« Doubler les franchises médicales pénalise encore les patients », fustige France Asso Santé

« Doubler les franchises médicales pénalise encore les patients », fustige France Asso Santé © 123 RF
« Ce prélèvement vient culpabiliser les malades. Et compliquer encore leur accès aux soins par des coûts supplémentaires. » déplore France Asso Santé © 123RF

Après les annonces du gouvernement sur le doublement de la franchise sur les médicaments, la rédaction de Viva remet à la Une la récente interview de Gérard Raymond de France Asso Santé. En septembre dernier, le président de l’organisation de représentation des patients et des usagers s’était fermement opposé à cette hausse du reste à charge.

Pouvez-vous rappeler ce que sont les franchises médicales ?

Gérard Raymond : Il s’agit d’une participation financière sur les médicaments, de laquelle tous les patients doivent s’acquitter. Appliquées à chacun d’entre nous, elles s’élèvent à 50 centimes d’euros par boîte de médicament. Avec un plafonnement de 50 euros par an. L’Assurance maladie prélève automatiquement les usagers à travers leurs remboursements.

Pour les malades, c’est la double peine.

A combien s’élève l’augmentation prévue par le gouvernement ?

G. R. : Au cours de l’été, la Première ministre a évoqué un doublement de la franchise médicale. Celle-ci passerait donc de 50 centimes à un euro par médicament. Début septembre, le nouveau ministre de la Santé a indiqué que le plafond de 50 euros par an ne serait, quant à lui, pas augmenté. A l’heure actuelle, aucune annonce officielle n’a été faite (NDLR : le doublement des franchises médicales a depuis été confirmé par le gouvernement, voir encadré ci-dessous). Nous sommes d’ailleurs en total désaccord avec cette façon de procéder. Et bien évidemment sur le fond de cette proposition. Mise en place pour soi-disant apporter une participation à l’équilibre financier de notre système de santé, elle ne fait que porter préjudice aux patients.

Les dernières annonces du gouvernement

Le 22 janvier 2024, le gouvernement a confirmé que le montant des franchises qui s’appliquent sur les boîtes de médicaments et les actes paramédicaux s’élevait désormais à 1 euro. Sur les transports sanitaires, elles sont de 4 euros, et de 2 euros pour les actes et consultations réalisés par un médecin, et les examens et analyses de biologie médicale. « Les nouveaux montants des franchises et des participations forfaitaires devraient entrer en vigueur respectivement à la fin du mois de mars et d’ici début juin », ont précisé les ministères de l’Economie et de la Santé.

Dans une récente communication, vous déplorez à ce sujet que « les personnes malades vont une nouvelle fois trinquer ».

G. R. : Le fait de décider d’augmenter les franchises pénalise encore un peu plus ceux qui sont obligés de prendre des médicaments quotidiennement pour vivre. Pour eux, c’est la double peine. Les traitements leur sont prescrits parce qu’ils en ont besoin. Or ce prélèvement vient culpabiliser les malades. Et compliquer encore leur accès aux soins par des coûts supplémentaires.

Vous dénoncez également la façon dont le gouvernement a annoncé ces pistes.

G. R. : Nous pensions avoir mis en place un système de démocratie en santé. Or, ce n’est absolument pas le cas. Car dans ce nouvel exemple, la représentation des usagers de la santé n’a jamais été consultée. Ce qui doit pourtant être le cas lorsqu’il s’agit, comme ici, des dispositions du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), ou de tout autre texte législatif. Cette façon de procéder remet en cause tout le système d’échange et de confiance que l’on pouvait espérer mettre en place entre les décideurs, les acteurs du système de santé et les patients.

Quels sont les arguments que vous auriez voulu leur adresser ?

G. R. : En premier lieu, que ce système de franchises remet en cause le système de solidarité et de répartition qui fonde notre système de santé. Et que nous sommes fermement opposés à leur augmentation. A notre sens, il est tout à fait possible de trouver des compensations de financement dans d’autres domaines. En taxant l’alcool et le tabac par exemple.

La moitié des Français peine à payer le reste à charge de ses soins

Le Secours populaire français vient de publier les résultats d’un baromètre sur la pauvreté et la précarité. Parmi les constats en matière de santé, l’étude indique que près d’un Français sur deux rencontre des difficultés pour payer les restes à charge de ses soins. Et plus d’un sur trois va donc renoncer à se soigner. En citant cette enquête, les Mutuelles de France qualifient la franchise sur les médicaments « d’impôt supplémentaire sur la santé ». La fédération mutualiste fustige également l’annonce du doublement de cette « taxe » qui vient « ériger une barrière de péage pour accéder aux soins ».