Drame de Lampedusa : dix ans déjà

Bateau de migrants
Depuis 2022, gouvernement italien à majorité d’extrême droite entrave toutes les opérations des navires humanitaires. © 123 RF

Le 3 octobre 2013 a eu lieu l’un des plus grands naufrages touchant des migrants en mer Méditerranée. Cette tragédie a causé la mort d’au moins 368 personnes, dont 83 femmes et neuf enfants. La plupart des victimes venaient d’Érythrée et de Somalie.

Parti de Lybie deux jours plus tôt, le vieux chalutier sombrait, le 3 octobre 2013, à moins d’un kilomètre du rivage de la petite île de Lampedusa, en Sicile (Italie). Peu avant, un incendie s’était déclaré à bord de l’embarcation transportant plus de 500 migrants en provenance de la Corne de l’Afrique. Seulement 155 naufragés sont sauvés par les secours. Un bilan désastreux.

Depuis cette date, les accidents s’enchaînent, à l’image du naufrage qui a eu lieu en juin dernier au large des côtes grecques avec un bilan encore bien plus lourd : sur les 750 personnes à bord, seules 104 ont pu être secourues.

Au cœur de la souffrance

Lampedusa, un rocher de 20 kilomètres carrés situé à une centaine de kilomètres à l’est des côtes tunisiennes, constitue la première porte d’entrée en Europe pour les émigrants arrivant d’Afrique du Nord. Une île « pleine de douleur, qui porte le poids de l’indifférence du monde », pouvait- on lire sur une banderole accrochée dans une rue de Lampedusa, peu après le naufrage. Aujourd’hui, sur le site, les structures d’accueil sont débordées.

L’ONU estime que 1 417 migrants ont disparu en Méditerranée en 2022.

En juin dernier, le centre d’hébergement, d’une capacité de 350 places, accueillait plus de 1 400 personnes, d’après l’Organisation internationale des migrations (OIM). Et, depuis le mois d’octobre 2022, le gouvernement italien à majorité d’extrême droite entrave toutes les opérations des navires humanitaires, comme celles du Louise Michel financé par l’artiste britannique Banksy.

Un décret, entré en vigueur au début de l’année, oblige ces bateaux à effectuer un seul sauvetage à la fois, ce qui augmente le risque de décès en mer. L’ONU estime que 1 417 migrants ont disparu en Méditerranée en 2022.

Lampedusa, une île pleine de douleur, qui porte le poids de l’indifférence du monde.

Mairie de Lampedusa

La Cour européenne s’en mêle


En mars 2023, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné l’Italie pour « traitements dégradants » sur quatre ressortissants tunisiens arrivés à Lampedusa. L’Etat italien est aussi accusé de rétentions « dépourvues de base légale claire » et d’« expulsions collectives » sans appréciations individuelles.

La cour demande expressément à l’Italie de verser des dommages et intérêts aux plaignants. Déjà, en 2017, la CEDH avait été saisie par quatre autres migrants. Ces derniers dénonçaient des traitements « inhumains et dégradants », avant d’être renvoyés manu militari en avion vers la Tunisie.