Une étude française d’envergure, conduite sur plus de 90 000 personnes, vient d’analyser les corrélations entre la consommation d’aliments contenant ces additifs couramment utilisés dans l’industrie agroalimentaire et l’apparition de cancers.
Mono- et glycérides d’acides gras, carraghénanes, lécithines, phosphates, pectines, si leurs noms scientifiques restent encore obscurs, la lettre « E » indiquant leur présence sur les emballages est désormais bien connue et redoutée du grand public.
Additifs les plus couramment utilisés
« Les émulsifiants (…) sont souvent ajoutés aux aliments industriels transformés et emballés tels que certaines pâtisseries, gâteaux et desserts, glaces, barres chocolatées, pains, margarines et plats préparés, afin d’améliorer leur apparence, leur goût, leur texture et leur durée de conservation. » A l’occasion de la parution récente d’une étude sur les additifs, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) rappelait sur son site l’utilisation fréquente de ces substances chimiques dans les produits industriels.
92 000 adultes suivis pendant sept ans
Des chercheurs de l’Inserm ont participé, aux côtés de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et d’autres établissements publics français à cet important travail de recherche sur les émulsifiants.
Les informations concernant 92 000 adultes faisant partie de la cohorte NutriNet-Santé, et leur consommation de ces additifs pendant sept ans, ont ainsi été compilées. « Les résultats de cette recherche suggèrent une association entre l’ingestion de certains additifs émulsifiants et un risque accru de cancers, en particulier du sein et de la prostate », résume l’Inserm.
Cancers du sein, de la prostate…
L’étude, publiée dans la revue PLoS Medicine le 13 février 2024, analyse une soixantaine de substances. Les chercheurs ont notamment mis en évidence « que des apports plus élevés en monoglycérides et diglycérides d’acides gras (E471) étaient associés à des risques accrus de cancers (une augmentation de 15 % chez les plus importants consommateurs), de cancers du sein (une augmentation de 24 % du risque), et de cancers de la prostate (+46 % du risque). »
« Connaissances clés »
Les auteurs de cette publication tiennent toutefois à insister dans leur communication sur l’importance de confirmer ces résultats par le biais d’autres études internationales sur le sujet. « Si ces résultats doivent être reproduits dans d’autres études à travers le monde, ils apportent de nouvelles connaissances clés au débat sur la réévaluation de la réglementation relative à l’utilisation des additifs dans l’industrie alimentaire. »