L’Ozempic, un antidiabétique détourné par des influenceuses

Médicament Ozempic
L'Ozempic est détourné par des influenceuses, sur les réseaux sociaux, pour inciter à maigrir ©RYAN DAVID BROWNE/The New York Times-REDUX-REA

Depuis plusieurs mois, Ozempic, un antidiabétique, est détourné de sa fonction initiale. Sur les réseaux sociaux, des influenceuses vantent les mérites de ce traitement pour perdre du poids.

L’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) et l’Assurance maladie alertent sur le mauvais usage de l’Ozempic sur les réseaux sociaux. Elles préconisent une « surveillance renforcée » de cet antidiabétique. Sur TikTok, il est plébiscité pour ses effets amaigrissants.

Ozempic détourné : quels risques sur la santé ? 

L’Ozempic (nom commercial du sémaglutide) est la star des réseaux sociaux, ces derniers temps. A quelques mois de l’été, beaucoup (principalement des femmes) cherchent à faire des régimes amaigrissants. Or, ce petit stylo injectable utilisé par les diabétique est détourné de son usage. Des influenceuses se filment en train de s’injecter ce produit, dans le but de perdre du poids.

L’Ozempic est autorisé lorsque le diabète n’est pas contrôlé malgré d’autres traitements. Il régule la glycémie en stimulant la sécrétion de deux hormones (insuline, glucagon) en fonction des besoins de l’organisme. Il a aussi pour effet de diminuer la prise alimentaire et l’appétence pour les aliments gras.

ANSM

D’autres influenceuses montrent comment manier ce fameux stylo, ou font part de leurs conseils sur la meilleure façon de l’utiliser.

Les autorités sanitaires estiment que presque 2 200 patients l’utilisent alors qu’ils ne sont pas diabétiques. Ce qui correspond environ à 1 % des prescriptions délivrées.

Effets secondaires

Comme tout traitement, l’Ozempic comporte des effets indésirables (nausées-vomissements et/ou une diarrhée).

Certains d’entre eux sont graves. Comme la déshydratation susceptible d’affecter la fonction rénale. Des cas de pancréatites aigus peuvent survenir au cours du traitement.

L’arrêt du traitement peut être suivi d’une « reprise de poids. Sans modifications durables des habitudes alimentaires et de l’activité physique », précise Santé publique France. Un régime alimentaire doit être suivi avec le concours d’un médecin nutritionniste.

Mediator bis repetita ?

Beaucoup de médicaments ont déjà été détournés. L’histoire se répète avec l’Ozempic et fait penser à l’affaire du Mediator. Cet antidiabétique a été utilisé pour perdre du poids. Ce scandale sanitaire a fait de nombreuses victimes et causé des décès. Un procès en appel est en cours. Et le verdict attendu fin juin.

La forte demande de l’Ozempic risque de créer une pénurie pour les diabétiques. Depuis septembre 2022, l’approvisionnement en Ozempic est difficile, et les associations de patients diabétiques ont exprimé leur inquiétude.

Sur 215 000 dispensations d’Ozempic en France entre octobre 2021 et septembre 2022, 2185 étaient destinées à des personnes non diabétiques, d’après les autorités de santé.

En France, des mesures sont prises pour éviter une rupture de stock. Sa distribution est contingentée jusqu’au mois d’avril 2023. Cela signifie qu’il n’est plus possible d’initier un traitement en dehors de l’hôpital.