Les urgentistes n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme. Une enquête de Samu-urgences de France le confirme. Cet été, la « situation est explosive » dans de nombreux hôpitaux .
Une étude du Samu-urgences de France (SUdF) montre que l’activité dans les services d’urgence à bondi de 12,3% en juillet soit 180 000 passages en plus par rapport à l’an passé, à la même période. Et, les chiffres devraient augmenter en août.
La mission flash fait flop
L’ enquête sur la situation des urgences démontre concrètement que les services sont au bord de l’explosion. Et, les recommandations de la « mission Flash » du nouveau ministre de la Santé François Braun sont bien insuffisantes. Elles ne permettent pas « d’assurer une fluidité et un fonctionnement sécuritaire dans les services d’urgence », clame Samu-Urgences de France (SUdF).
L’organisation dresse un tableau noir de la situation des urgences au mois de juillet :
-services avec restriction d’accès : 88 sur 331 interrogés, (26 %) dont 67 avec une régulation médicale systématique par le Samu-Centre 15 pour autoriser l’accès aux urgences, suivant l’une des recommandations du Dr Braun,
-fermetures la nuit : 42 services
-fermetures totales : 23 services
Départements en situation tendue
L’Aude, le Vaucluse, la Haute-Loire ont fait face à une augmentation de 30 à 39 % de l’activité de leurs urgences. Idem en Corse, dans le Var, l’Indre, la Somme, les Côtes d’Armor, les Ardennes, le Cantal, l’Ardèche ou la Haute-Savoie, avec une hausse de l’activité de 20 à 29 %.
Et au mois d’août ?
Le Samu-urgences de France craint une situation encore plus tendue en ce mois d’août : « avec une augmentation des fermetures institutionnelles de lits et une diminution de la disponibilité de l’offre soignante libérale liée aux congés », précise le SUdF. Pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre, 73 % des établissements ont déjà eu recours à des solutions d’intérim, durant cet été.
Le 15 est débordé
Certes, la situation des urgences est plus calme dans les départements où une régulation par le Samu a été mise en place.
Mais, la régulation recommandée par le rapport Braun a fait bondir les appels au 15. Le SUdF constate une augmentation de 21 % des activités par rapport à juillet 2021, avec des pics à plus de 50 % dans certains départements comme l’Ardèche, la Dordogne, le Tarn-et-Garonne ou l’Yonne.
Les Samu dénoncent une « une situation insécuritaire », liée au manque de bras.
« Les Samu font face à une surtension consécutive à la campagne d’information « faites le 15 », à la conjoncture sanitaire et à une insuffisance de ressources libérales disponibles pour assurer les soins non programmés », regrette SUdF, qui note que certains Samu « se retrouvent dans une impasse lorsqu’ils doivent réorienter certaines demandes de soins, sans avoir aucune alternative ».
On fait quoi ?
Devant cette situation, le SUdF demande :
- de « prendre toutes les mesures nécessaires pour augmenter le nombre de points d’accueil de soins non programmés mis à disposition des centres 15 », que ce soit par l’ouverture de maisons médicales de gardes ou davantage de créneaux non programmés chez les généralistes, par exemple.
- exige « du secteur privé de participer à l’aval des urgences » mais aussi « une réelle politique de mise à disposition des lits d’aval ». Faute de quoi, l’organisation appelle carrément les établissements à déprogrammer, « afin de permettre de récupérer du capacitaire ».
Si rien n’est fait – et « sans mesures contraignantes » – le SUdF s’attend « à l’évolution rapide vers une situation explosive, qui aura comme première conséquence de nouveaux départs de personnels médicaux ou paramédicaux fuyant cette maltraitance institutionnelle ».