arnaud Robinet a également tenu a insister sur l’aggravation de la crise du système de soins. « Et parmi les sujets les plus urgents, il y a celui de la permanence des soins. En raison des nombreux établissements privés qui ferment leurs services d’urgences. Dans le Grand Est par exemple, c’est le cas dans les trois grandes villes de la région, Strasbourg, Nancy et Reims. Pour une question de rentabilité financière due au manque de personnels. Contrairement à l’hôpital public qui, en pareil cas, réorganise intégralement ses services. Or, il faut qu’il y ait une solidarité entre les acteurs du monde de la santé. »
Dette de santé publique
Le président de la FHF rappelle également que depuis le début de la crise sanitaire, 85 % des patients Covid ont été pris en charge à l’hôpital public. « Ce qui en découle aujourd’hui, c’est une dette de santé publique en raison des 3 millions de séjours hospitaliers qui n’ont pas été honorés suite aux déprogrammations. La situation risque vraiment d’exploser. Et d’ailleurs les hôpitaux n’ont toujours pas retrouvé leur activité d’avant la pandémie. »
Urgence financière
La Fédération hospitalière de France alerte également sur l’urgence financière qui frappe les établissements publics. Et notamment la question de l’énergie et de l’inflation, ainsi que la revalorisation du point d’indice de la fonction publique qui impacte le budget des hôpitaux. « Aujourd’hui la situation financière des établissements est inquiétante. Ils ne peuvent plus envisager de projets d’investissements pour se moderniser ni pour l’innovation ou la recherche… L’enveloppe qui nous été accordée en 2021 lors du Ségur de la santé ne correspond plus à la conjoncture actuelle. Le gouvernement avait alors attribué 19 milliards d’euros. Force est de constater qu’il en faudrait 30 ou 40 % de plus pour pouvoir répondre à l’inflation et à la hausse des matières premières. »
30% de postes vacants chez les praticiens hospitaliers
La Fédération hospitalière de France a rappelé que de nombreux postes de praticiens hospitaliers n’étaient pas pourvus dans les hôpitaux et les établissements médico-sociaux publics. 30 % de ces postes sont en effet vacants. Parmi les spécialités les plus touchées figurent l’ophtalmologie (48,4 % de postes vacants), la radiologie (46 %) et l’anesthésie et réanimation (40,5 %).