Un an après son remboursement par l’Assurance Maladie, la téléconsultation s’installe progressivement comme une nouvelle modalité de prise en charge des patients.
Depuis le 15 septembre 2018, les médecins peuvent facturer à l’Assurance Maladie les actes de téléconsultation. Depuis son lancement, on estime à plus de 60 000 le nombre de téléconsultations qui ont été réalisées sur l’ensemble du territoire.
Nicolas Revel, directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie, déclare : « Nous savions qu’un temps serait nécessaire à l’appropriation de ce mode d’intervention novateur. Au regard de la dynamique enclenchée, je suis aujourd’hui confiant :
Celui ci ajoute : «la montée en charge est nette et va aller en s’accélérant, en s’appuyant notamment sur les autres professions engagées dans la démarche comme les infirmiers ou les pharmaciens ».
Quels médecins ?
85 % des téléconsultations sont facturées par des médecins libéraux et 8 % par des centres de santé. Depuis l’entrée en vigueur du remboursement, 1 647 médecins libéraux ou structures ont facturé des téléconsultations.
Parmi les libéraux, ce sont les médecins généralistes qui pratiquent le plus la téléconsultation avec 65 % des actes, tandis que les spécialistes représentent 35 % des actes facturés. Chez ces derniers, on note qu’une téléconsultation est facturée 1 fois sur 7 par un psychiatre, 1 fois sur 12 par un gynécologue et 5% par un pédiatre.
Les médecins « téléconsultants » sont globalement plus jeunes ; la moitié d’entre eux a moins de 50 ans alors que cette classe d’âge ne constitue que 37 % de l’ensemble des effectifs de généralistes libéraux. À l’opposé, les médecins de plus de 60 ans recourent proportionnellement moins à la téléconsultation que leurs confrères : plus d’un médecin libéral sur trois a plus de 60 ans mais ils ne sont à l’origine que de 15 % des téléconsultations.
Le recours à ce nouveau mode de consultation est inégalement réparti sur le territoire puisque quelques départements concentrent la grande majorité des téléconsultations. C’est en Île-de-France qu’on en comptabilise le plus: elles représentent à elles-seules 44 % de l’ensemble des téléconsultations (15 % à Paris, 8 % dans le Val-de-Marne, 6 % dans les Yvelines comme dans les Hauts- de-Seine). Dans l’Hérault, les téléconsultations représentent 13 % du nombre total facturé à l’Assurance Maladie.
Pour quels patients ?
Environ 30 000 patients ont bénéficié en France d’une téléconsultation depuis le lancement en septembre 2018. On remarque que deux téléconsultations sur trois ont été réalisées auprès d’une femme (64 %) contre une sur trois auprès d’un homme.
S’agissant de l’âge des patients, un tiers de ceux ayant bénéficié d’une téléconsultation a moins de 30 ans et 56 % moins de 40 ans ; 12 % des concernent cependant des patients de 70 ans et plus. On observe que les patients en affection longue durée (ALD) y recourent aussi, avec 27 % des consultations facturées à cette catégorie de patients.
La dynamique devrait s’amplifier
Notamment grâce aux textes conventionnels récemment conclus et qui visent à favoriser la participation d’autres professions de santé à la réalisation de ces consultations, en l’occurence les infirmiers et les pharmaciens qui pourront également aider le patient à réaliser une téléconsultation au sein de leur officine grâce à des cabines individualisées mises à disposition du patient.
Il faut aussi compter sur le déploiement des organisations territoriales de proximité (maisons et centres de santé, équipes de soins primaires et communautés professionnelles territoriales de santé) qui peuvent proposer le recours à des actes de téléconsultations pour certains patients rencontrant des difficultés d’accès aux soins (sans médecin traitant ou dont le médecin traitant n’est pas disponible dans un délai compatible avec leur état de santé).
Encouragée par le gouvernement et l’Assurance maladie, la téléconsultation peut,constituer une des réponses à l’amélioration des prises en charge et à l’accès aux soins sur tout le territoire. Mais les professionnels de santé ont déjà rappelé à de nombreuses reprises qu’elle ne sera jamais la solution miracle aux déserts médicaux et au manque de personnels.
La télémédecine c’est quoi ?
On distingue différents types d’actes : la téléconsultation (soit une consultation à distance au cours de laquelle un patient et un médecin se parlent et se voient par vidéo transmission), la téléexpertise (quand un médecin sollicite à distance l’avis d’un autre médecin), la télésurveillance (qui permet à un médecin d’interpréter à distance des données recueillies sur le lieu de vie d’un patient), la téléassistance (pour assister à distance un autre médecin).