Carole Hazé : « L’“ étude ” Que Choisir ne résiste pas à l’épreuve des faits »

Carole Hazé
Carole Hazé

Carole Hazé, présidente de Solimut mutuelle de France revient sur “ l’enquête ” de l’UFC Que Choisir concernant l’augmentation des tarifs des mutuelles. « Des positionnements démagogiques », assure-t-elle, en montrant comment les chiffres avancés ne correspondent pas à la réalité mutualiste. Comme le prouve l’étude réalisé par la Mutualité française.

Comment réagissez-vous à « l’enquête » du magazine Que choisir sur « l’inflation » des tarifs pratiqués par les « mutuelles » ?

Nous ne sommes plus surpris, depuis longtemps, par la publication de ce type « d’enquêtes » farfelues par Ufc Que choisir, enquêtes qui reviennent de façon saisonnière comme certains virus. Elle correspond d’ailleurs à l’idéologie dont fait montre l’association envers les complémentaires santé et de sa conception de la société dans sa globalité.

« l’UFC Que Choisir agit en cheval de Troie du libéralisme exacerbé, de la concurrence à outrance et de l’individualisme forcené. »

Carole Hazé, présidente de Solimut Mutuelle de France

Loin de toute neutralité, dont elle se revendique pourtant, l’Ufc Que Choisir agit en cheval de Troie du libéralisme exacerbé, de la concurrence à outrance et de l’individualisme forcené.

Cette « étude » ne résiste pas à l’épreuve des faits dès que l’on analyse la méthodologie retenue par l’Ufc. Pire, elle va à l’encontre des intérêts qu’elle prétend défendre auprès de ses membres et des lecteurs du magazine.

Pourquoi les chiffres avancés sont-il faux ?

Premièrement en matière de méthodologie retenue. L’appel à contribution lancé par Ufc Que choisir n’a reçu que 623 réponses sur une soixantaine de millions de personnes couvertes. Cet échantillon, trop faible, ne peut décemment pas être considéré comme significatif. A titre de comparaison, l’enquête menée par la Mutualité française   a été menée auprès de 32 mutuelles couvrant 13,9 millions de Français.

De plus, la méthode n’apporte aucune garantie de la moindre représentativité de l’échantillon. Que choisir demande aux personnes qui le veulent de lui envoyer le prix de leur complémentaire ; le nombre de réponse est anecdotique par rapport même au nombre de lecteurs de la revue ; il y a donc toute les chances que les seules personnes qui répondent soit les mécontentes. C’est un biais qui enlève toute signification à la soi-disant « augmentation médiane » qu’ils ont calculée. N’importe quel statisticien vous dira que ce n’est pas sérieux.

« Que Choisir finit de décrédibiliser sa pseudo-étude en confondant volontairement augmentation des cotisations et effet d’âge. »

Carole Hazé, présidente de Solimut Mutuelle de France

Et non content d’appuyer leurs calculs sur des données inconséquentes, Que Choisir finit de décrédibiliser sa pseudo étude en confondant volontairement augmentation des cotisations et effet d’âge. On comprend ainsi pourquoi, sans cette entourloupe, ils arriveraient, comme ils le reconnaissent eux-mêmes au même taux d’évolution que celui annoncé par la Mutualité, aux alentours de 2,5 %, conforme à l’évolution des dépenses de santé. Mais cela ferait peut-être moins le buzz et serait donc moins vendeur. Concernant les effets d’âge, les vraies mutuelles ont toujours défendu le principe de cotisations assurant la solidarité intergénérationnelle et limitent drastiquement les évolutions de cotisations. Rappelons que la tarification selon l’âge de la personne couverte a été introduite par les assurances et s’est généralisé par les mécanismes de concurrence sauvage. Soit exactement ce qu’appelle de ses vœux Ufc Que Choisir.

Selon Que Choisir toujours, les cotisations augmenteraient plus que l’inflation. Cette affirmation est un non-sens économique car les adhérents mutualistes ne cotisent pas pour acheter du pain ou des chaussures, mais pour que leurs dépenses de santé soient couvertes. C’est donc l’indicateur de l’évolution des dépenses de santé qu’il faut regarder et non pas l’inflation. Et celui-ci progresse de 2,4 points cette année pour plusieurs facteurs dont notamment le vieillissement de la population, le progrès technique et le coût des médicaments innovants.

Pour répondre à l’obligation d’équilibre entre cotisations et prestations qui leur incombent, les mutuelles ne peuvent que répercuter la hausse des dépenses de santé sur les cotisations des adhérents. Cette année, les moindres dépenses de santé engendrées par le confinement auraient pu permettre d’absorber la hausse des dépenses de santé, or elles ont été confisquées par le gouvernement avec la taxe Covid qu’il a instaurée.

Dans cette « enquête », Que choisir appelle « mutuelle » l’ensemble des complémentaires santé ? En quoi les mutuelles sont-elles différentes des assurances ?

Une mutuelle est une société de personnes à but non lucratif, sans actionnaire à rémunérer. Contrairement aux sociétés d’assurances qui ont pour but le profit, les mutuelles répondent à une ambition sanitaire et sociale de façon solidaire, démocratique et transparente. Cela veut dire très concrètement que les cotisations des adhérents leur reviennent toujours, que ce soit sous la forme de remboursement de leurs soins  ou en termes d‘actions de prévention, d’offre de soins mais aussi d’accompagnement solidaire.

« Nous aimerions que l’UFC lutte à nos côtés
contre les taxes sur la santé »

Carole Hazé, présidente de Solimut Mutuelle de France

L’Ufc Que Choisir se plaît à rappeler que les cotisations sont amputées des frais de gestion des mutuelles. Nous aimerions que l’Ufc lutte à nos côtés contre les taxes sur la santé qui grèvent le pouvoir d’achat des mutualistes et qui sont équivalentes à deux mois de leurs cotisations annuelles, mais soit, parlons des frais de gestion. Non seulement les frais de gestion des mutuelles sont en baisse de 1,4 % en 2019, mais ils sont également inférieurs aux frais de gestion des assureurs.

Contrairement aux fake news que propage Que Choisir, les mutuelles limitent drastiquement leurs dépenses de communication, malgré la concurrence des assureurs privés.  Et nous avons dénoncé la mise en œuvre de la résiliation infra-annuelle sur les contrats de couverture santé car elle va, entre autres dégâts, conduire les complémentaires santé à augmenter ces budgets. Cette réforme, défendue vigoureusement par Que Choisir, au nom du sacro-saint principe selon lequel la concurrence à tout-va fait baisser les coûts pour le consommateur, contribue au contraire à les augmenter.

Au-delà des préjugés consuméristes, en santé la concurrence génère du gaspillage, de l’inflation des coûts et l’accroissement des inégalités.

Si nous ne sommes plus surpris, nous sommes affligés des positionnements démagogiques d’Ufc Que Choisir. Tel le hamster dans sa roue, cette structure lutte inlassablement contre les effets qu’elle s’évertue à produire.