Pénurie de médicaments : un collectif de médecins dit stop

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Ils sont en colère et le font savoir. Dans une tribune parue dans le Journal du dimanche, un collectif de médecins emmenés par le Pr Jean-Paul Vernant, hématologue à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), lance un cri d’alarme sur la pénurie de médicaments et exhorte les pouvoirs publics à agir.

De plus en plus de malades concernés

La pénurie s’aggrave et de plus en plus de malades sont concernés. 868 signalements de tensions ou de ruptures d’approvisionnement ont été enregistrés en 2018, contre 44 en 2008, d’après les chiffres de l’Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm). Certains de ces traitements sont d’intérêt thérapeutique majeur (Mitm) et n’ont la plupart du temps pas d’alternative. Il manque des médicaments contre le cancer, l’hypertension, les maladies cardiaques, du système nerveux, ainsi que des corticoïdes, des vaccins et des antibiotiques. Des produits courants, souvent anciens, qui ne sont pas forcément coûteux à fabriquer. Alors pourquoi ?

Délocalisation, moindre coût…

La Chine et l’Inde, deux grands pays qui fabriquent des médicaments à moindre coût, représentent 80 % de la production, reprochent les signataires de la tribune. Parfois, il y a malfaçon, donc la chaîne de fabrication est arrêtée, ce qui crée une pénurie. Celle-ci est encore plus importante quand le sous-traitant est seul producteur du principe actif. Le collectif de médecins déplore également le recours des laboratoires pharmaceutiques à des sous-traitants pour le travail de façonniers. « Dans la plupart des cas, après des semaines ou des mois de pénurie, les médicaments réapparaissent sur le marché avec des augmentations non contrôlées des prix », relève le collectif.

Les propositions

Des solutions existent pour pallier la pénurie de médicaments. Il faut une volonté politique et des moyens. Trois axes sont proposés par les signataires de la tribune : imposer aux laboratoires titulaires des autorisations de mise sur le marché (Amm) de constituer « plusieurs mois de stock » ; rapatrier en Europe la production des principes actifs ; créer un « établissement pharmaceutique à but non lucratif, si possible européen, sinon français », afin de produire les médicaments essentiels passés dans le domaine public.

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