Stop au cyberharcèlement !

jeune fille recevant un message malveillant sur son smartphone
Si la victime a moins de 15 ans, la peine maximale pour le harceleur est de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende. © 123 RF

Le harcèlement en ligne peut faire des ravages terribles sur les jeunes, l’actualité en donne de tristes exemples. Face à ce type de violence, parents et enfants se trouvent totalement démunis. Comment s’en protéger ? Quelles solutions apporter ?

Utiliser les outils du numérique pour porter atteinte à l’intégrité morale d’une personne de façon répétée. Telle est la définition du cyberharcèlement, dont le phénomène, s’il n’est pas nouveau, a pris de l’ampleur avec les réseaux sociaux. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : « 14 % des enfants sont touchés en primaire et 21 % au collège, explique Justine Atlan, directrice générale de l’association e.Enfance. Les premières cibles sont des filles (51 %), elles sont âgées de 13 ans en moyenne. »

La plupart du temps, ce type de comportement trouve son origine dans la jalousie, la vengeance et la stigmatisation de certains goûts vestimentaires, de l’apparence physique ou encore de l’orientation sexuelle. « J’avais beaucoup de copines avec qui j’aimais bien discuter de mode, explique Clément, 13 ans. Cela n’a pas plu aux autres garçons. Du coup, j’ai reçu des insultes par SMS et sur ma messagerie. »

Les formes du cyberharcèlement sont très variées : moqueries, insultes ou menaces en messages privés, photos ou vidéos trafiquées, partage d’images intimes sans consentement, créations de faux comptes sur les réseaux sociaux ou de groupes de discussion pour se moquer d’une personne en particulier… « J’ai su, par une amie, que mon ex racontait des histoires plutôt glauques sur moi et qu’il avait modifié et envoyé des photos quand on était ensemble. J’ai été choquée », raconte Léna, 15 ans.

Reconnaître les signes

Généralement, les parents sont totalement démunis face au cyberharcèlement. « Ils ignorent bien souvent le nombre des plateformes sur lesquelles sont inscrits leurs enfants. Les jeunes peuvent avoir plusieurs pseudos sur le même réseau social. Les adultes n’imaginent pas cette vie adolescente numérique », remarque Justine Atlan.

De son côté, l’enfant victime va essayer de cacher son activité en ligne. D’où l’importance d’être attentif aux signes. S’il est harcelé, il peut, par exemple, avoir moins de goût pour les choses qu’il appréciait auparavant et essayer d’éviter d’aller à l’école.

« il faut au maximum les protéger de l’accès à Internet, leur apprendre à utiliser des mots de passe robustes et différents »

JÉRÔME NOTIN

Il est aussi possible qu’il perde l’appétit, que ses résultats scolaires baissent, ou qu’il passe beaucoup de temps sur son smartphone. Le jeune harcelé aura également tendance à culpabiliser. Mais les parents doivent bien lui expliquer qu’il n’est nullement responsable de cette situation. Et que le dialogue est bien sûr ouvert pour l’accompagner.

Pour préserver les enfants, « il faut au maximum les protéger de l’accès à Internet, leur apprendre à utiliser des mots de passe robustes et différents, et à ne jamais les partager avec leurs camarades », conseille Jérôme Notin, directeur général de cybermalveillance.gouv.fr

Sécuriser l’espace numérique des enfants et adolescents

Le but n’est pas de couper les jeunes du monde digital, mais de sécuriser leur espace numérique autant que possible, par exemple en utilisant des applications de contrôle. On peut aussi effectuer des captures d’écran pour garder des traces et faire un signalement sur toutes les plateformes.

En cas d’urgence, n’hésitez pas à contacter le 17 (la police) ou le 3018, le numéro gratuit et confidentiel de l’association e.Enfance pour lutter contre les violences en ligne. Ce service est désormais accessible de 9 heures à 23 heures, 365 jours par an. La plateforme Thesee donne, en outre, la possibilité de déposer plainte en ligne en cas d’escroquerie sur Internet et de chantage en ligne.

« 14 % des enfants sont touchés en primaire et 21 % au collège »

JUSTINE ATLAN

Enfin, sachez que les contenus pédopornographiques peuvent faire l’objet d’un signalement sur la plateforme Pharos (portail officiel de signalement des contenus illicites de l’Internet). Ce n’est pas tout : en France, une résolution a été adoptée le 20 mars dernier par le Sénat suite à un règlement européen, afin de mieux protéger les victimes. Autre bonne nouvelle : d’ici la fin de l’année 2023, le contrôle parental sera installé d’office sur toutes les tablettes et tous les smartphones neufs.

Le cyberharcèlement est puni par la loi

Depuis 2014, la loi indique que le cyberharcèlement est une circonstance aggravante du harcèlement moral. C’est un délit, sanctionné par l’article 222-33-2-2 du Code pénal. La peine dépend de l’âge de l’auteur et de la victime, ainsi que du type de harcèlement. Si le harceleur est majeur et que la victime a plus de 15 ans, il encourt deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.

Si la victime a moins de 15 ans, la peine maximale est de trois années de prison et de 45 000 euros d’amende. Dans le cas où l’auteur serait mineur, les peines sont fixées au cas par cas. Toutefois, les parents du harceleur mineur sont considérés comme étant civilement responsables. Ils seront donc dans l’obligation d’indemniser les parents de la victime mineure.