8 mars : femmes et santé, des progrès à faire

Gros plan d'une jeune femme noire se prenant la tête à deux mains
Les femmes sont-elles l'angle mort de la santé ? 123RF©

Les femmes ont longtemps été considérées uniquement du point de vue de leur appareil reproducteur. On a oublié, qu’elles avaient un cœur, des artères, des poumons… Résultat ? Aujourd’hui encore, elles sont traitées de façon inégalitaire. Ce qui va jusqu’à mettre leur vie en danger. Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, est l’occasion de faire le point sur leur santé.

Prenons les maladies cardiovasculaires, par exemple. Elles sont, en France, la première cause de mortalité chez les femmes.

Les femmes, moins bien prises en charge

« Leurs symptômes sont méconnus, voire ignorés. Elles sont moins bien diagnostiquées et moins vite soignées », s’insurge la cardiologue Claire Mounier-Vehier. Pourquoi ?

Nous avons des préjugés ! Quand un homme se sent oppressé, on lui propose un électrocardiogramme. Quand c’est une femme, on lui prescrit des anxiolytiques. Une perte de chances considérable pour elle.

Claire Mounier-Vehier, cadiologue

Quid des médicaments ?

Est-ce un hasard si la plupart des scandales sanitaires liés à des médicaments (Mediator, Androcur…) concernent les femmes ? Sans doute parce que les essais cliniques sont en majorité réalisés sur les hommes. Même la douleur n’est pas appréhendée de la même façon.

Si l’on s’en réfère à la littérature scientifique, « un corps de femme va de pair avec des souffrances, des petits maux ou des grandes douleurs », explique Muriel Salle, historienne, et co-autrice du livre Femmes et santé, encore une affaire d’hommes (éd. Belin, 2017, 6,50 €).

Une souffrance « normale »

L’exemple des douleurs de règles est emblématique. Pour certains médecins, il serait normal que les femmes souffrent.

« J’expliquais que j’avais vraiment très mal pendant mes règles. J’ai attendu sept ans avant que l’on me diagnostique une endométriose », explique Mélanie, 30 ans. De façon générale, la prise en charge de la douleur chez les femmes est plus tardive que chez les hommes. Elle aurait le temps de s’installer jusqu’à devenir chronique, voire neuropathique.

« En 2018, une étude constate qu’en France, entre 2013 et 2015, les malades atteints de douleurs chroniques étaient majoritairement des femmes », révèle la journaliste Ariane Puccini dans son livre Mauvais Traitements, pourquoi les femmes sont mal soignées (éd. du Seuil, 2020, 18 €).

On avance

Aujourd’hui, 43 % des étudiants en médecine sont des étudiantes*. Cette présence féminine améliorera- t-elle la qualité des soins dispensés aux patientes ? On peut espérer que oui. Les femmes médecins poseront sur elles un regard différent. Il faudrait qu’elles accèdent aux postes de décision. Pour le moment, « elles n’occupent que 32 % des postes hospitalo-universitaires. Et plus on monte dans la hiérarchie, moins elles sont nombreuses », remarque Ariane Puccini. Les patientes elles-mêmes sont actrices du changement. Elles parlent de leurs douleurs, de la charge mentale, de la précarité. Elles connaissent mieux leur corps et se font entendre par les médecins et les autorités sanitaires. Est-ce qu’un jour, en France et partout dans le monde, les femmes ne mourront plus parce qu’elles sont des femmes ?

*Chiffres Conseil national de l’ordre des médecins, 2018.

OUBLIÉES DES ESSAIS THÉRAPEUTIQUES

L’essai clinique est une étude destinée à tester in vivo l’efficacité d’une molécule et sa tolérance par les patients. Or, seulement 33,5 % des participants sont des femmes. Dans la recherche sur le sida, le chiffre tombe à 15 % alors qu’elles représentent la moitié des nouveaux cas dans le monde et qu’elles pourraient subir jusqu’à sept fois plus d’effets secondaires que les hommes. Elles sont aussi sous-représentées pour les tests de traitement des maladies cardiaques, alors qu’elles sont très touchées par ces troubles.