Bien vieillir à la maison

Vieillir à la maison, dans son environnement familier, c’est le souhait de la majorité des personnes âgées. Pour que ce soit possible, des aides peuvent être mises en place, qui permettent de rester chez soi, bien entouré…

« Lorsque mon père est devenu dépendant, il voulait malgré tout rester chez lui, confie Christine. Nous avons cherché des aides et la nouvelle organisation n’a pas été évidente à mettre en place. Mais maintenant, tout roule et sa santé s’en est trouvée améliorée. » Selon un sondage, 90 % des Français estiment que vieillir à la maison est la bonne solution, et la même proportion préfère « adapter son domicile dans le cas d’une dégradation physique liée à l’âge, plutôt que d’intégrer un établissement spécialisé ».

En effet, rester dans son environnement familier favorise l’équilibre psychologique et physique. On garde ses habitudes, ses amis, sa famille, on connaît les commerçants
du quartier et les lieux qui servent de repères. Et c’est moins cher qu’en maison de retraite
(en moyenne 1 800 € par mois au domicile, contre 2 400 € en Ehpad). Pour se sécuriser
et rassurer son entourage, le senior peut se munir d’un boîtier de téléassistance, qui permet de contacter des professionnels 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, en pressant un bouton situé sur un bracelet ou un pendentif. Ce service coûte environ 40 € par mois. Certains proposent aussi un suivi régulier par des appels au domicile.

Les aides à la vie quotidienne

Lorsqu’il devient diffi cile pour un senior de faire ses courses, d’entretenir sa maison ou de tenir un agenda avec les diff érents rendez-vous à honorer… il ne faut pas hésiter à chercher de l’aide pour assurer l’organisation de la vie quotidienne. Et c’est possible ! De nombreux services réalisés au domicile peuvent compenser la perte d’autonomie. « J’ai mis du temps à réaliser que je devais me faire aider, explique Maryse, quatre-vingt-neuf ans.
Mais maintenant, avec mes auxiliaires de vie, je suis plus autonome et moins fatiguée. » Concrètement, les soutiens sont multiples. Ils vont de l’aide au lever, au coucher, à l’habillage ou au déshabillage. Ces tâches sont eff ectuées par un(e) auxiliaire de vie. Le lit peut être médicalisé. Il faut en faire la demande auprès du médecin traitant et il sera pris en charge par l’assurance-maladie. L’auxiliaire de vie peut aussi assurer la toilette.
« C’est un instant essentiel de la journée, explique Céline, aide-soignante. Un moment intime et délicat car il ne s’agit pas seulement d’un acte d’hygiène. Tous les gestes sont importants pour préserver la pudeur et l’intimité. Nous sommes formés pour ça. »

Les courses, l’entretien de la maison, du linge, la préparation des repas, ainsi que les promenades, la gestion des papiers administratifs peuvent aussi faire partie des prestations.
Il est également possible de se faire livrer des repas tout préparés. De nombreuses communes assurent ce service. On peut en bénéficier de temps en temps ou régulièrement.
D’autres services se développent, comme la livraison de médicaments…

Les aides médicales

Lorsque l’état de santé de la personne âgée le nécessite, le médecin traitant peut prescrire des soins infirmiers ou de kinésithérapie à domicile. Dans le cadre du Plan Alzheimer,
le malade a droit à des séances avec un ergothérapeute, un orthophoniste, ou un psychomotricien. En tout, une quinzaine sont prises en charge par l’assurance-maladie.

