Jeunes migrants isolés, l’école malgré tout 

jeunes migrants isolés Mutami
Les cours de TEC31 ont été hébergés temporairement dans les locaux de Mutami. ©DR

Livrés à eux-mêmes, les mineurs non accompagnés étrangers sont heureusement pris en charge par les associations. A Toulouse, c’est Tous-tes en classe qui leur propose des cours quotidiens. 

Ce vendredi 13 janvier aura porté chance à la centaine de jeunes migrants isolés qui ont trouvé refuge, depuis le 14 décembre, dans un bâtiment désaffecté de l’université Toulouse III – Paul-Sabatier.

Le tribunal administratif vient tout juste d’annuler l’expulsion qu’il avait lui-même prononcée, le 28 décembre, au regard des dangers chimiques, électriques et sanitaires mis en avant par le président de l’université. « Nous avons apporté des éléments démontrant qu’il n’existe pas de risques dans ce bâtiment », commente Fanny Sarasqueta, l’un des trois avocats des jeunes. 

Déboutés par le Dispositif départemental d’accueil, d’évaluation et d’orientation des mineurs isolés (Ddaeomi), qui estime qu’ils sont majeurs, tous ces jeunes ont déposé un recours. Mais ils restent livrés à eux-mêmes le temps que l’administration examine leur dossier. Et cela risque de durer plusieurs mois. 

Soutien des associations 

L’Etat ne prévoit pas de prise en charge. Heureusement, les associations se mobilisent. Certaines, comme Médecins du monde et la Cimade, demandent aux députés une loi respectant la présomption de minorité et prévoyant une mise à l’abri. 

A Toulouse, la trentaine de bénévoles de Tous-tes en classe (TEC31) leur propose de suivre des cours tous les jours de la semaine. L’association se charge également de leur trouver des vêtements et organise, en outre, des sorties au musée. 

Ces jeunes migrants isolés ont été expulsés, fin août, d’un Ehpad où ils vivaient. Ils se sont retrouvés à la rue et dormaient sous des tentes, non loin du palais de justice. « C’est à ce moment-là que Mutami nous a prêté des locaux pour que nous puissions les aider à poursuivre leur scolarité. C’était essentiel de leur redonner un peu de normalité. D’être dans un lieu chauffé et agréable », explique Thierry Marc, un des bénévoles de TEC31. Désormais, les cours ont lieu à l’université, au sein du bâtiment dans lequel résident les jeunes. 

Soif d’apprendre 

« Ce sont des élèves très volontaires, ils ont envie d’apprendre », ajoute Laura, une autre bénévole. Parmi eux, Fanta, 15 ans, qui vient du Mali, raconte avec émotion sa traversée de la Méditerranée : « Pendant deux jours, il y avait d’énormes vagues. J’étais couchée, les yeux fermés. Je voyais la mort. » 

La jeune fille vit désormais en sécurité chez une bénévole d’Autonomie. Un collectif qui soutient les mineurs non accompagnés, en particulier sur les volets administratif et juridique.

Grâce à ces différents soutiens, les jeunes retrouvent un peu d’espoir. Les bénévoles se partagent la prise en charge. L’association Saint- Vincent-de-Paul s’occupe de la nourriture et Médecins du monde, de leur santé. « Chacun apporte ce qu’il peut », conclut Laura.

MONIQUE CASTRO