Pollution de l’air : un danger réel pour la santé, surtout en ville

Gaz d'échappement voitures
La pollution atmosphérique est à l'origine de maladies respiratoires 123RF©

Des épisodes de pollution de l’air ont été constatés en France ces derniers jours. Or, elle joue un rôle prépondérant dans l’augmentation et l’aggravation des maladies respiratoires. Surtout dans les villes. Explications de la professeure Isabella Annesi-Maesano, épidémiologiste, spécialiste des maladies allergiques et respiratoires, directrice de recherche à l’Inserm et co-directrice de l’Idesp, unité mixte Inserm et université de Montpellier.

La pollution atmosphérique est-elle un facteur aggravant en cas de maladies allergiques et respiratoires ?

Professeure Isabella Annesi-Maesano. ©DR

La pollution de l’air est un des facteurs qui jouent un rôle dans l’augmentation et l’aggravation de ces pathologies, surtout dans les villes. Elle abîme les muqueuses des voies aériennes, ce qui peut être à l’origine de l’aggravation de maladies respiratoires préexistantes, quelquefois très graves et parfois associées à des décès prématurés. De plus, elle est à l’origine de processus pathologiques qui sont la cause du développement de maladies respiratoires chez des sujets sains.

Nous savons que les maladies respiratoires chroniques, notamment la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), seront la troisième cause de décès en 2030 dans le monde.

Qui sont les plus vulnérables ?

Les personnes âgées, les femmes enceintes, les enfants, et même les nourrissons sont particulièrement vulnérables. Les patients asthmatiques peuvent être sujets à des crises en cas de pic de pollution. On a très bien fait la relation, dans les études, entre l’augmentation de la pollution, surtout celle aux particules fines (2,5 microns de diamètre), et les consultations aux urgences pour asthme. Idem pour les patients qui souffrent de bronchites chroniques et de BPCO.

Les enfants sont plus sensibles à la pollution que les adultes. Leurs voies aériennes sont en cours de maturation, ce qui les rend plus sensibles. Ils sont plus à risque de de déclencher des maladies respiratoires, de l’asthme, des allergies.

Mais la pollution de fond est un des facteurs les plus toxiques pour les poumons et pour l’organisme de façon générale. Parmi les polluants, les particules fines et ultra-fines pénètrent dans le sang et sont hautement irritantes. Elles attaquent les tissus de tous organes. En plus des pathologies respiratoires, elles peuvent provoquer des maladies neurodégénératives, auto-immunes, des cancers… Les femmes enceintes sont particulièrement concernées, car la pollution peut traverser la barrière placentaire.

Où sont les endroits en France où l’on constate le plus de maladies liées à la pollution ?

Ce sont les zones urbaines où le trafic provoque des émissions de gaz et de particules fines. Il y a un danger réel dans certaines villes. D’ailleurs, pas uniquement durant les pics de pollution. Les études prouvent que l’exposition chronique, à une pollution même faible, est à l’origine de pathologies. Mais il y a de la pollution même dans les zones rurales, bien qu’elle soit de nature différente (c’est le cas des pesticides par exemple).

Existe-t-il des gestes préventifs pour se protéger de la pollution ?

Oui, on peut se protéger de la pollution de l’air. Rechercher les endroits les moins pollués, ne pas sortir pendant les pics de pollution si on est une personne fragile. On peut s’informer de la qualité de l’air dans sa région. Utiliser des moyens propres, le plus possible pour se déplacer, le vélo, la marche à pied pour des courts trajets. On le sait peu, mais l’intérieur des logements peut-être l’endroit le plus pollué. Alors, attention aux produits de bricolage qui sont toxiques. Il faut aérer tôt le matin et tard le soir. Dans les écoles, privilégier de bonnes ventilations. Des purificateurs d’air peuvent être utlisés pour nettoyer l’air à l’intérieur des locaux, c’est le cas en Californie lors des incendies. La technologie peut apporter des solutions. C’est un ensemble de solutions individuelles et bien sur politiques qui va nous aider à respirer un air plus sain.