Une coordination minutieuse

Toutes ces aides requièrent une bonne coordination de la part des intervenants, souvent nombreux, qui défilent au domicile de la personne âgée. Et quand le senior n’est plus capable de s’organiser, la famille ou les proches sont un précieux renfort.
« Je gère le planning de ma mère mais j’avoue que la coordination me demande une vigilance de tous les instants et une sacrée organisation », remarque Isabelle.
Une solution ? « Il faudrait que les personnes âgées dépendantes aient une tablette
numérique où chaque intervenant puisse noter ses prestations et ses remarques.
Et que le tout soit transmis aux services concernés, propose Anne, infirmière à domicile. Ainsi, tout le monde serait informé en temps réel. »
Peut-être bientôt une réalité…

Le financement

•Tous ces services à la personne coûtent cher. L’allocation personnalisée d’autonomie (Apa)
apporte une aide fi nancière partielle ou totale en fonction des revenus. Le plafond et le barème ont été revalorisés en 2016. (Calculez vos droits sur www.service-public.fr)
• Si le senior n’a pas le droit à l’Apa ou si l’aide est insuffi sante, il doit assurer lui-même
le fi nancement des prestations.
• A noter que l’emploi d’un salarié à domicile donne droit à une réduction d’impôt égale
à 50 % des dépenses engagées. Si la personne âgée décide d’employer un salarié elle-même,
il faudra s’occuper du recrutement, du contrat de travail, des bulletins de paie, des déclarations à l’Urssaf. Le système du chèque emploi service universel (Cesu) allège ces démarches administratives.
• Pour plus de simplicité, des associations ou entreprises prestataires peuvent fournir un salarié, la personne n’aura plus qu’à payer la facture au prestataire. Les caisses de retraite
gèrent également un fonds d’action sociale destiné à apporter de l’aide à leurs allocataires.

Où se renseigner ?
•Pensez à contacter votre mutuelle, certaines proposent des solutions pour les aînés…
• Centre communal d’action sociale (Ccas)
• Service de soins infirmiers à domicile (Ssiad) de sa commune
• Association nationale des coordinateurs et coordinations locales (Anc-Clic)
• Caisses de retraite (fonds d’action sociale)

Adapter son logement

Bien vieillir chez soi, c’est aussi adapter son logement. Car, chaque année, environ
10 000 personnes âgées de plus de 65 ans décèdent des suites d’une chute. Et même quand le senior n’est que blessé, sa chute a un impact sur sa condition physique et psychologique.
Il devient plus vulnérable. Comment s’y prendre pour équiper son logement ? Un ergothérapeute peut se révéler très utile (la visite peut être financée par la caisse de retraite). Il viendra au domicile pour évaluer les risques du logement, envisager des équipements plus adaptés et donner des conseils. Par exemple, le logement doit être bien éclairé, les sols pas trop glissants (attention aux parquets cirés ou au carrelage). Les tapis doivent être fixés au sol par de l’adhésif. Les portes assez larges pour permettre le passage d’un fauteuil roulant.
Quelles installations ?
Des rampes ou des barres d’appui peuvent être fixées pour faciliter les déplacements. Pour l’escalier que l’on a du mal à monter, le monte-escalier est une solution, mais qui reste chère : entre 3 000 et 8 000 €. La cuisine doit être sécurisée. Il vaut mieux supprimer
le gaz et s’équiper de plaques électriques et vérifier que les rangements sont à la bonne hauteur et accessibles. La salle de bains est une pièce importante. Les douches à l’italienne (de plain-pied) avec un siège sont plus faciles d’accès que les baignoires. On peut toutefois faire installer une baignoire à siège et/ou à porte, mais cette solution est onéreuse (entre 3 000 et 10 000 €). La chambre doit être confortable. Le lit peut être doté de rehausseurs à glisser sous le matelas pour faciliter le passage de la position assise à la station debout. Il
existe des lits électriques pour régler la hauteur. Les lits médicalisés sont la meilleure solution et la moins chère, puisque remboursés par l’assurance-maladie. La table de
nuit doit
être stable, le chemin vers les toilettes dégagé.
A quel prix ?
Les équipements sont chers mais les frais ouvrent droit à une réduction d’impôt de 25 % de la dépense, plafonnée à 5 000 € pour une personne seule et à 10 000 € pour un couple. L’Agence nationale de l’habitat, la Caisse nationale d’assurance vieillesse ou les caisses de
retraite complémentaire peuvent proposer des aides.

• Un guide gratuit pour adapter son domicile est disponible
en ligne sur www.anah.fr ou auprès des caisses de retraite.

