Pédopsychiatrie : le rapport de la Cour des comptes qui alerte

Cour de comptes
La Cour des comptes alerte sur le manque de moyens de la pédopsychiatrie 123RF©

Dans un rapport récent, la Cour des comptes alerte sur l’ampleur des troubles psychiques chez les enfants et adolescents et appelle à réformer très rapidement le secteur de la pédopsychiatrie.

Les sages de la rue Cambon soulignent combien la pédopsychiatrie est loin de répondre aux besoins de soins de la jeunesse. Surtout depuis la crise sanitaire du Covid, qui a mis en lumière la souffrance psychologique des enfants et des adolescents.

Sur les 1,6 million de jeunes en France qui souffrent de troubles psychiques, ce sont seulement entre 750 000 et 850 000 enfants et adolescents qui bénéficient annuellement de soins de pédopsychiatrie par des professionnels spécialisés selon les différentes modalités (ambulatoire, hospitalisations partielles et complètes).

Pédopsychiatrie en crise

Aussi, les rapporteurs de la Cour des comptes appellent à réformer une filière pédopsychiatrique « saturée et inadaptée aux besoins de la jeunesse ». Les Centre médicaux psychologiques (CMP) sont littéralement submergés par les demandes. Près de 3 milliards d’euros sont dépensés tous les ans pour la pédopsychiatrie, tous secteurs confondus. La Cour des comptes juge que cet argent « pourrait être mieux utilisé ».

Comment ? En s’appuyant sur les 25 000 psychologues libéraux pour prendre plus de place dans ce parcours. Problème ? Ces derniers sont eux-mêmes submergés par les demandes et ne peuvent y faire face.

Remédier aux faiblesses de l’organisation de soins de pédopsychiatrie, aux carences de la politique de prévention et à une gouvernance des politiques de santé peu efficiente est un enjeu prégnant de santé publique.

Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.

Offre de soins insuffisante

Manifestement, l’offre de soins est insuffisante. La pédopsychiatrie affiche une baisse de 34 % du nombre de pédopsychiatres entre 2010 et 2022. Ces derniers ne sont plus que 2 000, environ, en France.

Les psychiatres libéraux sont pour leur part « majoritairement au service d’une patientèle adulte et ne participent pas à la permanence des soins », notent les auteurs du rapport.

Le nombre de lits dédiés dans les hôpitaux a chuté de 58 % entre 1986 et 2013.

Et l’offre de soins est très mal répartie sur le territoire.

Sans parler de la prévention qui est pratiquement inexistante. Pour preuve, le projet national des « 1 000 premiers jours », qui est peu suivi. Et les psychologues en milieu scolaire se comptent sur les doigts de la main.

Quelles solutions ?

Les auteurs du rapport proposent donc un parcours de soins réorganisé. Avec en premier lieu le médecin traitant (généraliste ou pédiatre) comme pivot de l’orientation des jeunes patients.

Les sages proposent aussi une expérimentation de « maisons de l’enfance et de l’adolescence », qui participeraient à l’accueil de première ligne. Des psychologues libéraux devront être recrutés.

Les CMP pourraient alors se consacrer « au suivi des troubles modérés à sévères, à la coordination des parcours, en particulier lors d’une hospitalisation, et assurer pleinement leur rôle de centre d’expertise, notamment envers les professionnels libéraux », explique les auteurs du rapport.

Tout ceci assorti de moyens financiers pérennes.

De son côté, la Fédération des centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) déclare : « Face à la crise que traverse notre secteur depuis plusieurs années, il est essentiel que les politiques publiques s’appuient sur l’ensemble des forces vives ». Elle plaide pour « une articulation coordonnée entre les acteurs sanitaires et médico-sociaux ».