Dépression : la piste inflammatoire

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Que faire lorsque les thérapies classiques ne sont pas efficaces contre la dépression ? Le Dr Lucile Capuron qui a reçu cette année, le prix Marcel Dassault, Fondation Fondamental, explore la piste de l’inflammation qui s’avère prometteuse.

Dans les dépressions résistantes, si on explorait la piste de l’inflammation ? C’est le pari du Dr Lucile Capuron, directrice de recherche à l’Inra. [fn]Le Dr Lucile Capuron dirige l’équipe de recherche Nutrition et psycho-neuro-immunologie : approches cliniques et expérimentales. Parallèlement, elle est professeur assistante au département de psychiatrie et de sciences du comportement de l’université de médecine Emory, à Atlanta, aux Etats-Unis. Elle a reçu le prix Marcel Dassault 2018. [/fn].

Le mécanisme de l’inflammation revisité

La dépression touche 16 % à 17 % des individus au cours de leur vie. Des traitements associant antidépresseurs et psychothérapies peuvent être efficaces mais, lorsque la maladie est résistante à tout – c’est le cas pour 30 % des malades-, la piste inflammatoire pourrait être envisagée.

C’est en tout cas l’idée du Dr Lucile Capuron et de l’équipe du Pr Robert Dantzer de l’Inra, qui a étudié les facteurs de cette résistance aux traitements antidépresseurs et a identifié de nouvelles stratégies thérapeutiques.

Le phénomène inflammatoire

Une inflammation est un mécanisme d’activation du système immunitaire pour lutter contre une infection, en libérant des molécules appelées cytokines, chargées de défendre l’organisme. Ces cellules finissent par détruire les agents pathogènes. Mais, dans certains cas, elles peuvent désorganiser le métabolisme de la sérotonine et de la dopamine, deux neurotransmetteurs responsables de la régulation de l’humeur et cibles de médicaments antidépresseurs. C’est cette piste que le Dr Lucile Capuron a choisi d’observer chez 50 patients adultes souffrant de dépression résistante en réalisant des prélèvements sanguins et des examens d’imagerie cérébrale.

Ces observations ont confirmé un taux élevé de cytokines inflammatoires dans le sang associé à une moins bonne réponse clinique aux thérapeutiques standard.

Un espoir pour les patients

Ces travaux représentent un espoir pour les malades résistants aux traitements car il suffirait de détecter chez eux, par une simple prise de sang, les signes d’une inflammation et envisager un traitement pour faire diminuer l’inflammation en utilisant des anti-inflammatoires ou des anticorps monoclonaux anti-cytokines et des inhibiteurs de cytokines.

« Ce serait une révolution, pour près d’un million de malades », espère le Dr Lucile Capuron.