Suite au Congrès de Brest qui a réuni en octobre dernier les militants des Mutuelles de France et alors qu’une nouvelle année particulièrement difficile s’annonce pour les Français, Jean-Paul Benoit, président de la Fédération des Mutuelles de France, lance les conférences numériques thématiques. Ces moments d’échanges, de débats et de réflexion permettront de construire la feuille de route 2021-2023 de la Fédération. Quatre thèmes ont été retenus : « Agir en mouvement social » le 28 janvier, « Agir contre les discriminations » début février, « Construire le militantisme mutualiste de demain » début mars, et « Réinventer les lieux mutualistes : l’exemple des tiers lieux », mi-mars*.
Quelle analyse et bilan tirez-vous de l’année 2020 ?
Une année d’épreuve et de prise de conscience ! La crise à multiples facettes engendrée par la pandémie de Covid-19 a fortement, et parfois dramatiquement, transformé nos vies à tous, tous les jours. Mais nombreux sont ceux qui, au travers de cette expérience singulière, ont pris conscience que la santé n’est décidément pas une marchandise. Pour nous, mutualistes, 2020 a été une année de forte mobilisation. D’abord pour faire face à la crise sociale et sanitaire. Ensuite parce que nous avons travaillé pour préparer et tenir notre congrès à Brest. Un beau et utile rassemblement, dans le strict respect des consignes sanitaires ! Nous avons pu débattre ensemble de notre place dans le mouvement social pour la justice et l’égalité, de la lutte contre les discriminations, toutes les discriminations, du militantisme de demain pour la mutualité et le droit à la santé, de l’avenir des espaces mutualistes.
Qu’espérez-vous pour cette année qui commence ? Etes-vous optimiste ?
Si être pessimiste, c’est se laisser submerger par les difficultés de l’époque, ce n’est pas une option quand on est militant. Mais nous devons regarder notre époque les yeux ouverts. C’est utile car, je le répète, cette pandémie nous conduit à de nombreuses prises de conscience. Les enjeux économiques et humains autour des vaccins révèlent un pan de l’économie de la santé qu’il était difficile de mettre au jour. Or, on commence à voir des débats sur les profits qui vont être générés par la crise en général et les vaccins en particulier, sur les inégalités révoltantes entre les pays riches et ceux qui le sont moins et qui restent privés de vaccins. L’expérience du confinement nous amène à comprendre le lien entre protection sociale et libertés individuelles. C’est parce que nous ne sommes pas assez en « sécurité sociale » – parce que nous avons trop appauvri l’hôpital, par exemple – que nos libertés d’aller et de venir ont été limitées avec le confinement et le couvre-feu. Si je souhaite quelque chose, c’est bien que ces prises de conscience se poursuivent, s’approfondissent, et qu’elles puissent nous conduire collectivement vers les changements nécessaires. Nous y travaillons.
« C’est maintenant que notre société a besoin des militants mutualistes, de leurs réflexions, de leur expertise. »
La Fédération des mutuelles de France va organiser une série d’ateliers thématiques. Pouvez-vous nous en parler ?
Ces changements nécessaires pour tourner le dos au libéralisme débridé de ces quatre dernières décennies sont d’une telle ampleur qu’ils ne s’improvisent pas. Ces réflexions doivent prendre place dans la feuille de route 2021-2023 de la Fédération que nous devons bâtir à la suite des débats de notre congrès de Brest. C’est pourquoi nous organisons dans les semaines qui viennent quatre conférences numériques thématiques : « Agir en mouvement social » cette semaine, « Agir contre les discriminations » début février, « Construire le militantisme mutualiste de demain » début mars, et « Réinventer les lieux mutualistes : l’exemple des tiers lieux » mi-mars*. Des commissions seront constituées à la suite des trois dernières conférences numériques. Elles devront poursuivre le travail sur chacun des sujets avec, un rendez-vous d’étape, avant l’été, une conférence nationale des Mutuelles de France. Nous verrons quelle forme elle aura suivant la situation sanitaire du moment. Car nous devons nous adapter à ces conditions aussi. Mais ce n’est pas une raison pour attendre que ça passe, pour arrêter de militer, au contraire. C’est maintenant que notre société a besoin des militants mutualistes, de leurs réflexions, de leur expertise. Nos groupements sont nés de la volonté de salariés, de travailleurs de s’organiser pour se protéger des aléas de la vie, pour avoir accès à la santé sans barrière financière ou d’autres natures, pour mettre en œuvre les solidarités nécessaires. Y a-t-il autre chose à l’ordre du jour désormais ?
* Jeudi 28 janvier 2021, de 9 h 30 à 12 h 30 : débat d’actualité générale, « Agir en mouvement social et défendre le modèle de protection sociale solidaire » et présentation du projet de plateforme de propositions. Mercredi 10 février 2021, de 9 h 30 à 12 h 30 :« Agir au quotidien contre les discriminations ». Mardi 2 mars 2021, de 14 h à 17 h :« Construire le militantisme mutualiste de demain ». Jeudi 18 mars 2021, de 14 h à 17 h :« Réinventer les lieux mutualistes : l’exemple des tiers lieux ».