De plus en plus de mineurs dans les centres de Médecins du Monde

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En 2018, Médecins du Monde (MdM) compte 62 programmes dans plus d’une trentaine de villes auprès des personnes en situation de grande précarité. L’objectif est de promouvoir ou faciliter leur accès aux droits et aux soins. Les équipes constatent au quotidien les difficultés auxquelles sont confrontées ces populations et s’attachent à faire valoir leurs droits.

En 2018, 24 072 personnes ont été accueillies dans les Centres de l’association. Dans 64,2 % des cas des hommes, il s’agit d’une population relativement jeune (47 % des personnes ont entre 18 et 34 ans) et en très grande majorité de nationalité étrangère (97,3 %). 147 nationalités sont représentées. Ils sont principalement originaires d’Afrique subsaharienne (49,8 %), du Maghreb (23,5 %) et de l’Union européenne (10,2 %). 3 342 demandeurs d’asile ont été reçus, soit 14,1 %. Plus de la moitié des demandeurs d’asile sont originaires d’Afrique subsaharienne et près d’un quart d’Europe (hors UE). En théorie, ils doivent pouvoir bénéficier de l’assurance maladie et ce, sans durée préalable de séjour. Cependant l’accès aux droits demeure compliqué et les demandeurs d’asile rencontrent de nombreux freins comme la complexité des démarches administratives, la barrière linguistique ou encore la méconnaissance des droits et des structures de soins : ainsi seuls 18 % des demandeurs d’asile ont des droits ouverts lorsqu’ils sont reçus pour la première fois.

La part des mineurs a augmenté.

En 2018, 3 564 mineurs ont été accueillis soit 14,8 %. Plus de deux tiers (71,3 %) des mineurs reçus sont des garçons et l’âge moyen des mineurs s’élève à 10,9 ans. Ils sont principalement originaires d’Afrique subsaharienne (54,5 %), notamment de Guinée (17,7 %) et de Côte d’Ivoire (13,7 %). La plupart d’entre eux se trouvent en situation d’errance et de grande précarité sans pouvoir accéder aux mesures de protection dont ils doivent bénéficier en France. Leurs conditions de vie sont très difficiles : 31 % sont sans domicile fixe et 8 % vivent dans un squat ou dans un bidonville. Tous les mineurs présents en France peuvent théoriquement disposer d’une couverture maladie (AME ou PUMa) sans condition de durée de séjour. Cependant, en pratique, seulement 7,2 % des mineurs sont couverts.

Les français précaires en zone rurale

Dans les zones rurales, les premières personnes impactées par la diminution de l’offre de services publics mais aussi la dématérialisation des procédures administratives sont les plus précaires ; ceux qui bien souvent n’ont pas les moyens de se déplacer pour des raisons économiques, professionnelles ou matérielles. En 2018, par le biais d’une démarche de médiation en santé, 374 personnes ont été prises en charge, 178 dans les Combrailles et 196 dans la Haute vallée de l’Aude. La majorité des personnes rencontrées ont plus de 50 ans, sont de nationalité française et sans activité professionnelle. Dans les Combrailles, plus d’une personne sur deux est en situation de très grande précarité.

Des difficultés d’accès aux droits.

La Protection universelle maladie (PUMa) en vigueur depuis le 1er janvier 2016 a remplacé la CMU de base. La réforme de 2016 a maintenu, à côté d’un droit à l’assurance maladie pour tous, un dispositif d’Aide médicale de l’État (AME) réservé aux seuls étrangers démunis et en situation irrégulière. L’association demande une simplification de l’accès aux droits et aux soins pour tous :

«La fusion de l’AME dans la PUMA serait une mesure de santé publique majeure qui améliorerait la prévention et la promotion de la santé et constituerait une réforme pragmatique sur le plan économique, en permettant un accès aux soins précoce et donc moins coûteux».