Un cancer du sein reconnu comme maladie professionnelle

Infirmière travaillant la nuit
Le travail de nuit est mauvais pour la santé 123RF©

C’est inédit. Pour la première fois, le cancer du sein d’une ancienne infirmière travaillant de nuit est reconnu comme maladie professionnelle.

Une ancienne infirmière d’un hôpital de Moselle (57) a fait reconnaitre son cancer du sein, comme maladie professionnelle. Les horaires de nuit qu’elle a effectué pendant plusieurs années, ont été mis en cause. Cette première pourrait faire jurisprudence.

Un lien direct entre le cancer du sein et le métier

« On peut affirmer qu’il existe un lien direct et essentiel entre le cancer du sein dont elle est victime et le travail effectué auparavant », peut-on lire dans le rapport du médecin expert, cité par le Journal Le Parisien.

L’infirmière de 62 ans, aujourd’hui retraitée est soulagée. A force d’un combat acharné, accompagnée par la CFDT-mineurs de Freyming-Merlebach (Moselle), depuis 2020, elle a réussi à faire reconnaitre le lien entre sa maladie et son métier.

Cette soignante a pendant 28 ans, accumulé 873 nuits de travail (soit environ une par semaine). Travailler la nuit, à l’hôpital sous de fortes lumières, a pu au fil des ans, altérer sa santé. Ces horaires décalés ont perturbé son horloge biologique et affecté ses défenses immunitaires.

L’exposition à la lumière artificielle a pu « diminuer sa sécrétion de mélatonine, une hormone anticancer », indique le journal Libération.

Une maladie est dite professionnelle si elle est la conséquence directe de l’exposition d’un travailleur à un risque physique, chimique ou biologique, ou résulte des conditions dans lesquelles il exerce son activité professionnelle et si elle figure dans un des tableaux du régime général ou agricole de la Sécurité sociale.

Ameli

Horaires de nuit, mauvais pour la santé

Dans le cas de cette ex-infirmière, ce sont bien les horaires de nuit qui sont en cause. Dans étude de 2010, le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC) a classé le travail de nuit entraînant des perturbations du rythme circadien, comme « probablement cancérigène ».

Le rythme circadien (contrôlant l’alternance veille-sommeil) régule en effet de très nombreuses fonctions biologiques et est altéré chez les personnes travaillant la nuit ou avec des horaires décalés.

CIRC

Pour le CIRC, le risque de cancer du sein était augmenté de 30% chez les femmes ayant travaillé de nuit. Par rapport aux autres femmes.

Surtout, chez celles travaillant de nuit pendant plus de 4 ans. Ou chez les travailleuses dont le rythme de travail était de moins de 3 nuits par semaine. Ce qui implique des décalages de phase plus fréquents entre le rythme de jour et le rythme de nuit.

De son côté, la CFDT-mineurs de Freyming-Merlebach (Moselle), espère que ce dossier pourra faire jurisprudence.

Le syndicat souhaite que ce cas amènera à d’autres reconnaissances de maladie professionnelle. Surtout dans des métiers où le travail de nuit est fréquent.