« Sœurs d’encre » : la sororité à fleur de peau

©tatoueuse : alextatooshop, Rose tatoo, Sœurs d'encre, cancer du sein, octobre rose, DR
©tatoueuse : alextatooshop, Rose tatoo, Sœurs d'encre, cancer du sein, octobre rose, DR

« Sœurs d’Encre », une bien jolie appellation pour désigner l’association créée par Nathalie Kaïd. L’idée ? Accompagner les femmes qui désirent se faire tatouer après un cancer du sein, se réapproprier leur corps et dessiner une nouvelle page de leur histoire personnelle après la maladie. 

Elle a installé ses encres et son salon de tatouage à la Maison rose à Paris, lieu d’accueil pour les femmes qui ont eu un cancer du sein. Nathalie Kaïd, photographe bordelaise, offre, dans le cadre d’Octobre rose, une séance de tatouage aux femmes qui veulent franchir le pas. C’est l’opération « Rose tatoo » organisée par l’association Sœurs d’encre.

Surnommé « salle de sport », l’espace réservé aux femmes est accueillant, chaleureux et l’ambiance est laborieuse. Des tatoueuses professionnelles et bénévoles sont aux petits soins pour les volontaires. L’atmosphère est joyeuse, on choisit son tatouage, on discute, on donne son avis, on prend son temps. Toutes ces femmes passées par la case « cancer » et dont ces séances sont une première, s’offrent un moment hors du temps. Elles oublient leur passé douloureux, et leur histoire personnelle se réécrit sous une plume bienveillante. Souvent, elles optent pour des tatouages de végétaux, de fleurs aux couleurs vives, symboles de renaissance, de rappel à la vie.

« Je voulais tourner la page mais je ne savais pas vraiment comment. Je n’aimais pas mon corps tel que la maladie me l’avait rendu. Le tatouage m’a permis d’entrevoir qu’une autre relation à lui était possible », explique une femme qui a franchi le pas.

Tatoueuse, oncologues : même combat

Tatouer des peaux qui ont subi des rayons ou des traitement médicaux particuliers, nécessite un accompagnement spécifique.

« J’ai voulu associer médecins, chirurgiens oncologues, radiologues et dermatologues pour répondre aux questions des femmes après la maladie », explique Nathalie Kaïd. Les professionnels de santé peuvent orienter, donner un diagnostic et conseiller les femmes pour leur permettre d’aller au bout de leur démarche.

« Le tatouage permet indéniablement à ces dernières de reprendre le contrôle de leur corps, de maîtriser cette partie du corps qui leur échappe. Le tatouage apporte une amélioration de l’image corporelle chez les patientes et une augmentation de la confiance en soi, et pour certaines une vraie alternative à la reconstruction chirurgicale. », explique le Dr Nicolas Kluger partenaire de l’association.

Car, « Après leur opération, beaucoup de ces femmes continuent de souffrir, confie Nathalie Kaïd. Certaines ne veulent même plus se regarder dans un miroir, c’est difficile pour elles, et difficile dans leur couple. Le tatouage peut s’avérer salvateur, certaines m’ont dit qu’il les avait amenées au bout de leur guérison, mais ce n’est pas pour autant évident de franchir les portes d’un salon. D’où l’idée de l’opération Rose Tatoo ».

Des professionnelles formées

Au sein de l’association Sœurs d’encre, les tatoueuses sont spécialement formées pour intervenir auprès des femmes ayant subi des opérations chirurgicales, formations délivrées par des médecins spécialisés dans la chirurgie du sein. Le but est qu’elles connaissent les cicatrices et les tissus qui ont été touchés lors de l’opération.

L’opération Rose Tatoo se déroule aussi à Bordeaux, renseignements.

A découvrir le livre de Nathalie Kaïd « S’aimer tatouée », préfacé par le sociologue Philippe Liotard. Le site de l’ouvrage.