« Il faut arrêter la psychose autour des comprimés d’iode », pour Pierre Béguerie de l’Ordre national des pharmaciens

En cas d’accident nucléaire, les comprimés d’iode permettent de protéger la thyroïde d’une contamination radioactive. ©Francois HENRY/REA
En cas d’accident nucléaire, les comprimés d’iode permettent de protéger la thyroïde d’une contamination radioactive. ©Francois HENRY/REA

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les comprimés d’iode font l’objet d’un emballement médiatique, voire d’une véritable psychose. Or, il est inutile de chercher à se procurer ces pastilles, qui permettent de protéger la thyroïde en cas de contamination radioactive. Car seules les autorités compétentes peuvent ordonner la prise de ce médicament. Pierre Béguerie, président du conseil central de l’Ordre des pharmaciens détaille le protocole en vigueur.

A quoi servent les comprimés d’iode ?

Pierre Béguerie : En cas d’accident nucléaire, l’iode radioactif diffusé peut se fixer sur la thyroïde. Ce qui augmente le risque de cancer. La prise de comprimés d’iode dit « stable » permet de saturer la glande thyroïdienne. Et de limiter ainsi l’absorption d’iode radioactif par la thyroïde, et le risque de maladie cancéreuse associé.

L’emballement médiatique autour de ce médicament a-t-il eut des répercussions en pharmacie ?

P. B. : En effet, nous constatons une recrudescence des demandes de comprimés d’iode. Or, il faut arrêter cette psychose. Tout d’abord parce qu’aucun pharmacien en France ne dispose actuellement de ce médicament. Sa distribution et sa prise ne peuvent être décidées que par les autorités compétentes. Et il inutile, voire dangereux, d’en prendre de façon préventive. En effet, pour être efficaces, ces pastilles doivent être ingérées dans les 6 à 12 heures suivant l’exposition radioactive. 

Dans quels cas ces pastilles peuvent-elles être distribuées ?

P. B. : Les Français résidant près d’une centrale nucléaire, dans un rayon de 20 kilomètres, disposent de comprimés d’iode distribués de manière préventive dans le cadre de campagnes nationales. En cas d’accident nucléaire, le plan ORSEC (Organisation de la réponse de sécurité civile) Iode prévoit une distribution d’urgence aux populations concernées. L’État possède aujourd’hui les stocks nécessaires pour approvisionner tous les Français.

Est-t-il utile d’envoyer des comprimés d’iode aux Ukrainiens ?

P. B. : De manière générale, un particulier ne doit pas envoyer de médicaments aux populations en difficultés. Il en va de même pour les comprimés d’iode. Il est plutôt recommandé de soutenir financièrement les associations humanitaires compétentes sur le sujet et habituées aux approvisionnements pharmaceutiques comme Médecins sans frontières, Médecins du monde, Action contre la faim, La Croix Rouge française, Première urgence internationale…  

Le gouvernement français envoie des pastilles d’iode à l’Ukraine

Dimanche 6 mars 2022, au neuvième jour de la guerre en Ukraine, le ministre des Affaires étrangères est interviewé sur France 2. Lorsqu’on lui demande si la France a fait parvenir des comprimés d’iode à l’Ukraine, Jean-Yves Le Drian confirme. « Nous avons envoyé différents produits médicaux », précise-t-il. Sur BFM TV, l’ambassadeur de France en Ukraine, Etienne de Poncins a expliqué que le gouvernement allait en effet fournir « 2,5 millions de doses d’iode » à la population ukrainienne.