Santé : encore trop de discriminations

Dossier Discriminations en santé,©Colpanopa
Dossier Discriminations en santé,©Colpanopa
« Aucune personne ne peut faire l’objet de discriminations dans l’accès à la prévention ou aux soins. Un·e professionnel·le de santé ne peut refuser de soigner », lit-on dans le Code de la santé publique. Cependant, les stéréotypes, clichés et représentations conscientesou inconscientes persistent. Par exemple, nous vivons « dans une société où, selon que l’on est femme ou homme, on sera plus ou moins bien soigné », analyse Catherine Vidal, neurobiologiste. Cette constatation vaut aussi pour les personnes obèses, précaires, handicapées… Les discriminations de tous ordres, et qui peuvent se cumuler, conduisent celles et ceux qui en sont victimes à retarder des soins, voire à y renoncer. Sans prévention et sans suivi, leur santé se dégrade. Plusieurs études le prouvent, dans le monde et en France, et la pandémie de Covid-19 n’a fait qu’accentuer les choses. Chacun d’entre nous a le droit d’être bien soigné, quels que soient son genre, son poids, sa couleur de peau, son handicap, son origine, son orientation sexuelle ou son milieu social. De nombreuses voix s’élèvent, et notamment dans le mouvement mutualiste, pour faire en sorte que nous recevions tous les soins dont nous avons besoin, sans discrimination. 49 % DES MOTIFS DE REFUS DE SOINS sont liés au tiers payant. Rapport d’activité 2020 de la médiation, Cnam. Les femmes, l’angle mort de la santé ? Les femmes ont longtemps été considérées uniquement du point de vue de leur appareil reproducteur. On a oublié, et elles aussi, qu’elles avaient un cœur, des artères, des poumons… Résultat ? Aujourd’hui encore, elles sont traitées de façon inégalitaire, ce qui va jusqu’à mettre leur vie en danger. Prenons les maladies cardiovasculaires, par exemple. Elles sont, en France, la première cause de mortalité chez les femmes. Mais « leurs symptômes sont méconnus, voire ignorés. Elles sont donc moins bien diagnostiquées et moins vite soignées », s’insurge la cardiologue Claire Mounier-Vehier. Pourquoi ? « Nous avons des préjugés ! Quand un homme se sent oppressé, on lui propose un électrocardiogramme. Quand c’est une femme, on lui prescrit des anxiolytiques. » Une perte de chances considérable pour elle. Quid des médicaments ? Est-ce un hasard si la plupart des scandales sanitaires liés à des médicaments (Mediator, Androcur…) concernent les femmes ? Rappelons que les essais cliniques sont en majorité réalisés sur les hommes (lire aussi notre encadré). Même la douleur n’est pas appréhendée de la même façon. Si l’on s’en réfère à la littérature scientifique, « un corps de femme va de pair avec des souffrances, des petits maux ou des grandes douleurs », explique Muriel Salle, historienne, et co-autrice du livre Femmes et santé, encore une affaire d’hommes (éd. Belin, 2017, 6,50 €). Une souffrance « normale » L’exemple des douleurs de règles est emblématique. Pour certains médecins, il serait normal que les femmes souffrent. « J’avais beau expliquer que j’avais vraiment très mal pendant mes règles, j’ai dû attendre sept ans avant que l’on me diagnostique une endométriose », explique Mélanie, 30 ans. De façon générale, la prise

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