Accès aux soins : les inégalités territoriales pointées par plusieurs études

Entre 2019 et 2022, le nombre de médecins en France a baissé de 2 %, soit 1 900 praticiens en moins. © 123RF
Longtemps limitée aux zones rurales, la carte des « déserts médicaux » s’étend désormais aux territoires périurbains, à certaines banlieues et même à des villes moyennes. Entre 2019 et 2022, le nombre de médecins en France a baissé de 2 %. © 123RF

87 % des Français vivent aujourd’hui dans un territoire concerné par un désert médical. Ce chiffre vient d’être relayé par la Mutualité Française (FNMF) avec l’Association des maires de France. L’occasion de faire le point sur les dernières études concernant les disparités territoriales dans l’accès aux soins.

A chaque nouvelle étude sur l’accès aux soins, le constat d’une situation extrêmement tendue se confirme. Partout en France, il est aujourd’hui difficile de pouvoir se soigner. En effet, « 87 % de la population vit dans un territoire concerné par un désert médical », révèle le dernier baromètre Santé Social AMF – Mutualité Française.

Dans une récente interview accordée à Viva, Véronique Lucas Gabrielli et Guillaume Chevillard, tous deux géographes à l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes), rappelaient la définition des termes de « déserts médicaux ».

« Également appelés “territoires sous-dotées”, ils sont employés par les pouvoirs publics pour caractériser les zones où les habitants rencontrent des difficultés pour accéder aux soins : impossibilité de s’inscrire auprès d’un médecin traitant, allongement des délais d’attente pour un rendez-vous… »

1 900 médecins en moins

Selon les chiffres relayés par la Fédération nationale de la Mutualité Française (FNMF), avec l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF), le nombre de médecins généralistes en activité s’élève à près de 100 000 (99 457) dans toute la France.

Toutefois la publication rapporte une baisse de 2 % du nombre de médecins entre 2019 et 2022. Ce qui représente près de 2 000 praticiens (1 900) en moins, selon les données mesurées par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

Disparités territoriales

En effet, il y a trois ans, la France comptait 151 médecins généralistes pour 100 000 habitants. Cependant ce ratio n’est plus que de 147 d’après le rapport. Un chiffre qui peut évidemment encore baisser dans les territoires ruraux, où « un médecin libéral couvre en moyenne 30 km². Contre 5 km² en milieu urbain. »

Car longtemps limitée aux zones rurales, la carte des « déserts médicaux » s’étend désormais aux territoires périurbains, à certaines banlieues et même à des villes moyennes. « La situation est toutefois toujours plus exacerbée dans les zones rurales reculées », avaient toutefois précisé Véronique Lucas Gabrielli et Guillaume Chevillard dans leur entretien.

Ainsi, le baromètre fait état de grandes disparités entre les départements. « Les Hautes-Alpes enregistrent la plus forte densité de généralistes avec 291 médecins pour 100 000 habitants. »

Paris arrive ensuite en deuxième position avec 234 praticiens. En toute fin de classement, on trouve plusieurs départements qui comptent moins de 100 médecins généralistes pour 100 000 habitants, notamment en région parisienne, dans le Val-d’Oise, en Seine-et-Marne et en Seine-Saint-Denis.

Freins majeurs à l’accès aux soins

Dans une étude datant d’avril 2023, la Drees rappelait les conséquences de la « faible densité médicale, de l’éloignement géographique des patients par rapport aux professionnels de santé et de l’importance des délais d’attente pour avoir un rendez-vous ». Tous ces paramètres sont autant de « freins majeurs à l’accès aux soins ».

Critères démographiques et sociaux

Par ailleurs, ce document de la Drees analyse le montant des dépenses de santé selon les régions. « L’écart maximal entre la dépense moyenne par patient la plus basse (2 290 euros en Loire-Atlantique) et la plus haute (3 550 euros en Haute-Corse) est de 1 260 euros. » Le nombre de médecins au kilomètre carré est l’une des raisons de ces variations.

Mais la Drees ajoute que les critères sociaux et démographiques, « la demande de soins étant fortement liée à l’âge et au sexe », expliquent également ces disparités. « Une partie substantielle des écarts tient à des effets de revenus. Le taux de pauvreté et le niveau de vie des plus aisés poussent tous les deux les dépenses de soins à la hausse. »