Il y a 100 ans : Marie Curie devient académicienne

En 1925, dans l’amphithéâtre de l’Académie de médecine, Marie Curie, installée au pupitre, donne une conférence sur la radioactivité. © L'ILLUSTRATION
En 1925, dans l’amphithéâtre de l’Académie de médecine, Marie Curie, installée au pupitre, donne une conférence sur la radioactivité. © L'ILLUSTRATION

Après avoir essuyé un premier refus en 1911 par l’Académie des sciences, alors opposée à l’élection d’une femme, la scientifique accède à la société savante de médecine en 1922. Cette intégration consacre la reconnaissance officielle de son œuvre.

Février 1922 : au cœur du Quartier latin à Paris, dans l’amphithéâtre à gradins de l’Académie de médecine, une assemblée exclusivement masculine vote pour l’intégration de Marie Curie au sein de sa société savante. Première femme à avoir reçu un prix Nobel en 1903 (elle en obtient un second en 1911) et première femme à enseigner à la Sorbonne, elle devient alors la toute première académicienne nationale. Elle est élue à la majorité, à la suite du désistement des autres candidats devant cette « haute personnalité » qui œuvre activement à la lutte contre le cancer avec la Fondation Curie.

Un premier refus en raison de sa condition de femme 

Pourtant, aucune candidature n’avait été déposée par la principale intéressée. Et pour cause : onze ans auparavant, elle s’était vu refuser l’accès à une autre académie, celle des sciences. Sa condition de femme et les positions politiques de ses alliés, tous partisans du capitaine Dreyfus dans l’affaire qui divisa la France, avaient eu raison de sa demande. L’échec est retentissant, largement relayé par les journaux, et l’incompréhension d’autant plus grande que Marie Curie siégeait déjà à l’époque dans nombre d’assemblées scientifiques internationales, dont plusieurs académies de sciences.

Une héroïne au volant de ses « petites Curie »


Entre ce premier échec de 1911 et son élection comme académicienne en 1922, qui scelle la reconnaissance nationale de ses travaux scientifiques et médicaux, Marie Curie a vu son image profondément modifiée par la Première Guerre mondiale. Son combat pour développer la radiologie à destination des soldats a permis de secourir des milliers de blessés sur les champs de bataille. Elle est alors considérée comme une véritable héroïne, et son nom est désormais associé aux « petites Curie », ces fameuses voiturettes équipées de matériel de radiologie mises au point par la scientifique. Marie Curie elle-même n’hésita pas à en faire usage pour se rendre au front, auprès des soldats.

Pour en savoir plus : Marie Curie, la reconnaissance institutionnelle, des Nobels aux Académies, Natalie Pigeard-Micault, Bulletin de l’Académie nationale de médecine, 2017.