Les aides aux aidants

73 % des aidants ignorent l’éventail des aides possibles. Pourtant, la loi reconnaît désormais le statut d’aidant et a créé un « droit au répit ». Il donne à l’aidant les moyens de prendre du repos. Il peut financer, dans la limite de 500 € par an, le séjour de la personne dépendante
dans un accueil de jour ou de nuit, un hébergement temporaire…

Le montant de l’aide pourra être augmenté en cas de nécessité passagère, ou en cas d’hospitalisation du proche aidant.

Pour les salariés, la loi permet de prendre un « congé de proche aidant » de trois mois renouvelables, avec la possibilité de négocier un temps partiel avec l’employeur.

L’association France Alzheimer met à disposition des plates-formes de répit, où sont proposées une écoute attentive et de l’aide dans la gestion des situations du quotidien.
Renseignements sur www.francealzheimer.org

L’Association française des aidants propose des cafés ainsi que des formations. Renseignements sur www.aidants.fr

Les aidants familiaux, pivots du maintien à domicile

Ils sont aujourd’hui environ 8,3 millions en France, mais chacun d’entre nous peut un jour
être amené à devenir aidant. 53 % d’entre eux sont actifs. 55 % ont 50 ans et plus. 56 % sont des femmes. 4,3 millions aident une personne âgée vivant à domicile*. « Je travaille, j’ai encore mes enfants à charge et je m’occupe de mon père âgé, confie Pascale. Concilier mon travail, ma famille et mon activité d’aidante s’avère être une lourde charge. » Charge qui
peut avoir des répercussions sur la santé des aidants : 75 % se déclarent anxieux ou stressés. « Ils sont nombreux à penser qu’ils doivent tout gérer eux-mêmes, explique Florence Leduc, présidente de l’association française des aidants, alors qu’il est impératif qu’ils trouvent de l’aide en services et/ou en personnel.»

* Source : http://la journeedesaidants.fr

Témoignages

ÉMILIE, vingt-six ans, auxiliaire de vie.

❝ Je me sens utile en améliorant le quotidien de nos aînés ❞

« J’ai toujours adoré mes grands-mères, malheureusement, je ne les ai pas gardées longtemps. Aujourd’hui, j’en rencontre quotidiennement dans mon travail. Ce n’est pas tous les jours facile. Tout le monde ne vieillit pas de la même façon. Il y a certaines personnes qui sont désagréables mais d’autres qui m’apprennent beaucoup. Chaque jour est différent. Hier, je suis allée chez Jacqueline, quatre-vingt-douze ans. Elle a trouvé que j’avais un beau
vernis, alors je lui ai fait les ongles et nous avons beaucoup ri. Nous étions très gaies toutes les deux lorsque nous nous sommes quittées. Mais demain, je vais chez Roger, et je sais
que ma journée sera triste car sa santé décline et je dois lui apporter des soins qu’il ne souhaite plus. Malgré tout, j’aime mon métier car je me sens utile en améliorant le quotidien
de nos aînés. Mais il faudrait que notre travail soit beaucoup mieux pris en considération à tous les points de vue. »

LAURENCE, infirmière coordinatrice dans un service de soins infirmiers à domicile (Ssiad)

❝ Nous avons besoin de relais dans la famille ❞
« Avec le grand âge, les actes de la vie quotidienne deviennent de plus en plus difficiles à accomplir. Nous sommes là pour dispenser des soins et être à l’écoute de la personne, mais nous avons besoin de relais dans la famille, surtout quand le senior vit éloigné de ses proches. Il est primordial que nous puissions les joindre en cas de problème ou simplement
pour donner des nouvelles sur le déroulement du quotidien. Et aussi, que nous les rencontrions quand ils viennent rendre visite à leur parent, ou qu’ils soient présents lors de réunions que nous organisons dans notre service. Le bien-être des personnes âgées à leur domicile dépend du professionnalisme et de la bonne volonté de tous ces acteurs. »

* Sondage OpinionWay pour l’Observatoire de l’intérêt général réalisé auprès de 1 006 individus du 22 au 23 mars 2012.